Patrimoine documentaire de l’Unesco : Beyrouth souhaite inscrire les archives de Télé-Liban

03/01/2024 mis à jour: 04:04
AFP
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Un employé sort une cassette d’une étagère du département des archives de Télé Liban à Beyrouth

Si Télé-Liban a été lancée en 1959, elle dispose de «bandes-vidéo datant de la Seconde Guerre mondiale et des années 1940».

Le Liban prévoit de demander l’inscription en 2024 au patrimoine documentaire de l’Unesco des archives de Télé-Liban, chaîne publique qui incarne la mémoire collective du pays et l’une des plus anciennes du monde arabe. Nous cherchons à enregistrer les archives de Télé-Liban, car c’est la première télévision du monde arabe», a déclaré à l’AFP le ministre de l’Information, Ziad Makari.

«Nous possédons les archives visuelles et sonores les plus anciennes du monde arabe», a-t-il ajouté. La chaîne a vécu un âge d’or dans les années 1960 et 1970, avant de devenir le témoin des divisions confessionnelles qui ont déchiré le pays durant la guerre civile (1975-1990).

Les animateurs vedettes des programmes de divertissement de la chaîne restent ancrés dans la mémoire des Libanais nostalgiques d’une époque révolue. Si Télé-Liban a été lancée en 1959, elle dispose de «bandes-vidéo datant de la Seconde Guerre mondiale et des années 1940», a souligné M. Makari.

L’Unesco a lancé un appel à candidatures pour son registre international de la Mémoire du monde, qui répertorie les éléments du patrimoine documentaire d’importance mondiale et historique, dont la date limite a été fixée au 31 janvier 2024.

Créé en 1992, ce registre vise à prévenir la perte irrévocable du patrimoine documentaire et à le rendre davantage accessible au grand public, selon le site de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco).

Pour être inscrites sur la liste, les archives doivent avoir «une valeur culturelle et historique», a expliqué M. Makari. Celles de Télé-Liban comprennent plus de 50 000 heures de bandes-son, notamment des interviews, des informations, mais aussi divers concerts d’artistes de tout le monde arabe, de la diva Oum Kalthoum à Dalida dans les années 1970.

Selon Zaven Kouyoumdjian, présentateur et auteur de deux livres sur la télévision, «Télé-Liban a été une tentative de faire entrer le monde arabe dans la modernité». La chaîne a créé la mémoire collective du pays ainsi qu’un mythe fédérant tous les Libanais.

Les archives de Télé-Liban sont «un trésor national», a-t-il ajouté. «Nous préservons les archives avec soin et avec le plus grand sérieux», assure M. Makari, évoquant notamment une coopération avec l’Institut national de l’audiovisuel (INA) en France et le Quai d’Orsay.

Après la Première Guerre mondiale, le Liban a été placé sous mandat français en 1920 et y est resté jusqu’en 1943, année de son indépendance. Le ministère libanais de l’Information, qui a lancé le processus de numérisation de ses archives en 2010, commencera à préparer le dossier d’inscription en janvier, avec une assistance technique de l’Unesco, selon M. Makari.

L’inscription de ces archives sur la liste de l’Unesco placerait «le patrimoine médiatique du Liban sur la carte mondiale», a-t-il dit.

En mai dernier, l’Unesco a annoncé l’inscription de 64 collections documentaires sur son Registre international de la Mémoire du monde, portant à 494 le nombre total de collections inscrites. Les stèles commémoratives de Nahr el Kalb, situées à 15 km au nord de Beyrouth, et l’alphabet phénicien y ont été inscrits en 2005. 

 

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