Plus de 3450 enfants tués et un millier de disparus : L’enfance assassinée à Ghaza !

02/11/2023 mis à jour: 11:03
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A Ghaza, près de 50 000 femmes enceintes sont pratiquement privées de soins

Le porte-parole du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) ne trouve plus de mots assez forts pour décrire le crime dont sont victimes les enfants de Ghaza. Lors d’une conférence de presse tenue avant-hier à Genève, James Elder a indiqué que l’enclave palestinienne est simplement devenue un vaste «cimetière pour enfants» depuis le début des raids aériens et bombardement israéliens.

 L’agence onusienne, recoupant les éléments d’information fournis par ses personnels en place et par le réseau d’ONG encore en activité malgré l’enfer de la guerre, avance le chiffre terrible de 3450 enfants tués depuis le 8 octobre dernier. Soit près de la moitié du nombre global des victimes palestiniennes dénombrées dans l’enclave depuis le début de la guerre. 

A ce bilan horrifiant, il faudra ajouter le millier d’enfants déclarés disparus et dont les corps sont fort probablement prisonniers des tonnes de décombres des immeubles détruits et non encore dégagés. Une des images emblématique des massacres en cours, celle répétitive d’enfants ensanglantés, portés par des parents affolés ou des secouristes, à la recherche éperdue de soins d’urgence. 

La moitié des 2,2 millions de personnes qui s’entassent dans l’étroite Bande de Ghaza, un des territoires les plus surpeuplés du monde (près de 7000 habitants au km2), est constitué d’enfants et d’adolescents. Plus 40% des Ghazaouis, bombardés sans distinction depuis bientôt un mois par la puissante armée israélienne, ont moins de 14 ans, selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires aux Nations unies (OCHA). 

Des enfants qui n’ont rien connu d’autre que les privations du blocus israélien, qui prévaut depuis 16 ans sur l’enclave. Ces données démographiques rendent encore plus abjecte le caractère criminel de l’action de la machine de guerre israélienne, puisque sa puissance de feu est consciemment dirigée contre un «ennemi» dont les «troupes» sont constituées à 50% d’enfants. 

 

Un millier d’enfants encore sous les décombres 

Sur un autre plan, près de 50 000 femmes enceintes sont pratiquement privées de soins et de suivi dans la Bande, selon des estimations des instances de l’ONU, et des échos font état du recours à des césariennes à vif, par manque d’anesthésiants, alors que la mortalité maternelle et néonatale y est en explosion. Mais les enfants ne meurent pas seulement des bombardements à Ghaza. L’exposé de James Elder évoque les conditions de survie de cette fragile frange de la population. De nombreux enfants, notamment les nourrissons, y meurent de déshydratation et la menace ne cesse de s’étendre pour concerner un plus grand nombre de la jeune population. La capacité de production et de distribution d’eau dans le territoire est dramatiquement descendue à 5% des capacités habituelles, explique le porte-parole de l’Unicef. 

Citant des témoignages sur place, dont celui d’une collègue autochtone, il relate que les parents passent désormais leur temps à trouver de quoi tromper la soif de leurs enfants. Le siège primitif qu’impose l’armée israélienne à la Bande de Ghaza depuis plus de trois semaines comprend également une coupure intégrale de l’eau et de l’électricité sur le territoire et sa population. Des mesures pourtant cataloguées comme «crimes de guerre» dans le droit international.

Sous blocus contraignant depuis près de 16 ans, l’enclave palestinienne a vu donc son calvaire se radicaliser depuis le début de cette «punition collective» que lui inflige l’occupant israélien. Les installations hydrauliques sur place, œuvres des réseaux humanitaires et de quelques donations, sont à l’arrêt pour rupture de carburant et d’énergie électrique, quand elles ne sont pas seulement hors service à cause des tirs de roquettes et des bombardements. Les réserves alimentaires sont à leur tour en épuisement. «Les gens sont désespérés. Ils ont faim. Ils n’ont pas reçu de nourriture depuis quelques jours. La Bande de Ghaza est aux prises avec un manque d’approvisionnement de base, une pénurie de nourriture et d’eau», a alerté un porte-parole du Programme alimentaire mondial, il y a deux jours. 

