Othmani Marabout Abdelmouneim occupe le poste de DG depuis le 2 janvier 2025. Il a rejoint alBaraka Bank il y a 4 mois après avoir été dans une autre banque où il a acquis une certaine expérience. Il a vu d’autres méthodes de gestion et de management. Mais c’est un enfant de la boîte qui revient, puisqu’il a fait ses débuts à alBaraka Bank. Une sorte de retour aux sources. Sur le plan de l’activité, les principaux indicateurs de gestion montrent des évolutions significatives qui ont permis à la banque de consolider, d’une part, sa situation financière, et d’autre part, sa place sur le marché bancaire. Les crédits accordés par la banque ont bénéficié en grande partie au financement des projets d’investissement à forte valeur ajoutée, créateurs de richesses et d’emplois. La Banque Al Baraka d’Algérie, reste attachée à apporter sa contribution à l’édification d’une économie de production solide. La banque, qui surfe sur la vague de la finance islamique, a connu un démarrage timide mais connaît actuellement un intérêt grandissant. Dès sa prise de fonction, il a choisi El Watan pour nous donner ses éclairages sur le secteur bancaire et les défis à relever.
- Vous êtes porteur d’une vision et d’ambitions. Peut-on savoir davantage sur les grands axes de vos projets pour développer alBaraka Bank ?
Je vous remercie de nous donner l’opportunité de communiquer sur la nouvelle stratégie d’alBaraka Bnak. C’est une banque qui a toujours été au service du citoyen algérien et qui a œuvré pour son bien-être. Nous ne cherchons pas simplement le profit.
Nous cherchons aussi à être une banque citoyenne qui contribue à sa manière au développement du pays. Donc, pour ma part, je connais alBaraka Bank parce que j’ai commencé ici ma carrière, je connais le potentiel et aussi les besoins qu’attend actuellement le citoyen de notre banque, nous avons été un certain moment les seuls à proposer les produits Shariah compliance.
Maintenant, on est concurrencé par d’autres banques, c’est de bonne guerre : nous considérons le fait qu’on ne soit pas seul dans le marché va encore nous donner plus de motivation pour nous remettre en cause et développer nos produits.
C’est parmi nos priorités et nos challenges. La stratégie de la banque alBalaka repose actuellement sur plusieurs piliers. Il y a le pilier de la digitalisation. Nous considérons que c’est une affaire existentielle parce que le monde se transforme d’une manière à ce que ceux qui ne répondent pas et qui ne voient pas que la banque de demain, c’est la banque du téléphone et du PC, ils vont sûrement disparaître.
Ça a été le cas de Nokia quand ils n’ont pas vu l’iPhone, même s’ils étaient les leaders du marché. Mais quand ils n’avaient pas cette vision, ils ont simplement disparu. Donc, pour notre part, nous considérons que nous avons assez d’arguments à faire valoir dans ce marché.
Nous appartenons à un très grand groupe, Al Baraka Banking Group (ABG), installé dans plus de 17 pays à travers le monde. Nous allons essayer d’abord de copier ce qui se fait de mieux ailleurs, et après, on va essayer d’innover et d’être à la page de tout ce qui se fait de mieux dans le monde. Pour notre part, nous avons placé la barre très haut.
La Banque Al Baraka existe depuis 1991. C’est-à-dire que la responsabilité que nous avons actuellement envers les citoyens est lourde. Quand quelque chose ne va pas à la Banque Al Baraka, elle se sait pratiquement à la minute même. Donc, on voudrait maintenant, après un certain recul stratégique, redorer le blason de alBaraka. Nous savons exactement où nous allons. J’ai parlé du pilier de la digitalisation.
On va aussi booster le Retail qui est un élément essentiel dans notre politique. Nous allons mettre les moyens essentiels pour ça. Le cadre juridique le permet. Donc actuellement, nous allons nous attaquer à tout ce qui est crédit à la consommation. Nous sommes en train aussi de faire sortir des produits, entre autres, des aménagements immobiliers avec un financement maximal de 2 millions de dinars sans que le bénéficiaire ait à présenter une quelconque hypothèque ou à souscrire à des assurances.
Il y a aussi le taux bonifié qui va booster un petit peu l’activité. Nous avons toujours dit qu’on n’était pas au même pied d’égalité que les banques classiques. Notre voix a été entendue par les autorités. Nous n’avons aucune excuse actuellement pour mettre en place tous les produits répondant à la demande de nos clients.
- Est-ce qu’on peut avoir quelques indicateurs d’Al Baraca Bank pour mieux vous situer dans le secteur financier ?
En termes de présence sur le territoire national, nous avons plus de 34 agences éparpillées dans les grandes villes du nord. Notre stratégie future consiste à être aussi présent, conformément aux directives des hautes autorités de l’Etat dans les villes lointaines et notamment dans le sud. Il faut que le citoyen au Grand Sud ait les mêmes services que le citoyen au nord.
