En mai 2017, N. Modi a dévoilé, à l’occasion d’une réunion de la Banque africaine de développement (BAD) qui s’est tenue à Ahmedabad, en Inde, un autre projet de route commerciale : le «Corridor de la croissance Asie-Afrique», surnommé la «Route de la liberté», pour concurrencer le projet chinois «la route de la soie».
Le Premier ministre indien Narendra Modi a demandé hier que l’Union africaine (UA) devienne membre du G20, le club des pays les plus riches du monde qui doit se réunir en Inde en septembre, rapporte l’AFP citant les propos du chef de l’Exécutif indien. «Nous avons invité l’Union africaine avec l’idée de lui accorder un statut de membre permanent» du G20, a déclaré N. Modi lors du forum d’affaires B20 qui se tenait en prélude au sommet du G20 des 9 et 10 septembre.
En décembre, le Président américain, Joe Biden, a déjà émis le souhait que l’ «UA rejoigne le G20 en tant que membre permanent», assurant que «cela allait se faire». Seul un pays africain, l’Afrique du Sud, est actuellement membre du G20, qui rassemble 19 des plus importantes économies mondiales plus l’Union européenne (UE), soit 85% du PIB mondial et les deux tiers de la population du globe.
Basée à Addis Abeba, capitale de l’Ethiopie, l’UA compte 55 pays membres, totalisant 3 000 milliards de dollars de PIB. New Delhi n’a pas intégré les «Routes de la soie», initiative économique de Pékin, en raison notamment de la question du corridor économique Chine-Pakistan.
Il se sent menacé par le Pakistan et potentiellement par Pékin qui a développé avec Islamabad, depuis de longue date, une coopération multiforme (nucléaire, armement, investissements directs, entre autres). En mars 2015, dans un discours à l’Île Maurice, N. Modi a introduit le concept de «SAGAR», qui veut dire «océan» en hindi et formant en même temps l’acronyme de «Sécurité et croissance pour toute la région». Cette vision signifie que la prospérité économique est si étroitement liée à la sécurité qu’elle ne peut être atteinte sans un environnement régional sûr.
Outre l’aspect économique et la protection de ses approvisionnements, l’Inde se méfie de la stratégie chinoise «collier de perles» qui a pour objectif de garantir la sécurité de ses voies d’approvisionnement maritime via des facilités pour ses navires au Sri Lanka, au Pakistan, au Bangladesh, en Birmanie et aux Maldives. Ainsi, l’Inde a noué en 2018 des accords avec les Seychelles et l’Île Maurice afin d’y installer des bases militaires.
L’ombre de la Chine
En mai 2017, N. Modi a dévoilé, à l’occasion d’une réunion de la Banque africaine de développement (BAD) qui s’est tenue à Ahmedabad, en Inde, un autre projet de route commerciale : le «Corridor de la croissance Asie-Afrique», surnommé la «Route de la liberté», pour concurrencer le projet chinois «la Route de la soie». Il s’agit de créer une région indo-pacifique «libre et ouverte» et de relier ainsi l’Afrique au Pacifique, en passant par l’Asie du Sud et l’Asie du Sud-Est. Le projet est porté par le Japon et l’Inde. Il met l’accent sur le «développement durable», plutôt que sur le commerce, et s’appuie exclusivement sur les voies maritimes à «bas coût» avec une «faible empreinte carbone».
En février, l’Inde a accueilli quarante-huit pays africains au sommet Voice of Global South. Au cours des dernières années, sur les 25 nouvelles ambassades ou consulats ouverts par l’Inde, 18 se trouvent en Afrique. Dans le cadre d’une stratégie d’expansion de sa marine dans l’océan Indien, New Delhi a multiplié sa coopération militaire avec des pays d’Afrique orientale et a mis en place un poste d’écoute à Madagascar en 2007. En mars, sont menés des exercices militaires Afindex pendant dix jours entre l’Inde et 23 pays africains, parmi lesquels l’Éthiopie, l’Égypte, le Kenya, le Maroc, le Nigeria, le Rwanda et l’Afrique du Sud.