Situation intenable qui peut conduire au chaos et à l’effondrement de «l’ordre public», selon une récente alerte de l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa). La même agence a fait état d’incidents inquiétants dans ce registre il y trois jours : des milliers de personnes ont pris d’assaut les entrepôts des réserves détenues par l’agence à travers plusieurs coins du territoire, pour s’emparer de ce qui s’y trouvait (farine, blé…). Tous les appels à desserrer l’étau mortel du siège sur la population n’ont permis jusqu’ici, et à partir seulement du 20 octobre dernier, qu’à faire rentrer une vingtaine de camions de vivres et de matériels médicaux. Trop peu pour soulager les conditions extrêmes dans lesquelles survivent les Palestiniens qui échappent pour l’heure à la machine de guerre. 
 

 

Profondes séquelles et traumatismes des survivants 

Avant le début des hostilités, le 7 octobre 2023, le territoire recevait une moyenne de 500 camions de denrées et divers produits, provenant de l’effort des réseaux de solidarité humanitaires. 

Derrière les effets spectaculaires et manifestes de l’œuvre de mort et de destruction que mène Tel-Aviv à Ghaza, d’autres dommages plus discrets et non moins douloureux vont se révéler avec le temps. Les souffrances de près de 21 000 blessés enregistrés jusqu’ici, dont un grand nombre gardera des séquelles handicapantes à vie, vont lourdement peser à l’avenir. Le porte-parole de l’Unicef cite, pour sa part, le prix traumatique à payer s’agissant des enfants qui survivront aux massacres. Il évoque encore sa collègue coincée avec ses deux enfants sur place et cite son témoignage en appui. L’employée de l’agence onusienne parle de sa fille, Talia, 4 ans, qui souffre de graves symptômes de stress et de peur et qui «s’automutile en s’arrachant les cheveux et en se grattant les cuisses jusqu’au sang». 

Mais la mère n’a pas le choix et se mobilise pour plus urgent, développe-t-il. «Je n’ai pas le luxe de penser à la santé mentale de mes enfants. Je me dis sans cesse : garde-les en vie. Et quand tout cela se terminera, je leur apporterai un soutien mental et des soins médicaux», professe la collègue. 

Dans son dernier bulletin consacré à la situation extrême dans la Bande de Ghaza, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) lance un véritable SOS et en appelle à «l’humanité de toutes les personnes qui ont le pouvoir de le faire afin qu’elles mettent fin au combat sans plus tarder». «Les agents de santé qui sont restés aux côtés de leurs patients voient leurs stocks diminuer. Ils n’ont nulle part où accueillir de nouveaux patients et n’ont aucun moyen d’alléger leurs souffrances. 

Chaque heure apporte son lot de blessés, mais les ambulances ne peuvent pas aller les chercher en raison de la coupure des communications. Les morgues sont pleines. Plus de la moitié des morts sont des femmes et des enfants.» 
 

 

 


Le passage de Rafah ouvert à un premier groupe de blessés et de binationaux

Le passage frontalier de Rafah, en Egypte, a été ouvert pour la première fois hier pour laisser passer près de 90 blessés palestiniens en provenance de la Bande de Ghaza. Le groupe, composé de femmes et d’enfants, devrait être pris en charge dans des unités de soins sur le territoire égyptien, selon l’AFP, citant un responsable au Caire. L’ouverture «à titre exceptionnel» du terminal frontalier permet également à près de 545 porteurs de passeports étrangers ou des Palestiniens binationaux de gagner le territoire égyptien et d’échapper à l’enfer de la guerre à Ghaza. Des ressortissants de 44 pays, engagés notamment dans les 28 agences ou ONG, forme le contingent des étrangers ou binationaux en activité dans l’enclave palestinienne. Les autorités égyptiennes scrutent le moindre détail de cette opération consentie dans le cadre de l’action humanitaire mais ne devant surtout pas ouvrir la voie à un transfert massif des populations, tel que craint et refusé par les autorités au Caire. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a salué hier l’initiative mais l’estime très insuffisante. Elle rappelle que ce sont plusieurs milliers de blessés qui ont besoin de soins, de très nombreux enfants notamment. L’organisation onusienne ajoute par ailleurs que plus de 1000 patients, atteints d’insuffisances rénales, requièrent des dialyses régulières pour survivre, alors que 2000 malades ont besoin de traiter leur cancer. 45 000 cardiaques et 60 000 diabétiques sont, par ailleurs, recensés par l’OMS à Ghaza. «Ces patients doivent pouvoir avoir un accès durable aux soins de santé», prescrit l’organisation.  M. S. et agence 

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