Les nouvelles cités AADL, livrées ou en cours de réalisation, suscitent toujours réticence et colère des souscripteurs. Mécontents de l’affectation à laquelle ils ont eu droit, des dizaines de bénéficiaires de ce type de logement refusent carrément de les occuper.
C’est le cas, depuis quelques semaines, des souscripteurs affectés au site des 6500 logements AADL Haouch El-Rih, situé sur les hauteurs de la commune de Meftah.
Ces derniers ont observé, hier matin, un rassemblement devant la maison de la presse Tahar Djaout, à Alger, pour réclamer leur réaffectation vers d’autres sites proches de la capitale. Les contestataires avaient, plusieurs semaines durant, organisé des sit-in devant le siège de l’AADL et le ministère de l’Habitat.
Pour eux, il n’est pas question de rejoindre un «site situé dans une région lointaine et qui est, de surcroît, difficile d’accès». Certains souscripteurs ont soulevé aussi la problématique d’absence de moyens de transport vers ce site. «Nous avons attendu tout ce temps pour obtenir un logement décent.
Finalement, notre rêve devient un cauchemar», lancent-ils. La contestation ne concerne pas seulement le site de Haouch El-Rih.
D'autres nouvelles cités ont été refusées par les demandeurs de logements pour plusieurs raisons, dont l’éloignement et l’absence de commodités. Les premiers contestataires étaient ceux affectés à la nouvelle cité de Sidi Sarhane, sur les hauteurs de la ville de Bouinan. Bâti dans une région montagneuse, ce site n’a pas également été accepté par les souscripteurs, dont une partie a fini – après des mois de contestations – par être réaffectée vers d’autres cités dans la nouvelle ville de Bouinan, qui, elle aussi, n’a pas capté l’intérêt des souscripteurs pour diverses raisons. Pourquoi les souscripteurs AADL refusent-ils de rejoindre leurs nouveaux logements ? Leur contestation est-elle justifiée ?
Des cités-dortoirs !
De l’avis de tous les observateurs, les autorités ont voulu, durant les dix dernières années, gagner la bataille de la quantité de logements construits.
A Alger et dans de nombreuses wilayas et villes du pays, des centaines de chantiers ont été lancés en vue de réaliser des centaines de milliers de logements. Mais, vite un problème s’est posé : la rareté des terrains constructibles, notamment au niveau des grandes villes.
Un véritable casse-tête. Pour remédier à cette situation, les autorités ont décidé de chercher de nouveaux sites à la périphérie des villes, comme c’est le cas à Alger, pour pouvoir réaliser les programmes de logements inscrits. Mais, il semble que les responsables du ministère de l’Habitat n’ont pas pensé à tout.
Les nouvelles villes qui ont poussé comme des champignons partout dans le pays sont en réalité de véritables cités-dortoirs : pas d’aires de jeux pour les enfants, pas de loisirs, pas de terrains de proximité pour la pratique du sport… Mais pas seulement.
Ces cités sont également des citadelles isolées. En l’absence de moyens de transport public (bus, train, tramways…), les habitants de ces nouvelles cités, comme c’est le cas au niveau de la nouvelle ville de Bouinan, souffrent le martyre pour rejoindre leurs lieux de travail le matin et rentrer chez eux le soir. Les personnes véhiculées sont, pour leur part, contraintes de passer plus de 4 heures (en aller-retour) par jour sur les routes.