Parution. L’Emir Abdelkader, adversaires et admirateurs d’Amar Belkhodja : Figure majeure de l’histoire coloniale

06/09/2022 mis à jour: 01:50
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Sorti à l’occasion du 25e Salon international du livre d’Alger, L’Emir Abdelkader, adversaires et admirateurs, d’Amar Belkhodja revient sur la bravoure et la loyauté du fondateur de l’Etat algérien.
 

 

Préfacé par le professeur  Mostéfa Khiati, celui-ci note que  L’Emir Abdelkader a été  la personnalité arabo-musulmane qui a le plus marqué le XIXe siècle.  

«De nombreuses places dans le monde perpétuent aujourd’hui sa mémoire, un nombre important de colloques lui ont été consacrés et près de trois cent livres traitent de sa vie et de ses œuvres. Lui-même a laissé des livres et surtout une abondante correspondance qui peut être estimée à plus de 45 000 lettres… Alliant sa formation de journaliste au métier  d’historien, Amar Belkhodja nous permet, à travers cet essai, de mieux apprécier  l’Emir Abdelkader, à travers ses déclarations de ceux qui l’ont apprécié et l’ont combattu. 

C’est une façon élégante de mieux connaître le fondateur de l’Etat algérien moderne», écrit-il. Auteur  prolifique,  le journaliste  et historien Amar Belkhodja revient avec un essai riche de 159 pages, consacré  à l’Emir Abdelkader, chef spirituel et fondateur et militaire algérien. Pour Amar Belkhodja,  il ne s’agit pas de revenir sur la vie et l’œuvre de cette personnalité d’exception mais plutôt d’aborder un autre axe, méconnu jusque-là des lecteurs. 

En effet, l’auteur s’est intéressé  cette fois-ci aux centaines d’écrits laissés d’une part par ses ennemis et d’autre part par ses admirateurs.  L’Emir Abdelkader est né le 6 septembre 1808 à la Guetna de l’oued El Hamman près de Mascara en Algérie. Il meurt le 26 mai 1883, dans sa ferme du Doummar en Syrie. Il est enterré alors à Damas. 

Depuis 1964 ses cendres reposent à Alger. Amar Belkhodja  rappelle que le 27 novembre 832, au pied d’un arbre symbolique le Derdara, que les chefs de tribus  ont proclamé El Hadj Abdelkader Ben Mohieddine chef de lutte contre l’envahisseur français. Deux mois plus tard,  de nouvelles tribus se sont ralliées au mouvement. De nouvelles prestations de serment se sont déroulées  dans une mosquée à Mascara  le 4 février 1833.  Il est réputé pour avoir remporté plusieurs succès militaires.
 

Un personnage imposant
 

L’auteur  note que plusieurs historiographes et d’historiens sont unanimes pour affirmer que l’Emir Abdelkader a rayonné pendant le XIXe siècle par le long combat qu’il mena contre l’invasion française et par les rapports humains et amicaux multiples  avec les personnalités qui n’appartenaient pas  forcément ni à sa race ni à son religion. «C’est dire que l’illustre personnage marqua son époque, impressionna tous les hommes qui l’avaient côtoyé. Et n’exagérons point si  nous proclamons qu’Abdelkader n’a eu son égal ni parmi ses contemporains ni parmi ceux qui ont succédé. 

En sus, y aurait-il, un autre homme de la trempe de l’Emir Abdelkader dans les siècles à venir ?  Une affirmation confortée, admise et rarement et difficilement contredite», indique Amar Belkhodja au préambule de son deuxième chapitre. 

Parmi les plus redoutables adversaires de l’Emir Abdelkader, l’auteur de cet essai, cite Thomas Robert Bugeaud,  nommé gouverneur général de l’Algérie en 1840.  Dans «L’Emir Abdelkader, Charles-Henry Churchill 1887.» Introduction et traduction de Michel Habard, 1991, Bugeaud brossera les qualités intrinsèques de l’Emir Abdelkader : «Abdelkader était un homme de génie (…) Certainement, l’une des plus grandes figures historiques de notre poque (…) C’est un ennemi actif, intelligent et rapide, qui exerce  sur les populations arabes le prestige que lui ont donné son génie et la  grandeur de la cause qu’il défend. C’est beaucoup plus qu’un prétendant ordinaire,  c’est une espèce de prophète. C’est l’espérance  de tous les musulmans fervents.»
 

Le guerrier le plus habile
 

Pour sa part, le journaliste et homme de lettres français Louis Veuillot,  ami  personnel du général Bugeaud,  a  reconnu la grandeur de l’Emir Abdelkader dans son livre  Les Français en Algérie, écrit en 1845. Il  témoigne que  l’Emir Abdelkader  était « en toutes choses le premier parmi ses compatriotes, le  meilleur cavalier, le guerrier le plus habile, le plus savant docteur, le politique le plus délié, le prédicateur le plus éloquent, le musulman le plus pieux, le seul organisateur… Nul plus que lui n’était capable de réveiller le zèle de la foi». 

De son côté, le magistrat, philosophe, politique, politiste, précurseur de la sociologie et homme politique français, Alexis de Tocqueville reconnaît la construction  par l’Emir Abdelkader d’un Etat national  à la fois puissant et  ingénieusement structuré. 

 Dans un texte rédigé en 1841, Alexis de Tocqueville souligne que «le gouvernement d’Abdelkader est déjà plus centralisé, plus agile et plus fort que ne l’a jamais été celui des Turcs. Il réunit avec moins de peine un plus grand nombre d’hommes et plis d’argent (…) Abdelkader a conservé de  l’arabe tout ce qu’il fallait  pour exalter ses compatriotes, il nous a pris tout ce qu’il fallait pour les soumettre». 

En somme  L’Emir Abdelkader, adversaires et admirateurs d’Amar Belkhodja est un essai qui foisonne d’informations croustillantes sur la grandeur du chef de la résistance algérienne. Rédigé avec beaucoup de profondeur et de recherche, cet  ouvrage est  à lire et à relire absolument à travers  le temps. 

Propice aux réflexions, il se lit d’un trait. Il est à noter qu’Amar Belkhodja  est un ancien journaliste à El Moudjahid est  membre fondateur de la «Fondation Emir Abdelkader. Il est l’auteur de plusieurs publications  dans le domaine de l’histoire. Ses nombreuses interventions et publications sur l’histoire de l’Algérie lui ont valu le titre de docteur Honoris Causa, décerné par l’université Abderrahmane Ibn Khaldoun de Tiaret, en 2017.
 

 


Amar Belkhodja - L’Emir Abdelkader, adversaires et admirateurs 


Edition Anep, 159 pages, 2022
Prix public : 829,57 DA. 
 

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