Palais de la culture d'Oran : Première exposition individuelle pour Meryem Ghellai

21/01/2025 mis à jour: 07:42
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Meryem Ghellai une réelle volonté de s’affranchir du passé pour aller de l’avant

L’artiste, diplômée de l’école d’Oran, option peinture, a déjà exposé autant en Algérie  qu’à l’étranger et dans plusieurs pays, mais cette date marque un tournant pour elle dans la mesure où c’est la première exposition individuelle qui lui est consacrée.

 

 

Le Palais de la culture abrite une exposition de Meryem Ghellai, une jeune artiste-peintre prometteuse qui ambitionne de se frayer un chemin dans cet univers avec des idées novatrices qui méritent qu’on s’y attarde. Pour la majorité d’entre eux, ses travaux n’ont été montrés pour la première fois au public que lors du vernissage qui a eu lieu dans l’après-midi du dimanche 19 janvier.  

En effet, l’artiste, diplômée de l’école d’Oran, option peinture, a déjà exposé autant en Algérie qu’à l’étranger et dans plusieurs pays, mais cette date marque un tournant pour elle dans la mesure où c’est la première exposition individuelle qui lui est consacrée. Auparavant que ce soit en Turquie, en Egypte, en Tunisie, au Maroc, en France ou en Allemagne, elle a participé à des expositions collectives par l’entremise du mouvement associatif ou alors des réseaux sociaux lorsque des organisateurs de forums dédiés la repèrent, comme c’est le cas, indique-t-elle, pour sa participation en Egypte. 

Le résultat est donc un tableau par-ci pour exprimer l’idée du vivre-ensemble, un autre par-là pour montrer les influences du style vestimentaire féminin turc en Algérie, hérité de la période ottomane comme le «seroual» traditionnel, notamment algérois, etc. D’autres sont là à l’évidence pour marquer des événements commémoratifs liés à l’histoire, comme cette œuvre inspirée du film La Bataille d’Alger de Gilo Pantecorvo et immortalisant la séquence à La Casbah de Ali Lapointe assis avec le petit Omar, une image qui fait étrangement écho et avec la même charge émotionnelle à l’affiche du film The Kid de Charlie Chaplin. 

D’autres encore, beaucoup moins figuratifs, sont réalisés dans le cadre de la journée de la ville et sont consacrés à Oran, ses monuments mais aussi sa vie quotidienne tels que ses balcons qui laissent pendre le linge à sécher au soleil, etc. Un des deux travaux en soutien à la Palestine et plus précisément consacré à la résistance de la femme palestinienne ferme cette «aile» de l’exposition représentant en quelque sorte la première période de sa carrière artistique. 

Profusion des couleurs

Un point commun se dégage cependant de tous ces travaux effectués dans des registres et des thématiques diverses et c’est déjà la profusion des couleurs, et ce n’est sans doute pas un hasard si son exposition est organisée justement sous l’intitulé «Malhamat el alouane (Odyssée des couleurs)». Il y a chez Meryem Ghellai une réelle volonté de s’affranchir du passé pour aller de l’avant mais aussi de casser des codes pour explorer d’autres pistes, et c’est justement ce qui caractérise la majeure partie de cette exposition avec des œuvres plus contemporaines.

 L’abondance des couleurs reste l’unique lien avec la partie représentant ses travaux récents, plus intimistes et dans lesquels on voit poindre un style propre et original. Une série de tableaux réalisés en technique mixte allie calligraphie et éclaboussures de peintures qui débordent le sous-cadre des habituels sous-verres. 

L’effet rehaussé par la technique aquarelle est tout aussi inattendu que captivant car à chaque lettre de l’alphabet est associée une gamme de couleurs et une forme d’apparence tout à fait aléatoire. C’est ce mariage entre ce qui relève de la maîtrise technique (graphie des lettres de l’alphabet arabe réalisées par ailleurs en arabe et en français) avec ce qui relève du pur hasard qui confère à cette partie du travail une certaine dualité qu’elle va même pousser plus loin. 

En effet, ces mêmes travaux sont par la suite photographiés et imprimés à l’identique, mais en format réduit pour être accrochés dans le vide et servir dans une installation où on retrouve également du matériel mais surtout des tubes de peinture en suspension. 

Un retour à l’origine passant par la technologie de l’image. Mais le plus beau tableau de cette collection reste sans conteste sa représentation très personnelle de l’art équestre, incontournable en Algérie et par extension dans le Maghreb mais dans une version inédite. «En général, dans les représentations de la fantasia, les couleurs sont plutôt vives, une palette chaude, mais moi j’ai opté pour des couleurs froides avec l’introduction de feuilles d’or et en plus j’ai fait le choix de ne pas représenter les cavaliers», explique-t-elle, et le résultat est fascinant : une procession de chevaux vus de face et qui semblent sortir tout droit de l’image d’un mirage du désert. Parfois la magie opère et c’est le cas ici avec une artiste qui ne peut qu’évoluer.

Oran
De notre bureau  Djamel Benachour
 

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