Moscou promet une riposte «forte»

24/02/2022 mis à jour: 12:07
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Un peu plus tôt dans la journée, le président russe, Vladimir Poutine, a mis l’accent sur le caractère «non négociable» des intérêts et de la sécurité de son pays, tout en se disant disposé à trouver des «solutions diplomatiques» dans la crise avec l’Ukraine.

La Russie a promis hier une riposte «forte» et «douloureuse» aux sanctions américaines annoncées la veille par Washington, rapporte l’AFP citant la diplomatie russe. Sanctions qui interviennent suite à la reconnaissance, lundi, par le Kremlin de l’indépendance de deux territoires séparatistes prorusses dans l’est de l’Ukraine, les «républiques» autoproclamées de Donetsk et Lougansk.

«Il ne doit pas y avoir de doute : il y aura une riposte forte aux sanctions, pas forcément symétrique, mais bien calculée et douloureuse pour la partie américaine», a indiqué le ministère des Affaires étrangères russe dans un communiqué. «La Russie a prouvé qu’elle était capable de minimiser le préjudice infligé, quels que soient les coûts des sanctions», a-t-il ajouté, observant que les «pressions de sanctions ne peuvent pas influencer la volonté russe de défendre fermement ses intérêts». Si elle dénonce le «chantage et l’intimidation» de la part de Washington, la Russie reste toujours «ouverte à la diplomatie fondée sur les principes du respect mutuel, d’égalité et de prise en compte des intérêts mutuels», selon le communiqué.

Un peu plus tôt dans la journée, le président russe, Vladimir Poutine, a mis l’accent sur le caractère «non négociable» des intérêts et de la sécurité de son pays, tout en se disant disposé à trouver des «solutions diplomatiques» dans la crise avec l’Ukraine. «Notre pays est toujours ouvert à un dialogue direct et honnête pour trouver des solutions diplomatiques aux problèmes les plus complexes», a déclaré V. Poutine dans un discours télévisé. «Cependant, les intérêts et la sécurité de nos citoyens sont pour nous non négociables», a poursuivi V. Poutine qui réclame aux Occidentaux des garanties, telles que la promesse que l’Ukraine n'intégrera jamais l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (Otan) et la fin du renforcement de l’Alliance à ses frontières.

Citant comme menaces pour la Russie «le relâchement du système de contrôle des armements» et «les activités militaires de l’Otan», il a une nouvelle fois estimé que les inquiétudes de son pays restaient «sans réponse». Il a également promis de continuer à développer les capacités de l’armée et de la flotte russes, les «technologies numériques avancées» et l’intelligence artificielle autant que les armes dites «hypersoniques».

Sanctions

De leur côté, les dirigeants des 27 pays de l’Union européenne (UE)  tiendront, aujourd’hui, à Bruxelles, un sommet sur l’Ukraine, a annoncé hier le président du Conseil européen, Charles Michel. «Les actions agressives de la Fédération de Russie violent le droit international ainsi que l’intégrité territoriale et la souveraineté de l’Ukraine. Elles portent également atteinte à l’ordre de sécurité européen. Il est important que nous restions unis et déterminés et que nous définissions ensemble notre approche et nos actions collectives», a déclaré le responsable européen dans un communiqué.

De son côté, le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a annoncé qu’il ne rencontrerait pas, comme prévu aujourd’hui à Genève, son homologue russe Sergueï Lavrov, tout comme le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, qui a annulé son entretien avec ce dernier prévu demain à Paris.

Washington a annoncé, mardi, une «première tranche» de sanctions financières visant à couper la Russie de financements occidentaux pour sa dette souveraine et ses dépenses militaires notamment, et a averti que des mesures supplémentaires seraient prises en cas d’«escalade» russe en Ukraine. «Nous mettons en place de vastes sanctions sur la dette souveraine russe. Cela signifie que nous coupons le gouvernement russe du financement occidental», a déclaré le président américain, Joe Biden, lors d’une allocution.

La Russie, par conséquent, «ne peut plus lever d’argent à l’Ouest et ne peut plus négocier sa nouvelle dette sur nos marchés ni sur les marchés européens», a-t-il précisé. Deux banques publiques russes sont également visées : VEB (la banque publique de développement Vnesheconombank) et Promsvyazbank (PSB). La première est «cruciale pour la capacité de la Russie à lever des fonds», et PSB «pour le secteur de la défense», a précisé le département au Trésor dans un communiqué distinct. Il leur est désormais interdit de commercer avec les Etats-Unis et elles sont coupées du système financier américain, leurs avoirs qui y sont détenus sont gelés.

L’ensemble du secteur bancaire russe pourrait être visé par des sanctions, si la Russie poursuit son invasion de l’Ukraine, a en outre affirmé un responsable américain à la presse, citant les grandes banques Sberbank et VTB. Des contrôles à l’exportation qui arrêteraient le flux de composants high-tech vers la Russie sont également un «élément-clé de nos potentielles sanctions», a-t-il dit.

Quant à une exclusion de la Russie du système international Swift, essentiel pour les échanges bancaires internationaux, elle ne fait pas non plus partie de cette première salve de sanctions, mais «reste une option», a prévenu ce responsable. Il s’agit en effet, a précisé Joe Biden, d’une «première tranche de sanctions», prévenant la Russie qu’elle paierait «un prix plus élevé, si elle poursuit son agression, y compris des sanctions supplémentaires».

Aussi, Washington s’est attaqué à cinq proches du président Poutine et leurs familles, qui voient leurs avoirs aux Etats-Unis gelés et sont exclus du système financier américain. Ces actions «lancent le processus de démantèlement du réseau financier du Kremlin et de sa capacité à financer des activités déstabilisatrices en Ukraine et dans le monde», a déclaré la secrétaire au Trésor, Janet Yellen, citée dans le communiqué, évoquant à son tour la possibilité de sanctions supplémentaires «qui auront un impact grave et durable sur l’économie russe».

Ce même jour un peu plus tôt, des sanctions ont également été annoncées par l’Union européenne, le Japon, l’Australie, le Canada, l’Allemagne et la Grande-Bretagne. Berlin a notamment gelé le gigantesque projet de gazoduc Nord Stream II, qui devait acheminer encore davantage de gaz russe en Allemagne. 

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