Netanyahu dissout le cabinet de guerre : Qu’est-ce que cela change pour Ghaza ?

20/06/2024 mis à jour: 23:28
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Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a dissous son cabinet de guerre après le retrait de son principal rival, Benny Gantz. Le mouvement palestinien Hamas a immédiatement qualifié cette décision d’une «victoire pour la résistance palestinienne». Qu’en est-il réellement ?

Par cette action, le Premier ministre israélien cherche, d’abord et avant tout, à éviter un effondrement de son gouvernement et de rester en poste jusqu’aux élections prévues en 2026. Il faut comprendre que Netanyahu était sous pression de la part de ministres d’extrême droite de son cabinet de coalition qui souhaitaient rejoindre le cabinet de guerre.

Celui-ci avait été formé le 11 octobre après qu’Israël a lancé son offensive contre les Palestiniens de Ghaza.  Il était constitué comme une entité plus restreinte au sein du cabinet de sécurité, lui-même faisant partie du cabinet de coalition plus large.

Il comprenait le Premier ministre Benjamin Netanyahu, son principal rival, l’ancien général Benny Gantz, le ministre de la Défense Yoav Gallant (celui-là même qui traitait les Palestiniens «d’animaux humains») et trois observateurs : les ministres Aryeh Deri et Gadi Eisenkot, ainsi que le ministre des Affaires stratégiques, Ron Dermer. Le cabinet de guerre était censé prendre rapidement des décisions sur la conduite de la guerre, qui seraient ensuite soumises à l’approbation du cabinet élargi.

Dans les faits, il y avait des désaccords et des conflits entre les membres du cabinet de guerre, et en janvier, le journal israélien Haaretz a rapporté que Gallant et Netanyahu «ne se parlent plus» et que les réunions du cabinet de guerre étaient devenues «une arène honteuse de confrontations, de querelles et de discussions qui ne mènent nulle part». Le 9 juin, Gantz et l'observateur Eisenkot, tous deux membres du parti de l’Unité nationale, ont quitté le cabinet de guerre en raison de «l’absence de plan pour Ghaza après la guerre» et du non-retour de tous les otages israéliens.

Et c’est là que d’autres ministres d’extrême droite, portant des projets encore plus machiavéliques, ont accru la pression pour rejoindre ce fameux cabinet de guerre. Dans une lettre adressée à Netanyahu la semaine dernière, l’un d’entre eux, Ben-Gvir, a écrit que la guerre d’Israël avait été «menée en secret» pendant les huit derniers mois, à travers «des forums limités qui changent de nom et de définition, tout cela dans le but de contrôler les décisions et d’éviter la discussion d’autres positions qui remettraient en question l’ancienne conception».

Les problématiques Ben-Gvir et Smotrich représentent une circonscription ultra-orthodoxe et d’extrême droite au sein de la politique israélienne avec des discours encore plus terrifiants que ceux du Premier ministre israélien, qui n’est pourtant guère connu pour sa modération ni pour sa clémence envers les Palestiniens.

Ils sont étroitement associés au mouvement des colons, qui continuent de grignoter ce qui reste des terres palestiniennes en Cisjordanie au vu et au su de tout le monde, au détriment du Droit international. Ils avaient même menacé de démissionner si Israël ne lançait pas son assaut actuel sur la ville de Rafah à Ghaza. Les deux hommes avaient également menacé de démissionner si Netanyahu acceptait un accord de cessez-le-feu soutenu par les Etats-Unis.

Ben-Gvir et Smotrich soutiennent, par ailleurs, l’établissement de colonies illégales à Ghaza, après ce qu’ils nomment la «migration volontaire» des Palestiniens vivant là-bas.

Ces pressions mettaient le Premier ministre israélien dans une posture délicate. Etant donné que les partis de Ben-Gvir et Smotrich détiennent ensemble 14 sièges au Parlement israélien, la Knesset, contre 12 sièges détenus par le parti de l’Unité nationale de Benny Gantz, leur retrait entraînerait l’effondrement du gouvernement de coalition et la fin du mandat de Netanyahu.

Aussi a-t-il procédé à la dissolution de ce cabinet. «Le cabinet était dans l’accord de coalition avec Gantz, à sa demande. Dès que Gantz est parti, il n’y avait plus besoin de ce cabinet», a déclaré Netanyahu, pour justifier son action. Désormais, le Premier ministre devrait consulter un groupe restreint de ministres, dont le ministre de la Défense, Yoav Gallant, et le ministre des Affaires stratégiques, Ron Dermer, qui faisaient partie du cabinet de guerre.

Les observateurs estiment que le  départ de Benny Gantz, seul élément dit «centriste» au sein de la coalition d’extrême droite de Netanyahu, aurait retiré un contrepoids important dans la gestion de la guerre. Critiquant le gouvernement pour son absence de plan post-guerre pour Ghaza, Gantz a appelé à des élections, augmentant ainsi la pression sur Netanyahu. Au final, cette dissolution signifie pour les Palestiniens de Ghaza que leur situation, au mieux, ne s’aggravera pas. 
 

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