Musique : L’artiste Maurice El Médioni est décédé

31/03/2024 mis à jour: 23:59
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L’artiste d’origine oranaise Maurice El Médioni, né à Oran le 18 octobre 1928, est décédé en Israël le 25 mars 2024, à l’âge de 95 ans.

 Puisant dans les traditions ancestrales de la musique juive du Maghreb, et nourri des musiques arabes, il a construit un mélange original dans les années d’après la Seconde Guerre mondiale avec une musique revisitée aux sonorités modernes du jazz et de la variété. 

’est en écoutant les musiciens américains après le débarquement allié le 8 novembre 1942 qu’il a envie de les imiter. Croisant ces airs d’outre-Atlantique avec son terroir juif et arabe, il créera un style original qui le rend reconnaissable entre tous. 
C’est en 1961 que la guerre l’incite à quitter l’Algérie. Il part d’abord pour Israël, puis finalement opte rapidement pour la France, et notamment Marseille où il devient commerçant, tout en menant une très précaire vie de musicien, le genre arabo-judéo n’étant pas encore à la mode. 
 

La rédactrice du Monde, Véronique Mortaigne, note : «Il aimait les calembours, le swing, la bonne humeur et l’Algérie multiple. Il y avait ‘‘laissé les entrailles’’», après en être parti (…). 

Rond, allègre, parfois grave, il avait inventé le «piano oriental». Son style très mélangé, fleuri, fut l’une des pièces maîtresses de la chanson francarabe, genre judéo-arabe où excellaient Lili Boniche, Reinette l’Oranaise, Lili Labassi, Line Monty ou Blond-Blond, témoins privilégiés de l’apport de la culture juive dans les musiques du Maghreb. 
Maurice El Médioni, note Le Monde, était le neveu de Saoud l’Oranais (Messaoud El Médioni), violoniste virtuose du style hawzi. Compositeur, mentor de Reinette l’Oranaise, il avait ouvert un café au Derb, le quartier juif d’Oran, avec son frère, père de Maurice. Saoud l’Oranais fut arrêté à Marseille en 1943 lors de la grande rafle commise avec l’aide des Français par les Allemands qui détruisirent plusieurs quartiers proche du Vieux Port. L’oncle mourut en déportation au camp de Sobibor, en Pologne. 

Le retour en grâce de cette musique judéo-arabe intervint dans les années 1990 lorsque paraît une collection d’albums, Trésors de la chanson judéo-arabe. Comme Lili Boniche et d’autres, El Médioni a alors la possibilité de sortir de la nostalgie pour animer la scène. 

Notamment autour du grand projet El Gusto, qui fait se retrouver en 2011 anciens musiciens et chanteurs juifs et musulmans d’Algérie, autour de la réalisatrice Safinez Bousbia qui en fait un documentaire. Les concerts s’enchaînent alors pour El Médioni et ses collègues déjà âgés comme un dernier adieu à la scène musicale qui avait failli les oublier. 
 

France
De notre correspondant Walid Mebarek

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