La canicule qui sévit dans la wilaya de Constantine depuis le début du mois de juillet a exacerbé les tensions, alors que des perturbations dans l’alimentation en eau potable ont plongé les citoyens dans la colère.
Cette situation remonte déjà à l’Aïd El Adha et dure jusqu’à présent. De nombreux habitants se sont retrouvés privés d’eau potable à cause de ce qu’ils qualifient de «mauvais programme de distribution d’eau» adopté durant l’été par la Société de l’eau et de l’assainissement de la wilaya de Constantine (Seaco).
Ce programme d’alimentation, qui n’arrange pas une grande partie des citoyens, a entraîné d’importantes difficultés au quotidien. Les conséquences de cette situation, signalées un peu partout dans la wilaya, ont été particulièrement préoccupantes. «Nous souffrons à Ali Mendjeli, le programme de distribution est pénalisant. Nous sommes alimentés en eau potable pendant seulement deux heures par jour.
Ce qui ne nous suffit même pas ni pour remplir les jerricans, pour laver le linge, pour prendre une douche durant cette canicule, faire les toilettes pour mes enfants et autres. Sachant que la distribution se fait quand personne n’est à la maison ; nous travaillons mon mari et moi et les enfants sont chez la nourrice.
On s’est retrouvé sans eau pendant plusieurs jours, car on consomme la réserve», nous a révélé une mère de famille habitant l’UV06 à Ali Mendjeli. Un autre résident de la cité Sakiet Sidi Youcef (ex-La Bum), dans la ville de Constantine, pointe du doigt cette alimentation qualifiée d’anarchique. «Je passe ma journée à surveiller le robinet. Parfois nous sommes alimentés le jour, parfois en début de soirée et même à minuit. Avant l’Aïd El Adha, c’était plus organisé», fulmine notre interlocuteur.
Ce phénomène a été observé dans plusieurs secteurs, par exemple l’UV 02, l’UV 18 à Ali Mendjeli et à la cité 1100 Logements à Zouaghi Slimane et le centre-ville de Constantine. De nombreux habitants de la vieille ville confirment ces perturbations devenues récurrentes. Les résidents ont dû faire face à des difficultés pour se procurer de l’eau potable pour leur consommation quotidienne avec cette canicule et les besoins domestiques. La colère des citoyens s’est rapidement manifestée, exigeant aux autorités locales des solutions rapides à ce problème. Les réseaux sociaux ont également été inondés de messages de frustration et de demandes d’actions immédiates.
Certains avaient même fait des propositions pour un nouveau programme. «Les habitants de 1100 logements à Zouaghi exigent ce programme: l’alimentation se fait la matinée chaque jour entre 6h et midi. Et le soir entre 18h et minuit. C’est l’horaire idéal pour ceux qui se trouvent à la maison durant la journée et pour les travailleurs qui rentrent le soir. Ce programme permettra de subvenir aux besoins de tout le monde», a commenté un homme sur la page Facebook de la Seaco.
La Seaco renvoie la balle à la Sonelgaz
Mais quelle est la réponse de la Seaco sur ces perturbations qui ont duré plus de 20 jours ? Contacté par El Watan, Abderrezak Berroual, directeur chargé de l’exploitation et des travaux dans cette entreprise a expliqué que ces perturbations concernent uniquement 30% de la population. Cela est dû, selon ses dires, à la canicule qui a provoqué des coupures d’électricité récurrentes. «Il s’agit précisément des régions alimentées à partir de station principale de pompage(SP3).
Cette station alimente Ali Mendjeli, El Khroub et la partie nord de Constantine. Les coupures d’électricité ont provoqué l’arrêt de la station de pompage», a-t-il expliqué. Et de préciser : «Vous savez qu’une partie est alimentée à partir du barrage de Beni Haroun à travers la station de traitement de Sidi Khelifa ; cette dernière alimente El Gammas, Djebel El Ouahch, Oued El Had, Ziadia, Sakiet Sidi Youcef et autres. La même station de Sidi Khelifa alimente Zouaghi Slimane et les Quatre chemins à Ali Mendjeli.» Notre interlocuteur a rappelé que les perturbations ont eu lieu depuis les jours de l’Aïd à cause du pic de consommation enregistré.
Ce pic a atteint 10 à 15 fois la consommation ordinaire. Concernant l’actuel programme de distribution pour cet été, il ajoute : «Je vous cite un exemple d’un ilot à l’UV 06 à Ali Mendjeli, les maisons sont alimentées à partir d’un réservoir. Après la suspension de l’électricité, la pompe s’arrête systématiquement causant l’arrêt du remplissage du réservoir.
On ne peut pas alimenter la population avec un réservoir vide ou même à moitié vide. Donc il s’agit d’un décalage d’horaire de distribution.» Les autorités sont appelées à prendre des mesures concrètes pour améliorer la résilience des différentes infrastructures qui ont révélé leur vulnérabilité aux conditions climatiques extrêmes, afin de garantir un approvisionnement en énergie et systématiquement en eau durant la période de grandes chaleurs.