Les exécutions de la peine de mort repartent à la hausse dans le monde. Après une tendance baissière enregistrée durant les cinq dernières années, le nombre de personnes condamnées à la peine capitale et tuées en 2022 était très important.
«Un record», regrette l’ONG Amnesty International, qui vient de publier son rapport sur cette peine infamante dans le monde. Le document, qui donne une idée sur l’évolution du combat pour l’abolition de cette sentence dans tous les pays du monde, dont l’Algérie, effectue un zoom sur la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA), où la situation reste plus inquiétante. Trois pays de cette région, en l’occurrence l’Arabie Saoudite, l’Iran et l’Egypte, totalisent 93% des exécutions enregistrées dans le monde durant l’année précédente.
«De façon troublante, 93% des exécutions recensées dans le monde, en dehors de la Chine, ont été réalisées par seulement trois pays de cette région. Le nombre d’exécutions en Iran est passé de 314 en 2021 à 576 en 2022, il a triplé en Arabie Saoudite, passant de 65 à 196 – le plus élevé enregistré par Amnesty International en 30 ans – entre ces deux années, tandis que l’Egypte a exécuté 24 personnes en 2022», précise le rapport, qui donne le chiffre de 883 personnes exécutées dans 20 pays durant cette période, soit une hausse de 53% par rapport à 2021.
Dénonçant le «mépris cruel pour la vie humaine» dans les pays concernés, Amnesty International affirme, dans son rapport, que «le secret entourant le recours à la peine de mort empêchait toujours de l’évaluer précisément dans plusieurs pays, tels que la Chine, la Corée du Nord et le Viêt Nam – connus pour recourir massivement à la peine de mort – ce qui signifie que le total mondial est nettement plus élevé».
Le rapport déplore également la reprise des exécutions des condamnés à mort dans cinq pays, à savoir l’Afghanistan, le Koweït, le Myanmar, l’Etat de Palestine et Singapour.
Aux Etats-Unis, un des rares pays occidentaux où la peine de mort n’est pas totalement abolie (certains Etats de ce pays sont abolitionnistes et d’autres non), le nombre d’exécutions a augmenté en 2022 par rapport à l’année 2021 (de 11 à 18). Amnesty relève aussi une hausse du nombre de personnes exécutées dans des affaires liées aux stupéfiants qui «a plus que doublé entre 2021 et 2022».
Pays abolitionniste en pratique depuis 1993, qui a adopté également, le 15 décembre 2022, la résolution onusienne 77/222 appelant à l’application d’un moratoire sur les exécutions, l’Algérie maintient, en revanche, les condamnations à la peine de mort dans sa législation. Pour 2022, le rapport d’Amnesty International relève même une forte hausse du nombre de sentences prononcées par les tribunaux algériens, passant de 9 condamnations à mort en 2021 à 54 durant l’année précédente.
Selon l’organisation, malgré ce tableau sombre et inquiétant, l’espoir de voir la planète réaliser des avancées en faisant tomber cette peine dans les oubliettes de l’histoire est permis. Et pour cause, de nouveaux pays optent chaque année pour l’abandon de cette pratique inhumaine. Six l’ont déjà, entièrement ou partiellement, fait en 2022.
Il s’agit, selon le rapport, du Kazakhstan, de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, de la Sierra Leone et de la République centrafricaine, qui ont aboli la peine capitale, mais aussi la Guinée équatoriale et la Zambie qui l’ont abolie uniquement pour les crimes de droit commun. «D’autres pays, comme le Liberia et le Ghana, ont pris des mesures législatives pour abolir la peine de mort. Au Sri Lanka et aux Maldives, les autorités ont annoncé qu’elles n’appliqueraient plus les condamnations à mort. En Malaisie, le Parlement a présenté des propositions de loi en vue de l’abolition de la peine de mort», relève le rapport.