Plus de 14 000 morts dans les bombardements, selon le dernier bilan du ministère de la santé palestinien : Israël poursuit ses raids sur les hôpitaux de Ghaza

22/11/2023 mis à jour: 07:37
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La population à Ghaza souffre de l’absence des commodités les plus élémentaires

Pour la seule journée d’hier, plus de 80 civils palestiniens ont été tués dans des bombardements de l’armée israélienne concentrés sur le nord de la Bande de Ghaza, a rapporté l’agence palestinienne Wafa. 

Des sources médicales ont indiqué que 80 morts et des dizaines de blessés ont été admis, dans la matinée, à l’hôpital Kamal Adwan, après une série de raids menés contre des zones d’habitation de l’enclave palestinienne, entravant, de fait, l’acheminement de fournitures médicales et de carburant indispensable au bon fonctionnement des installations de santé. 

La veille, vers minuit, environ 100 blessés et patients ont été évacués de l’Hôpital indonésien vers celui de Nasser de Khan Younès, sous le contrôle du Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Les opérations d’évacuation ont été menées suite aux bombardements délibérés de l’Hôpital indonésien par l’occupant israélien, lesquels ont fait au moins 12 morts, a ajouté Wafa, citant des sources médicales. «Il reste encore 500 patients à l’hôpital et nous travaillons avec le CICR à les évacuer vers l’hôpital Nasser de Khan Younès», dans le sud de la Bande de Ghaza, ont ajouté ces sources. 

Au camp de Nuseirat, dans le centre de Ghaza, 17 Palestiniens ont trouvé la mort, dont des enfants et des femmes, hier peu après minuit, dans des bombardements qui ont ciblé une habitation, d’après le correspondant de Wafa. Celui-ci a ajouté que deux journalistes ont été tués dans des attentats à la bombe au centre de Ghaza et à Beit Lahia, dans le Nord.

Il s’agit d’Alaa Taher Al Hasanat et d’Ayat Khadura, dont la vidéo postée sur Telegram, quelques instants avant sa mort, a profondément ému les internautes. Aussi, des raids israéliens ont pris pour cible hier en fin d’après-midi une école dans le camp de réfugiés d’Al Bureij. Les victimes de cette attaque aveugle et meurtrière ont été transportées à l’hôpital Shuhada Al Aqsa de Deir Al Balah, selon l’agence palestinienne. 

En outre, l’aviation israélienne a bombardé deux maisons dans le camp de réfugiés d’Al Nuseirat, faisant 6 morts. Trois autres maisons ont été pilonnées à Khan Younès, dans le sud de Ghaza, alors que 19 Palestiniens sont décédés dans le pilonnage d’une maison de la famille d’Al Batsh, dans l’est de Ghaza. Au quartier d’Al Darala, trois maisons ont été bombardées et 15 Palestiniens tués par l’occupant, cinq autres assassinés au quartier d’Al Shagaya, selon Wafa. 

Le ministère de la Santé palestinien a annoncé hier que 14 128 Palestiniens avaient été tués dans les bombardements israéliens sur la Bande de Ghaza depuis le 7 octobre. Parmi les morts recensés à ce jour, figurent 5840 enfants et 3920 femmes. Sur un autre plan, les «tirs amis» sur le terrain des opérations à Ghaza, signalés lundi par le porte-parole de l’armée israélienne, et qui ont fait plusieurs morts parmi les soldats israéliens, continuent de soulever des interrogations au sein de l’opinion israélienne. Ces «tirs amis» se sont produits suite à une opération des Brigades Al Qassam révélée lors d’un discours du porte-parole de la branche armée du Hamas, Abou Obeida. 

