L'Oscar du meilleur documentaire a été décerné dimanche soir à No Other Land, réalisé par un collectif d'activistes israélo-palestiniens et qui relate l'expulsion et la destruction d'habitations de Palestiniens en Cisjordanie par l'armée d’occupation sioniste.
Après avoir remercié les votants pour leur prix, Basel Adra, journaliste et activiste palestinien, a évoqué la situation que vivent les Palestiniens sous occupation israélienne. «Je suis père depuis deux mois et j’espère que ma fille ne vivra pas la même vie que moi.
Une vie dans la peur de la violence des colons, de la démolition des maisons et des déplacements forcés que ma communauté Masafer Yata affronte tous les jours.» Le coréalisateur du documentaire filme depuis cinq ans son quotidien et celui des habitants peu à peu chassés de leurs villages en Cisjordanie.
Lors de la cérémonie des Oscars, il a tenu à appeler «le monde à prendre des mesures sérieuses pour mettre fin à l’injustice et au nettoyage ethnique du peuple palestinien». Puis, Yval Abraham a ensuite pris la parole. Le journaliste israélien qui a coréalisé No Other Land a lui évoqué le quotidien de son «frère» et ami, très différent du sien. «Nous sommes inégaux. Je vis dans un régime où je suis libre, lui sous un régime de guerre qui détruit sa vie.
Il existe une autre voie, une solution politique sans suprématie ethnique, avec des droits nationaux pour nos deux peuples.» Il a ensuite pointé du doigt directement ceux qui sont, selon lui, en partie responsables de cette situation. «Et je dois dire, puisque je suis ici, que la politique étrangère de ce pays contribue à bloquer cette autre voie.
Pourquoi ne voyez-vous pas que nos destins sont liés ? Mon peuple pourra être libre et en sécurité, si celui de Basel l’est aussi.» Ces prises de parole ont été largement applaudies par les célébrités réunies au Dolby Theater de Los Angeles.
A noter que l’Etat hébreu a dénoncé l’attribution d’un Oscar à un documentaire sur la colonisation en Cisjordanie. Le ministre israélien de la Culture, Miki Zohar, a parlé, sans craindre le ridicule, de «triste moment pour le monde du cinéma».