Lors d’une allocution en visioconférence devant les députés de la Knesset, le Parlement israélien, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a demandé hier à Israël de «faire un choix» en soutenant l’Ukraine face à la Russie.
«L’Ukraine a fait son choix il y a 80 ans et nous avons des Justes qui ont caché des juifs, il est temps pour Israël de faire son choix (...) l’indifférence tue, les calculs tuent», a-t-il déclaré, selon des propos recueillis par l’AFP. «Il est possible de faire la médiation entre les pays, mais pas entre le bien et le mal», a-t-il ajouté, alors que l’Etat hébreu a adopté une position prudente après l’intervention russe en Ukraine le 24 février. «Nous nous demandons pourquoi l’Etat d'Israël ne nous donne pas d’armes et pourquoi il n’impose pas de sanctions à la Russie», s’est-il interrogé.
Comme il a estimé que l’offensive russe sur l’Ukraine constitue une tragédie pour «les juifs et le monde entier».
Plus tôt, il a répété être «prêt à des négociations» avec Vladimir Poutine, affirmant que «sans négociations, on n’arrêtera pas la guerre» menée par la Russie en Ukraine, dans un entretien diffusé hier par CNN. «Je suis prêt à des négociations avec (Vladimir Poutine). Je suis prêt depuis les deux dernières années et je pense que sans négociations, on n’arrêtera pas la guerre», a-t-il dit. «(…) Nous devons utiliser tous les formats, toutes les chances d’avoir la possibilité de négocier, la possibilité de parler à (Vladimir) Poutine», a ajouté le président ukrainien. «Mais si ces tentatives échouent, cela voudra dire que 'le conflit en Ukraine' est une troisième guerre mondiale», a-t-il prévenu.
La veille, il a plaidé pour des tractations, dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux : «Il est temps de nous réunir.»
Considérée par l’Occident comme un allié de la Russie, la Chine a affirmé pour sa part qu’elle n’envoie pas d’assistance militaire à Moscou pour son offensive en Ukraine. «Il y a de la désinformation selon laquelle la Chine procure une assistance militaire à la Russie. Nous la rejetons», a déclaré l’ambassadeur de Chine aux Etats-Unis, Qin Gang, interviewé par la chaîne CBS. «La Chine envoie des vivres, des médicaments, des sacs de couchage et du lait en poudre, pas des armes ou des munitions à destination des parties (au conflit)», a-t-il poursuivi. «Nous ferons tout ce qui est possible en vue d'une désescalade.»
A son tour, la Turquie a assuré le même jour que la Russie et l’Ukraine ont fait des progrès dans leurs négociations pour mettre un terme à l’invasion russe et étaient proches d’un accord. «Nous voyons que les parties sont proches d’un accord», a déclaré le ministre des Affaires étrangères turc, Mevlut Cavusoglu, dans des commentaires diffusés en direct par l’agence officielle turque Anadolu depuis la province méridionale d’Antalya.
Membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (Otan), la Turquie multiplie les efforts de médiation entre Moscou et Kiev et a refusé de s’aligner sur les sanctions occidentales visant la Russie. Elle est parvenue à maintenir des contacts avec les deux pays et a accueilli la semaine dernière à Antalya les ministres des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, et ukrainien, Dmytro Kouleba, pour une première rencontre depuis le début du conflit le 24 février. Aussi, le chef de la diplomatie turque s’est rendu cette semaine en Russie et en Ukraine.
Nouvelle utilisation des missiles hypersoniques
Sur le plan militaire, la Russie a affirmé hier, pour le deuxième jour consécutif, avoir utilisé des missiles hypersoniques en Ukraine, cette fois pour détruire une réserve de carburant de l’armée ukrainienne dans le sud du pays. «Une importante réserve de carburant a été détruite par des missiles de croisière Kalibr tirés depuis la mer Caspienne, ainsi que par des missiles balistiques hypersoniques tirés par le système aéronautique Kinjal depuis l’espace aérien de la Crimée», a déclaré le ministère de la Défense dans un communiqué.
Le ministère a ajouté que cette frappe s’est produite dans la région de Mykolaïv, sans toutefois préciser la date. Selon le ministère, la cible détruite constitue «la principale source d’approvisionnement en carburant des véhicules blindés ukrainiens» déployés dans le sud du pays.
Comme il a affirmé que des «missiles de haute précision» tirés par Moscou ont touché un centre d’entraînement des forces spéciales ukrainiennes dans la région de Jytomyr, à 150 km à l’ouest de Kiev. «Plus de 100 membres des forces spéciales (ukrainiennes) et mercenaires étrangers ont été tués» dans cette frappe, a déclaré le ministère russe.
Les missiles balistiques hypersoniques Kinjal («poignard», en russe) et ceux de croisière Zircon appartiennent à une famille de nouvelles armes développées par la Russie et que son président, Vladimir Poutine, qualifie d’«invincibles», car censées pouvoir échapper aux systèmes de défense adverses. Samedi, Moscou a déjà annoncé avoir tiré la veille des missiles Kinjal en Ukraine. Il s’agit de la première utilisation connue en conditions réelles de combat de ce système testé pour la première fois en 2018.
Plus tard, le secrétaire à la Défense américain, Lloyd Austin, a estimé que l’utilisation de tels missiles par la Russie «ne changent pas la donne» face à la résistance de l’armée ukrainienne. «Je ne les considère pas comme 'des armements' qui changent la donne», a-t-il déclaré sur la chaîne de télévision américaine CBS, tout en refusant de «confirmer ou d’infirmer» que Moscou a utilisé ce type de missiles.
Les troupes russes «ne sont pas efficaces dans leurs mouvements sur le terrain, elles sont principalement bloquées» face aux combattants ukrainiens a-t-il ajouté. Il a également mis en garde la Russie contre l’utilisation d’armes chimiques ou biologiques dans le conflit. Il y aurait alors «une réaction importante non seulement des Etats-Unis, mais aussi de la communauté internationale», a-t-il affirmé.
Moscou, qui accuse Washington et Kiev de gérer des laboratoires destinés à produire en Ukraine des armes biologiques et chimiques prohibées au plan international, veut «fabriquer un prétexte pour que, s’ils (les Russes) faisaient quelque chose sur le champ de bataille, ils puissent blâmer quelqu’un d’autre, les Ukrainiens, nous, l’Otan», a-t-il expliqué.
Le chef du Pentagone a par ailleurs refusé de confirmer la présence de mercenaires aux côtés des troupes russes. «Nous n’avons pas vu de mercenaires sur le champ de bataille à ma connaissance», a-t-il observé.