Notre politique va ensuite être affinée à travers l’analyse du marché local : on devra peut-être ouvrir des agences digitales ou bien des agences qui activent dans le secteur, à savoir des agences comme on en a partout dans le nord surtout du pays. On marque ainsi notre appartenance au pays. C’est-à-dire que nous n’essayons pas de générer simplement des profits, mais nous voulons aussi rendre service à chaque Algérien, quel que soit son emplacement.
- En quelque sorte, vous êtes aussi une entreprise qui se veut citoyenne...
Absolument. Je peux vous dire qu’on se targue d’être peut-être l’une des entreprises les plus citoyennes qu’il soit. Nous avons ce qu’on appelle «Soundouk El Kheirat», c’est un fonds qui est alimenté par des opérations où nous avons un doute de conformité Chariaâ. Simplement le doute fait en sorte qu’on l’alimente et bien sûr, ce fonds va directement vers les gens nécessiteux qui ont besoin d’aide. Nous sommes une entreprise qui est toujours à l’écoute de ce qui se passe dans notre société.
- Vous avez aussi des participations assez régulières dans les salons (des finances, foire internationale d’Alger) en plus des communications à travers les réseaux sociaux. Comment vous gérez votre visibilité sur le marché ?
Je considère que la prestation d’Al Baraka Bank doit être le canal le plus fiable pour communiquer auprès des Algériens. Mercedes par exemple ne se vend pas dans les salons, mais c’est le label, le brand Mercedes. Je pense que depuis notre existence, de génération en génération, les gens connaissent le label Al Baraka. Et c’est cette responsabilité qui fait de nous que nous devons être les meilleurs partout, les meilleurs dans la prestation, la présence, les produits qu’on commercialise.
Donc, c’est une lourde responsabilité qu’on assume pleinement. C’est pourquoi, nous sommes en train d’investir surtout dans tout ce qui est digital. C’est très simple, nous voulons non pas que le client se rapproche d’alBaraka mais que alBaraka se rapproche du client. C’est une priorité absolue pour nous. Nous devons faire la différence. L’histoire retiendra toujours le meilleur. Et il faut mettre les moyens, il faut mettre les ressources humaines nécessaires. Et je crois que nous avons entamé cette démarche.
- Selon vous, quelles seront les tendances en 2025 ?
Si on parle de marché islamique, il y a le marché des Sukuk qui va pratiquement voir le jour (deuxième semestre 2025). On va ainsi continuer à contribuer aux efforts de l’Etat parce que les Sukuk vont vers les projets de l’Etat et alBaraka va totalement adhérer à cette politique. Le marché du retail, bien sûr, on voit très bien qu’il y a beaucoup de choses qui sont en train de se mettre en place. On est en train de planifier l’organisation nécessaire pour faire face à tout ça. Donc pour moi, l’objectif principal, c’est le bien-être de nos clients à travers tous ces produits.
On va toujours être à l’écoute aussi du marché : quelles seront les priorités de l’Etat et nous répondons à chaque fois favorablement à ces appels. On est à peu près à 300 000 comptes, 200 000 clients à peu près, et une part de marché comparé au secteur privé de 12% en termes de collecte de ressources et de financement.
Et la concurrence s’annonce de plus en plus accrue, avec toutes les fenêtres qui sont ouvertes sur la place. En 2025, il faudra mettre les bouchers doubles et rester en éveil. Mais ça ne nous fait pas peur au contraire. C’est un très beau challenge. On ne veut pas être dans la réaction mais plutôt être en action. On sait très bien où on va. On va mettre les moyens et inchallah, on va y arriver.
Sur le marché, il y a une autre banque islamique Al Salam Bank Algeria, mais en termes de fenêtres islamiques, toutes les banques publiques se sont mises à la finance islamique et quelques banques privées. Après vous avez d’autres banques, telles que la Trust Bank Algeria, Gulf Bank Algérie (AGB), ce sont des banques classiques à la base, qui ont ouvert une fenêtre islamique mais qui sont des concurrents sur des segments tels que le Retail.
- Pour clore cet entretien, avez-vous un message particulier ou une question à aborder ?
En toute sincérité, je veux simplement passer le message qu’AlBaraka Bank est en pleine transformation actuellement. On a bien compris les enjeux, que ce soit à l’échelle nationale ou à l’échelle internationale. Et nous avons une vision très claire pour les trois prochaines années, au plus tard, que nous soyons simplement le leader des banques privées en Algérie. Je ne parle pas des banques islamiques, je parle de banques privées en Algérie. Nous avons le potentiel, ressources humaines, moyens humains et technicité, je pense que nous y arriverons avec la volonté de tout le monde.