Phénomène marginal et extrêmement rare –quelques cas sur les 800 000 candidats au BEM, la semaine dernière –, la question de la triche ne manque pas de «brouiller» ces moments d’évaluation pédagogique que sont les examens de fin de cycle scolaire.
En plus de constituer une source de malaise supplémentaire à un système éducatif non encore délivré de toutes les incertitudes, le «sujet» de la fraude déroute l’opinion publique, qui peut être amenée à croire que tout candidat à un examen est un tricheur potentiel, ce qui est absolument faux. Deux cas signalés ces derniers jours dans une wilaya du centre du pays mettent en cause des candidats libres âgés d’une vingtaine d'années.
Ces affaires seront traitées selon la loi en vigueur, qui a été réadaptée et rendue plus coercitive avec l’apparition des nouveaux outils technologiques. Elles ne peuvent nullement entacher un rendez-vous regroupant des centaines de milliers d’élèves qui se présentent à ces examens avec parfois le souci de la restauration à midi. Des recommandations de certains spécialistes peuvent paraître assez décalées, même étranges, lorsqu’ils préconisent de «former les surveillants sur les façons de reconnaître le tricheur…» Quand ils œuvrent à réduire le stress ambiant, les surveillants accomplissent une part importante de leur tâche.
Outre la hantise de la fraude, c’est l’écueil vrai ou supposé des mathématiques qui focalise les esprits et le débat à l’occasion des examens de fin d’année. C’est, là, le véritable signe de malaise au sein de l’école algérienne. Un réel motif d’inquiétude quand cette épreuve est considérée invariablement hors de portée des candidats. Le problème n’a pas pour origine la phase de préparation des sujets d’examen, mais révèle les lacunes dans tout le parcours scolaire, précisément dans les programmes d’enseignement. L’urgence est signalée dès lors qu’il s’agit d’une science qui développe le raisonnement logique et aide à «bien poser les problèmes pour mieux les résoudre».
Les premières réactions des responsables du secteur consistent à annoncer l’ouverture de nouvelles écoles dédiées aux sciences exactes et l’encouragement des inscriptions à cette filière. Il y a, en vérité, une forme d’ambivalence dans l’attitude des pouvoirs publics à ce sujet. S’il est vrai que les élèves et les étudiants algériens qui se distinguent dans des compétitions internationales des mathématiques sont toujours honorés et félicités par les autorités, il reste que les lauréats aux examens nationaux ne bénéficient pas automatiquement d’affectation dans de grandes écoles à la pointe de l’innovation, mais reçoivent le plus souvent des récompenses sans promesse ni motivation intellectuelle. Le débat autour de la refonte des programmes scolaires est continuellement ajourné, même si les initiatives et les vœux pieux n’ont pas manqué.
D’anciens dirigeants, qui ont fini par s’abîmer dans d’énormes affaires de fraude et de malversation, avaient plaidé en leur temps en faveur d’un retour des sciences au cœur de l’enseignement. Depuis, de grands pas ont été franchis dans la lutte contre les tricheries de toutes sortes et les entorses à la loi. Il reste cependant à se convaincre que le défi ne s’arrête pas à confisquer les objets connectés mais à en maîtriser la technologie et les fabriquer.