Patrick Weil dans l’Opinion : «Pas besoin de dénoncer les accords»

20/03/2025 mis à jour: 09:28
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Suffirait-il de remettre en chantier l’accord franco-algérien de 1968 pour régler le contentieux entre les deux pays mis en avant en France ? 

Historien et politologue, Patrick Weil donne raison au président Emmanuel Macron de refuser tout bouleversement ou dénonciation, car «tout ce qui est diplomatique relève des compétences du président de la République, y compris en période de cohabitation», estime-t-il dans un entretien publié mardi 18 mars dans le quotidien libéral L’Opinion. 

Aujourd’hui, ajoute-t-il, «le nombre d’Algériens obtenant des cartes de séjour est moins important que celui des Marocains. Certes, beaucoup viennent au titre du lien de famille. Mais cela se négocie. Sans que l’on ait besoin de dénoncer nos accords».

Si par hasard, le gouvernement français s’obstinait, Patrick Weil estime que «quand on dénonce un accord international, on n’est pas tout seul à interpréter ses conséquences. 

En France, le Sénat affirme que les Algériens seraient soumis au droit commun, mais les Algériens, eux, estiment que l’on reviendrait aux Accords d’Evian. 

Dans une situation de tension et de crise, l’Algérie pourrait décider de se replacer immédiatement dans l’esprit des Accords d’Evian, et inciter ses ressortissants à se rendre massivement en France». 

Sur les OQTF, c’est pour l’historien «un problème de stratégie», rappelant qu’on les délivre «massivement aussi bien aux serveurs de restaurant, qui ne menacent pas l’ordre public, qu’aux dangereux trafiquants de drogue». 

«Il faudrait se concentrer sur les cas des criminels et des délinquants.» Il souligne l’hypocrisie des donneurs de leçons : «Des employeurs, y compris des électeurs de LR ou du RN, font appel à des travailleurs étrangers sans papiers, dans le commerce, la restauration ou l’agriculture. 

Le gouvernement ne fait pas d’efforts de mobiliser la main-d’œuvre en situation légale qui pourrait être intéressée par ces emplois. Il y a des freins à lever, département par département, secteur par secteur.» 

Enfin, Patrick Weil a suggéré que «la question des flux migratoires, préoccupation pour de nombreux Français, est un sujet très complexe à multiples dimensions au plan intérieur comme international. Elle nécessite un ministre de l’Immigration à plein temps, placé sous l’autorité du Premier ministre».

 

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