En dépit de l’avancée de la numérisation de l’administration et notamment des services de l’état civil et des documents biométriques, des dysfonctionnements ont été constatés par le ministère de l’Intérieur des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire. Une situation jugée inadmissible qu'il «faudra remédier en urgence».
C’est en tout cas la principale exigence d’une récente instruction ministérielle destinée aux walis de la République.
«Ces pratiques vont à l’encontre des efforts consentis par les pouvoirs publics en vue de simplifier et de dématérialiser les démarches administratives», est-il mentionné.
L’instruction énumère «les dysfonctionnements les plus courants constatés, tels que l’obligation pour le citoyen de fournir des documents supplémentaires autres que ceux prévus par la loi et le non-respect des conditions et règles d’accueil des citoyens et de leur droit à l’information et à l’orientation».
Ainsi, cette instruction veut rappeler les objectifs du gouvernement et bousculer les adeptes de la résistance aux changements et à l’attachement à leur zone de confort qui constituent un frein et des contraintes qui ralentissent l’aboutissement du projet global de l’Algérie électronique et la transformation numérique du pays. C’est un impératif et non un choix pour l’Algérie.
Le document relève également des «lacunes en matière d’aménagement des lieux d’accueil des citoyens, qui ne sont pas adaptés à certaines catégories de personnes aux besoins spécifiques», outre «l’absence de conditions de travail appropriées pour les employés et les guichetiers».
L’instruction définit, par ailleurs, nombre de mesures à mettre en œuvre à court terme, dont «le respect des délais de traitement des demandes, l’aménagement optimale des structures d’accueil, le renforcement des moyens d’information et d’orientation, le renforcement des capacités des agents des mairies en termes de gestion des dossiers des documents d’identité, de voyage et de circulation, à travers leur encadrement continu par des employés compétents relevant des daïras et des circonscriptions administratives, et l’organisation de formations à distance à leur profit, notamment via la plateforme électronique du ministère».
Le département que dirige Brahim Merad rappelle que la numérisation de l’administration n’est pas juste un style de vie ou une mode passagère. Il s’agit de la numérisation des tâches et de nouvelles formes de travail. Le but est de réduire les effets néfastes de la bureaucratie sur la vie des citoyens et sur le développement de l’économie.
En 2020, plus de 15,7 millions de passeports, 19,6 millions de pièces d’identité et 1,2 millions de permis biométriques ont été délivrés. Ce processus avait permis aux administrations une économie de 26 millions d’imprimés, soit 110 millions DA par an.
Et en 2017, il était possible d’émettre la carte nationale biométrique sans constitution préalable de dossier pour les demandeurs ayant déjà reçu leur passeport biométrique. Depuis 2018, le ministère avait entamé la conception de sites Internet pour toutes les collectivités territoriales.
Dans le domaine de l’habitat, le secteur de l’Intérieur a mis en place un fichier national des demandeurs de logement permettant le recensement et la numérisation des demandes enregistrées, toutes formules confondues, avec possibilité d’accès à d’autres dossiers numériques, entre autres, les revenus et la propriété pour mieux identifier les priorités.
La numérisation doit être considérée comme un choix politique et non comme un simple ajustement à une évolution technologique. Les réalisations accomplies ont eu comme avantages le gain de temps pour le citoyen, l’éradication des pratiques de clientélisme et la réduction des déplacements, particulièrement pour les habitants des zones éloignées, mal desservies par les transports.
Et pour l’administration publique, la numérisation a contribué à affirmer son efficacité, son engagement à se rapprocher du citoyen et à restaurer sa crédibilité.