Le premier secrétaire du Front des forces socialistes (FFS) et candidat malheureux à l’élection présidentielle de ce 7 septembre, Youcef Aouchiche, ne se faisait pas d’illusion quant à l’issue de ce scrutin et encore moins aux conditions de l’organisation d’une élection libre et transparente.
Cependant, en dépit de cette réalité, le plus vieux parti de l’opposition a décidé, à ses risques et périls, de s’impliquer dans cette compétition électorale. Pourtant, nombreux étaient les militants de base et les anciens cadres du parti qui ont émis leur veto et se sont opposés à la participation du Front à ce scrutin. Mais leurs voix étaient inaudibles.
Un consensus s’est dégagé, selon la direction, pour prendra part à cette échéance afin de contribuer au renforcement du front interne face aux multiples menaces extérieures. Malheureusement, le parti fondé par feu Hocine Aït Ahmed a essuyé une sévère défaite. Il a été classé en troisième positon, avec une maigre moisson de 122 146 voix, représentant 2,16% du total des suffrages exprimés. Le dernier après ses deux adversaires, Abdelmadjid Tebboune et Abdellaali Hassani Cherif, président du Mouvement pour la société et la paix (MSP).
Néanmoins, ce score est contesté par le candidat et son staff. Mais en attendant la proclamation officielle des résultats, le parti a déposé des recours auprès de la Cour constitutionnelle, des voix ont commencé à s’élever et à reprocher à l’actuelle direction sa participation au scrutin présidentiel, surtout que le parti y a perdu des plumes, y compris dans ses bastions traditionnels.
Dans plusieurs localités, que ce soit à Boumerdès, Bouira ou Tizi Ouzou où le parti dispose d’une importante base militante et de beaucoup de sympathisants, il a été battu. Ce qui en a surpris plus d’un et a provoqué des réactions, notamment sur les réseaux sociaux.
Cette débâcle ne risque-t-elle pas de susciter une nouvelle fronde interne et d’aggraver les dissensions tues jusqu’ici au nom de la discipline partisane. D’aucuns n’ignorent que le parti a été pendant longtemps secoué de crises récurrentes graves et de tiraillements internes qui s’exacerbent à l’approche des élections.
La base militante était souvent en confrontation ouverte avec les instances dirigeantes. Le dernier congrès tenu après plusieurs reports a tenté «de rassembler les rangs» et de «corriger les dysfonctionnements».
Conscient du problème, un cadre du parti affirme qu’il n’y avait pas lieu de se précipiter et que les instances dirigeantes présenteront un bilan et feront un diagnostic et une «évaluation responsable et objective au moment opportun» quant à l’avenir du parti.
Par ailleurs, Youcef Aouchiche, ajoute-t-on, ne regrette nullement sa participation à cette élection, placée dans l’objectif de présenter une autre «vision» de l’Algérie. Bien au contraire, il est même «disposé à refaire cette expérience», a-t-il déclaré. Son implication dans ce scrutin a permis, poursuit-il, de «replacer le parti au centre du paysage politique national.
Cela a permis d’affirmer notre ancrage national en élargissant notre base militante et sociale dans les 58 wilayas de notre pays et au sein de la communauté nationale établie à l’étranger». Durant la campagne électorale, le parti, dit-il, «s’est distingué par un discours sérieux et responsable, par notre programme ambitieux et réaliste».
Youcef Aouchiche estime avoir atteint plusieurs de ses objectifs stratégiques articulés autour de «la défense des intérêts supérieurs de la nation», «de la préservation des espaces de liberté et du débat démocratique». «Nous avons surtout présenté un projet de société alternatif qui vise la consécration d’un changement véritable dans le pays», se félicite-t-il. «Malheureusement, l’environnement général dans lequel s'est tenue cette élection n’a pas encouragé une forte participation», déplore-t-il.