La décision des autorités françaises de reconnaitre le «plan d’autonomie» marocain pour le Sahara occidental continue de susciter colère et réprobation aussi bien en Algérie qu’à l’étranger.
Le Conseil de la nation a qualifié hier la décision de «dérive grave et à l’issue improbable», a indiqué un communiqué de la Chambre haute du parlement. L’instance dirigée par Salah Goudjil a exprimé, suite à cette décision, sa «profonde préoccupation», estimant qu’elle relève d’«une erreur d’appréciation» de la part des autorités françaises. «La décision relève d’une erreur d’appréciation et d’une faillite au plan de la gestion d’un conflit déjà aux mains des instances onusiennes», a ajouté le communiqué. «Cela constitue une forme d’assassinat moral des efforts consentis par l’ONU qui considère la cause sahraouie comme une question de décolonisation». Le collectif pour la coordination des associations sahraouies en France a, lui aussi, dénoncé la décision du gouvernement français de soutenir le plan marocain, en la qualifiant d’«erreur politique, économique et diplomatique» dont les conséquences seraient «nuisibles» pour la région et pour l’Europe.
«Si cela devait se confirmer, ce serait une erreur politique, économique et diplomatique, dont les conséquences seraient nuisibles pour la région et, par conséquent, pour le plus proche voisin, l’Europe», a averti hier le collectif dans un communiqué. Si cette décision du gouvernement «sortant» se confirmait, a-t-il poursuivi, «cela signifierait que le pays des droits de l’homme, membre permanent du Conseil de sécurité, foulerait aux pieds le droit international et les résolutions qu’il est censé défendre».
«Brigandage»
Dénonçant un «brigandage», les Sahraouis de France ont tenu à rappeler que le Maroc «occupe illégalement selon la résolution de l’ONU de 1979, une majeure partie du Sahara occidental, depuis son invasion en 1976». Ils ont souligné que le statut juridique du Sahara occidental «ne souffre d’aucune contestation en tant que territoire non autonome en attente de décolonisation, et par conséquent, seul le peuple sahraoui peut décider de son avenir». Des associations espagnole et britannique de soutien au peuple sahraoui se sont jointes, pour leur part, aux organisations qui dénoncent l’alignement du gouvernement français sur les thèses marocaines.
Le président du Mouvement espagnol de solidarité avec le peuple sahraoui, Carmelo Ramirez, a qualifié hier le soutien apporté par la France au dit plan d’autonomie proposé par le Maroc de «violation flagrante de la légalité internationale» et d’«atteinte aux droits légitimes du peuple sahraoui à l’indépendance et à la liberté reconnus internationalement depuis 1973». M. Ramirez a fait remarquer, à ce titre, que «depuis les années 1970, la France n’a jamais cessé d’apporter un soutien politique et militaire au Maroc, l’aidant, ainsi, à renforcer son occupation du Sahara occidental». De son côté, la présidente de l’association britannique de défense des droits du peuple sahraoui, «SandBlast», Danielle Smith, a dénoncé la décision de la France de soutenir le plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental, affirmant que cette décision «sapera» les efforts de l’ONU visant à organiser un référendum d’autodétermination au Sahara occidental.
«Cette récente décision sapera les efforts de l’ONU en vue d’organiser un référendum d’autodétermination au Sahara occidental qui a déjà coûté plus d’un demi-milliard de dollars», a-t-elle déclaré. Se disant «pas étonnée» par le soutien apporté par la France au plan d’autonomie défendu par le Maroc pour le Sahara occidental, Danielle Smith estime que ce soutien est «cohérent» avec la position «négative» de la France vis-à-vis de l’exercice par le peuple sahraoui de son droit à l’autodétermination. «Il révèle (le soutien de la France, ndlr), une fois de plus, le double standard hypocrite des grandes puissances occidentales qui soutiennent les droits de certains et les renient pour d’autres», a-t-elle affirmé.