L’Assemblée générale des Nations unies a été hier le théâtre de la présentation du «Pacte pour l’avenir», un projet ambitieux destiné à répondre aux crises mondiales, qu’elles soient climatiques, sociales ou liées aux conflits armés.
Un texte poussé depuis trois ans par António Guterres, secrétaire général de l'ONU, dans l’espoir de réformer le multilatéralisme. Mais en dépit de ses aspirations à «changer le cours de l’humanité», le contenu de ce pacte suscite un certain scepticisme.
Ce Sommet de l’avenir, qui se tient sur deux jours et qui marque le lancement du Pacte, est censé être un tournant dans l’histoire de la coopération internationale. 140 chefs d’Etat et de gouvernement, dont le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, sont appelés à signer le document. Cependant, de nombreuses critiques ont déjà été émises par les observateurs, certains regrettant un manque flagrant d’ambition dans les mesures proposées.
Car à force de négociations âpres pour satisfaire les 193 membres de l’ONU, le Pacte a vu ses propositions les plus percutantes diluées. Si des engagements apparaissent en faveur de la réforme du Conseil de sécurité ou des institutions financières mondiales – des revendications majeures du «Sud Global» –, peu d’avancées concrètes ont été intégrées sur des sujets importants, tels que la lutte contre le changement climatique, la protection des civils en zones de guerre ou encore le désarmement nucléaire.
Loin de la «révolution» qu’espérait António Guterres, ce sommet a permis tout de même de bâtir un compromis. Si le texte, non contraignant, ne comporte pas de mécanisme clair pour assurer la mise en œuvre des engagements pris, les Etats se retrouvent néanmoins face à ce que le secrétaire général qualifie de «responsabilité morale». Parmi les points de friction notables, la Russie a exprimé son mécontentement, notamment sur l’absence d’une mention explicite du principe de «non-intervention dans les affaires internes des Etats». Quant à la lutte contre le réchauffement climatique, les négociations ont buté sur la question de la transition énergétique, la mention de la sortie des énergies fossiles ayant été retirée du projet pendant plusieurs semaines, avant de réapparaître sous une forme édulcorée.
Le rôle clé de l’Algérie
Malgré ces réserves, les diplomates se veulent optimistes, rappelant que ce sommet est une opportunité pour réaffirmer l’importance du multilatéralisme, à un moment où les tensions géopolitiques menacent de creuser encore le fossé entre le Nord et le Sud. Les pays en développement, en particulier, espéraient des engagements concrets sur la réforme des institutions financières internationales, afin de leur permettre un accès plus facile aux financements nécessaires pour faire face aux conséquences du changement climatique. Le Sommet de l’avenir, qui coïncide avec la 79e session de l’Assemblée générale de l’ONU, vise à réaffirmer les Objectifs de développement durable (ODD) et la Charte des nations unies, tout en relançant l’Agenda 2030, qui accuse un retard inquiétant.
Il verra l’adoption de trois documents majeurs : en plus de ce «Pacte pour l’avenir», figurent notamment le «Pacte numérique mondial», visant à combler le fossé numérique, et une «Déclaration sur les générations futures». Pour António Guterres, ce sommet est une «occasion unique» de remodeler le système international. Il a exhorté les Etats à faire preuve de vision et de courage face à des institutions jugées «obsolètes».
Le texte final du pacte, qui engage les dirigeants à renforcer le système multilatéral, souligne la nécessité de s’adapter à un monde en mutation rapide et de protéger les intérêts des générations futures contre des crises continues. Avec ses 56 «actions» réparties sur plus de 20 pages, le Pacte couvre des domaines allant de la réforme des institutions financières internationales à celle du Conseil de sécurité de l’ONU, en passant par le changement climatique, le désarmement et l’intelligence artificielle.
«Ce n’est pas la réforme radicale du multilatéralisme espérée par Guterres», commente Richard Gowan, de l’International Crisis Group, exprimant une opinion partagée par beaucoup Le Pacte marque malgré tout un effort pour renouer les liens entre des nations aux intérêts divergents. Que cet accord soit porteur d’un réel changement reste à voir, mais pour l’heure, les membres de l’ONU semblent se contenter d’avoir évité l’impasse.
Felipe Paullier, le tout premier sous-secrétaire général aux Affaires de la jeunesse de l’ONU, a décrit le Sommet comme une occasion unique de remodeler le système multilatéral et de placer les jeunes au cœur de celui-ci. «Il y a dix ans, une journée comme celle-ci aurait été inimaginable : une journée au programme officiel des Nations unies consacrée à la jeunesse», a-t-il dit. Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, représentera l’Algérie à cet événement, ainsi qu’au débat général de l’Assemblée générale, qui se tiendra du 24 au 30 septembre sous le thème : «Agir ensemble pour la paix, le développement durable et la dignité humaine des générations présentes et futures». Parallèlement, Ahmed Attaf prendra part aux réunions des groupes géopolitiques auxquels l’Algérie appartient, comme la Ligue arabe, l’Union africaine, l’Organisation de la coopération islamique, le Mouvement des non-alignés et le G77+Chine.
Le ministre prévoit également plusieurs rencontres bilatérales avec ses homologues de pays partenaires et amis. L’Algérie, riche de son histoire, de sa jeunesse et de ses ressources naturelles, a un rôle clé à jouer dans le succès du Pacte, avait affirmé, à ce propos, Alejandro Alvarez, coordinateur résident des Nations unies en Algérie. Il appelle le pays à saisir cette opportunité pour se positionner comme un acteur majeur du changement global.