 

«Protocole Hannibal»

«L’armée d’occupation israélienne a activé le ‘‘Protocole Hannibal’’ (dimanche) à Ghaza», selon la version francophone du site Ghaza News. «Nous estimons que l’ennemi a bombardé ses propres troupes sur le terrain, pensant qu’elles avaient été capturées lors de cette opération», a déclaré Abou Obeida au site proche du Hamas. Le «Protocole Hannibal» est un ordre secret de l’armée israélienne dont l’objectif premier est d’éviter par tous les moyens que l’un de ses soldats ne soit fait captif par la résistance palestinienne, quitte à le blesser, voire le tuer dans l’opération. 

Pour l’armée d’occupation, il est en effet préférable d’avoir un soldat mort plutôt qu’un soldat captif ; une posture que continue d’adopter le cabinet de guerre conduit par Benyamin Netanyahu s’agissant du dossier des otages détenus par les Brigades Al Qassam, allant à contre-sens des doléances pressantes des proches de ces otages. 

Il y a lieu de savoir que l’Hôpital indonésien et l’hôpital Al Ahli Arabi ont, de nouveau, demandé l’aide de l’Organisation mondiale de la santé pour faciliter les évacuations, a indiqué hier un porte-parole de l’Organisation, Christian Lindmeier. L’OMS élabore, selon lui, un plan pour évacuer 200 patients et 50 personnels de santé se trouvant encore dans l’hôpital Al Shifa, d’où 31 bébés prématurés ont pu être évacués ces derniers jours. Les organisations humanitaires alertent, en outre, sur les effets dévastateurs du manque de carburant qui permet d’acheminer l’aide dans la Bande de Ghaza et de faire fonctionner les générateurs dans les hôpitaux ainsi que pour les systèmes d’assainissement. «Moins de la moitié des hôpitaux et des cliniques sont en mesure de fonctionner», a indiqué M. Lindmeier. 

«Environ 160 enfants sont tués chaque jour, soit un toutes les 10 minutes», et toutes les 10 minutes deux autres enfants sont blessés, selon l’OMS. Des milliers de patients sont en danger dans la Bande de Ghaza, dont plus de 2000 personnes atteintes de cancer, 50 000 souffrant de maladies cardiovasculaires et plus de 60 000 diabétiques. Environ 180 bébés naissent par ailleurs chaque jour, la plupart sans que leur mère puisse bénéficier d’une assistance, a révélé l’OMS.

 

 

 

Collectif d’avocats constitué par Me Devers : Un mandat d’arrêt contre Netanyahu réclamé pour crime de génocide

Des centaines d’avocats, d’associations, de syndicats et d’ONG, organisés autour de Me Gilles Devers, avocat français et fervent défenseur des droits palestiniens, ont requis de la Cour pénale internationale (CPI) la délivrance d’un mandat d’arrêt international à l’encontre de Benyamin Netanyahu pour crime de génocide. «Selon le statut, et vu l’urgence de la situation, les plaignants demandent au procureur de saisir la chambre préliminaire aux fins que soient délivrés des mandats d’arrêt à l’encontre de Benyamin Netanyahu et de toute autre personne selon l’évolution de l’enquête», lit-on dans la plainte datée du 20 novembre et déposée au nom du collectif de défense, lequel a élu domicile au cabinet de Me Devers, à Lyon. Le collectif a estimé que, sur la base de nombreux éléments, les témoins signataires de la plainte entendent souligner l’impérieuse nécessité d’associer les victimes palestiniennes dès la toute première phase de l’enquête. Et de souligner le fait que la puissance occupante (Israël), qui se construit sur la violation du droit, ne laissera jamais les équipes de la CPI se rendre sur place, et bien entendu, «il est hors de question que les droits des victimes dans l’accès à la justice soit bloqué ou limité», note le collectif. Aussi, le principal travail à mettre en œuvre est l’audition des victimes qui peut être assurée sur place et sous le contrôle direct des équipes de la CPI via les procédés de communication, a suggère le collectif constitué de 602 avocats. Un collectif qui a indiqué que les premières auditions sont «attendues au plus tôt». 

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