Péninsule coréenne : Séoul et Washington révisent leur stratégie contre la Corée du Nord

14/11/2023 mis à jour: 03:30
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Lloyd Austin, secrétaire américain à la Défense (à gauche), et Shin Won-sik, ministre sud-coréen de la Défense, le 13 novembre à Séoul - AP/SIPA

Le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, et son homologue sud-coréen, Shin Won-sik, ont révisé, hier, lors de la réunion consultative sur la sécurité à Séoul, la Stratégie de dissuasion sur mesure (TDS), rapporte l’AFP citant un communiqué commun : un accord sur les stratégies de dissuasion conjointes pour contrer les armes nucléaires nord-coréennes, entre autres. 

Adopté pour la première fois en 2013, les alliés s’efforçaient d’actualiser le document afin de mieux refléter l’évolution rapide des menaces nucléaires et balistiques de Pyongyang, selon l’agence de presse Yonhap. Cette année, Séoul et Washington ont organisé des exercices militaires conjoints impliquant des avions furtifs ultramodernes et des moyens stratégiques américains. 

Selon le ministre sud-coréen de la Défense, Shin Won-sik, «(…) si la Corée du Nord provoque la guerre, c’est le régime de Kim Jong-un qui sera éliminé, et c’est une unification basée sur l’ordre démocratique libéral dirigé par la République de Corée qui sera instaurée».

Séoul et Washington ont intensifié leur coopération en matière de défense face à une série d’essais d’armes par Pyongyang cette année. Le gouvernement sud-coréen du président Yoon Suk-yeol a également déployé des efforts pour améliorer les liens historiquement tendus avec le Japon, l’ancienne puissance coloniale. Le rapprochement de la Corée du Nord avec la Russie, avec le risque de voir Pyongyang aider Moscou dans sa guerre en Ukraine, en échange de technologies spatiales, préoccupe Séoul et Washington. Moscou et Pyongyang sont soumis à des sanctions internationales : Moscou pour son intervention en Ukraine et Pyongyang pour ses programmes d’armes nucléaires et de missiles. 

La menace nord-coréenne apparaît croissante depuis le voyage, en septembre dernier, en Extrême-Orient russe du dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, qui y a rencontré le président russe, Vladimir Poutine. Cette rencontre a été suivie de plusieurs livraisons d’armement, selon Séoul, qui estime que la Corée du Nord a fourni un million d’obus à la Russie pour sa guerre en Ukraine, en échange de savoir-faire en matière de technologies spatiales. Moscou a jugé ces affirmations «sans preuves».
 

«Comportement dangereux»

Depuis un an, la Corée du Nord a procédé à un nombre record d’essais de missiles et d’autres armes, en dépit des sanctions internationales. Elle a également déclaré «irréversible» son statut de puissance nucléaire. En parallèle, Pyongyang cherche à mettre en orbite un satellite militaire espion, mais deux tentatives en ce sens ont échoué cette année. Séoul estime que la troisième tentative, actuellement en préparation, pourrait réussir grâce à l’aide de Moscou. 

En octobre dernier, un bombardier américain B-52, capable de transporter des bombes atomiques, a effectué une rare mission en Corée du Sud, moins d’une semaine après la visite dans un port sud-coréen du porte-avions à propulsion nucléaire USS Ronald Reagan. 

En visite à Séoul, jeudi, le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a dénoncé les liens militaires «croissants et dangereux» entre Pyongyang et Moscou. «Nous partageons de 
profondes inquiétudes concernant la coopération militaire croissante et dangereuse de la Corée du Nord avec la Russie», a déclaré le chef de la diplomatie américaine lors d’une conférence de presse avec son homologue sud-coréen, Park Jin, en clôture de sa visite. Il a également appelé la Chine à utiliser son influence pour prévenir tout «comportement dangereux» de Pyongyang, tels que ses essais de missiles interdits. Lors de leur sommet tripartite tenu en août dernier à Camp David, à Washington, les Etats-Unis, la Corée du Sud et le Japon ont appelé une nouvelle fois Pyongyang à «abandonner son programme nucléaire et de missiles balistiques». Ils comptent aussi mettre en place un programme d’exercices militaires conjoints sur plusieurs années. Début 2023, Washington a déjà accusé Pyongyang d’avoir cédé des obus d’artillerie à Moscou, en vue d’en armer le groupe paramilitaire Wagner, alors déployé à Bakhmout. 

Mi-août, la Russie et la Corée du Nord ont prôné une coopération accrue, notamment dans le domaine de la défense. Le 4 septembre, la porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche, Adrienne Watson, a déclaré que «des négociations sur la fourniture d’armes entre la Russie et la Corée du Nord progressent activement». 

A la même période, Washington a assuré que Pyongyang, malgré ses démentis, a fourni des roquettes d’infanterie et des missiles à la Russie en 2022, destinés au groupe paramilitaire privé Wagner. En juillet 2022, la Corée du Nord a reconnu comme Etats indépendants les Républiques de Donetsk et de Louhansk sous contrôle pro-russe. 
 

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