Offensive militaire russe en Ukraine : Riposte «financière» de l’Europe

26/02/2022 mis à jour: 06:53
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Photo : D. R.

Deux jours après avoir reconnu l’indépendance des territoires séparatistes prorusses dans la région du Donbass, à l’est de l’Ukraine, le président russe, Vladimir Poutine, annonce, très tôt jeudi, le lancement de l’offensive militaire contre ce pays. 

«J’ai pris la décision d’une opération militaire spéciale», annonce M. Poutine dans une déclaration télévisée diffusée peu avant 6h du matin, heure de Moscou (3h00 GMT). 

La progression de l’armée russe était fulgurante dans plusieurs régions d’Ukraine. Les premiers combats dans la capitale Kiev ont été signalés, hier, au lendemain du lancement de l’attaque massive. Echanges de tirs et explosions ont notamment été entendus dans le quartier d’Obolon et des détonations sourdes depuis le centre-ville, rapporte l’AFP. 

S’adressant à ses concitoyens, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a essayé de rassurer : «Pas de panique, nous sommes prêts pour tout, nous allons vaincre.» Un premier bilan est annoncé par le jeune Président : 137 morts et 316 blessés. Dans une vidéo publiée sur le compte de la présidence ukrainienne, M. Zelensky a regretté que l’Ukraine soit «laissée seule» face à l’armée russe qui progresse dans son pays. 

En effet, le président américain, Joe Biden, l’a assuré jeudi lors d’une allocution télévisée : «Nos forces armées ne vont pas en Europe pour combattre en Ukraine, mais pour défendre nos alliés de l’Otan et rassurer ces alliés de l’Est.» Le président Biden s’est contenté d’annoncer des «restrictions» sur les exportations de technologies vers la Russie. 

De son côté, l’Union européenne, réunie jeudi en sommet à Bruxelles, a approuvé des sanctions «massives» contre la Russie sans aller jusqu’à exclure le pays du système d’échanges bancaires internationaux Swift, souligne l’AFP. 

«Les dirigeants russes devront faire face à un isolement sans précédent», a promis la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen. C’est le train de sanctions le «plus sévère jamais mis en œuvre» par l’UE, a affirmé le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell. 

De son côté, le Kremlin a promis des répliques «symétriques ou asymétriques» aux sanctions imposées par l’Occident à la Russie en réaction à l’invasion russe de l’Ukraine. «Les mesures de riposte suivront, bien évidemment», a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. 

«A quel point elles seront symétriques ou asymétriques, cela va dépendre de l’analyse des restrictions» imposées à la Russie, a-t-il ajouté. La Russie s’est dite prête à des négociations avec l’Ukraine au cas où elle «dépose les armes», a déclaré hier le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, cité par l’AFP. 

«Nous sommes prêts à des négociations, à n’importe quel moment, dès que les forces armées ukrainiennes entendront notre appel et déposeront les armes», a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à Moscou. Le ministre russe des Affaires étrangères a aussi assuré que l’objectif de l’opération militaire russe contre l’Ukraine était de «libérer» les Ukrainiens «de l’oppression».

«Prenez le pouvoir…»

Le porte-parole du Kremlin a aussi affirmé que Vladimir Poutine était prêt à envoyer une délégation à Minsk, au Bélarus, «pour des négociations avec une délégation ukrainienne». S’exprimant plus tard à la télévision russe, Vladimir Poutine a appelé les militaires ukrainiens à «prendre le pouvoir» à Kiev en renversant le président Zelensky et son entourage, qu’il a qualifiés de «néonazis» et de «drogués». 

«Prenez le pouvoir entre vos mains. Il me semble qu’il sera plus facile de négocier entre vous et moi», a-t-il lancé en direction de l’armée ukrainienne. 

La situation humaine commence à inquiéter, avec déjà des dizaines de milliers de déplacés. Environ 100 000 personnes ont déjà fui leurs foyers et des milliers ont quitté leur pays, selon le Haut-Commissariat de l’Onu pour les réfugiés (HCR), cité par l’AFP. 

«Le Fonds des Nations unies pour l’enfance est profondément préoccupé par le fait que l’intensification des hostilités en Ukraine constitue une menace immédiate pour la vie et le bien-être des 7,5 millions d’enfants du pays», a déclaré dans un communiqué, la directrice exécutive de l’UNICEF, Catherine Russell. 

«Si les combats ne s’apaisent pas, des dizaines de milliers de familles pourraient être déplacées de force», a-t-elle affirmé, signalant que cela augmenterait «considérablement les besoins humanitaires».

Nadir Iddir et agences

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