Acteur dans la scène culturelle oranaise, Mohamed Benziane a animé plusieurs conférences autour des questions en lien avec l’histoire, la critique littéraire, le cinéma, la musique (raï, notamment) et le théâtre. Il a des projets plein la tête, notamment la mise sur pied de la géologique de l’histoire culturelle et religieuse de l’Algérie.
Oran
De notre bureau Akram El Kébir
Chokri à Oran est le dernier opus de l’écrivain Mohamed Benziane, paru dernièrement à El Andaloussia, une nouvelle maison d’édition oranaise. Ecrit en langue arabe, ce roman part de faits réels pour muer, petit à petit, en une histoire proprement fictionnelle. Comme chacun le sait, dans Le pain nu, roman autobiographique de l’écrivain marocain Mohamed Chokri - qui a connu, à sa sortie dans les années 1970 un franc succès - le personnage principal, en l’occurrence, Chokri lui-même, aborde notamment son séjour oranais, à une époque où il n’avait que 14 ans.
Dans cette optique, Mohamed Benziane a été sollicité par le propriétaire d’un journal électronique pour écrire un article où il reviendrait sur les rapports de Mohamed Chokri avec la ville d’Oran. Comme, hélas, il n’y avait que très peu d’éléments pour étayer ledit article, le responsable du site électronique lui a alors suggéré l’idée de faire appel à son imagination pour écrire une histoire fictionnelle qui aura un lien avec la présence de Chokri dans la ville oranaise. «A partir de cette idée, j’ai entamé l’écriture de ce roman et j’ai imaginé l’histoire de Houari, un jeune oranais qui habite le quartier populaire des Planteurs durant cette période, et qui s’éprend d’amitié avec Chokri». Houari est un jeune délinquant des années 40, qui habite à Planteurs. Arrêté, il est mis au cachot, dans une prison algéroise où il fait la connaissance de militants nationalistes algériens, avec lesquels il ne tarde pas à sympathiser.
Amitié avec Chokri
Le roman raconte ensuite son adhésion à la révolution algérienne, puis ses années postindépendance, jusqu’à tout dernièrement. Avec toujours en toile de fond son amitié avec Mohamed Chokri, le roman raconte aussi, en filigrane, l’histoire d’Oran, celle des bas fonds, des quartiers populaires où vivent les laissés-pour-compte. Un roman, finalement, qui s’étalera sur plusieurs décennies, des années 1940 jusqu’à 2019, année du hirak, où la parole est donnée au petit-fils de Houari.
C’est d’ailleurs en cette année (2019) que le déclic s’est fait dans la tête de Mohamed Benziane : un jour qu’il était dans un des cafés emblématique de l’Oran d’aujourd’hui, il fait la connaissance d’un homme qui lui affirme que son grand-père était un ami Mohamed Chokri.
De cette petite confidence, l’imagination de Mohamed (pas Chokri, Benziane !) s’est mise en branle et il s’est mis à structurer son histoire avant de se lancer dans l’écriture. Chokri à Oran est donc le troisième roman de Mohamed Benziane, après Le labyrinthe de Maghraoui et La géographie de la fuite.
Il est aussi l’auteur de trois autres essais. Acteur dans la scène culturelle oranaise, Mohamed Benziane a animé plusieurs conférences autour des questions en lien avec l’histoire, la critique littéraire, le cinéma, la musique (raï, notamment) et le théâtre. Il a des projets plein la tête, notamment la mise sur pied de la géologique de l’histoire culturelle et religieuse de l’Algérie, un roman sur Alger (ville où il a vécu les années 2020 et 21 alors qu’il était au ministère de la Culture) ainsi que d’autres textes encore.
Il animera aujourd’hui à 14h une conférence à la bibliothèque nationale d’Alger sur «les mutations de la narration en Algérie», une conférence dans laquelle il abordera les tendances des écrivains algériens à travers les différentes périodes.