Un musée d’Amsterdam accueille, depuis hier, une exposition inédite de 72 photographies de rue grand format, prises par les frères Séeberger dans le Paris de la Belle Epoque.
«Revoir Paris» est le fruit de la collaboration entre le musée de photographie Huis Marseille à Amsterdam et le musée Carnavalet à Paris, gardien des tirages exposés, issus de quatre concours de photographie organisés au tout début du XXe siècle dans la capitale française. Derrière ces clichés représentant un vaste éventail d’expériences parisiennes : Jules, Louis et Henri Séeberger, trois frères amateurs de photographie, avides de faire leurs preuves à une époque où cet art visuel était en plein essor.
«Les thèmes des concours étaient le paysage urbain et les frères Séeberger ont eu envie d’inscrire des figures dans ces paysages, de les animer en quelque sorte», explique à l’AFP Anne de Mondenard, historienne de la photographie et curatrice de l’exposition. Parmi les 72 tirages exposés, l’un montre un groupe d’habitants emmitouflés dans de longs manteaux, fixant d’un air curieux l’objectif de l’appareil dans le vieux Mont martre en février 1904.
Deux ans plus tard, un autre cliché présente des familles en habits chics qui entourent une fontaine du jardin du Luxembourg, à la recherche de fraîcheur pendant l’été 1906. «C’est ça aussi qui rend ces photographies si attractives, parce qu’elles donnent une présence particulière aux personnages qui sont photographiés», poursuit Mme de Mondenard. 16 des images en exposition ont été redécouvertes en 2017 dans le grenier du musée Carnavalet, peu après une rénovation.
Les frères Séeberger, des «amateurs professionnels», plaisante Mme de Mondenard, se sont distingués par la qualité de leurs tirages, et cela malgré leur grand format, inhabituel pour l’époque. En mettant un point d’orgue à intégrer des personnages du quotidien dans leurs paysages urbains, les trois frères ont également été des précurseurs de la photographie de rue telle qu’on la connaît aujourd’hui.
«On peut dire qu’il y a une première révolution à cette époque-là, fin du XIXe début XXe, pour la photographie amateur», conclut Mme de Mondenard. De nos jours, le boum de la photographie avec des smartphones représente sa propre révolution, dans la continuité de ce processus, selon la curatrice. L’exposition «Revoir Paris» se tiendra du 15 février au 22 juin.