Niger, un essai à transformer

10/10/2023 mis à jour: 04:25
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Le fait d’avoir été admis comme médiateur dans la «crise politique interne» au Niger est, en soi, une victoire diplomatique pour notre pays. En effet, l’Algérie, qui a toujours prôné le dialogue politique pour résoudre les conflits et les crises politiques plutôt que l’intervention militaire, était attendue au tournant, notamment par les pays membres de la Cédéao et la France. 

Encore une fois, notre pays a marqué le fait géopolitique évident que la région subsaharienne (plus de 3000 km de frontières) faisait partie de sa profondeur stratégique et qu’il entendait bien agir dans ce sens avec tous ses moyens d’influence, pour stabiliser et sécuriser cette région sensible. Ceci, d’autant que les attaques terroristes reprennent dans la région, avec acuité, les divers groupes terroristes profitant des crises politiques internes et du retrait des forces onusiennes de la région, ainsi que celles françaises «invitées» à quitter le pays, par les nouveaux dirigeants du Niger.
 

Avec la déstabilisation de la Libye, divisée en deux «entités politiques», l’une légitime et l’autre de facto, c’est toute la région sahélo-saharienne qui se trouve confrontée à des attaques terroristes, ce qui entraîne des millions de «déplacés» et des futurs migrants vers les pays du Maghreb, en attendant d’immigrer vers l’UE. L’Algérie s’est donc engagée à mettre en branle sa diplomatie pour tenter de trouver une solution consensuelle inclusive, permettant le retour rapide à la légalité constitutionnelle, en consultant toutes les parties concernées, sans exception. 

En outre, elle a appelé à la tenue d’une conférence internationale sur le développement au Sahel, seule solution durable capable de lutter contre l’instabilité politique et l’aventurisme qui caractérisent la région depuis des années.
 

A l’évidence, cette démarche entre en opposition avec toutes celles qui prônent l’intervention militaire directe comme seule solution de traitement du problème et il faut donc s’attendre à une riposte violente contre notre pays, par tous les moyens de propagande et de désinformation, détenus par ces derniers. La diplomatie algérienne doit donc s’en tenir strictement à son rôle de médiateur accepté, sans s’ingérer dans la construction de la solution finale qui est du seul ressort du peuple nigérien exclusivement. 

C’est à cette seule condition que notre pays conservera une certaine crédibilité et le respect de toutes les parties, pour lui permettre de mener à bien sa mission de bons offices. Le déplacement éventuel du ministre des Affaires étrangères, A. Attaf, à Niamey, pour trouver une solution inclusive, avec toutes les parties, s’avère être très délicat et les marges de manœuvre réduites mais possibles, dans la mesure où toutes les parties y mettent de la bonne volonté et que les tentatives de saborder cette démarche soient neutralisées.
 

 Par Mourad Goumiri 

 Enseignant universitaire
 

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