Mort subite due à la consommation des drogues : Le Pr Nibouche sonne l’alarme

10/05/2023 mis à jour: 01:50
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Photo : D. R.

C’est une alerte sérieuse que les professionnels de la santé lancent aujourd’hui quant à la montée exponentielle des cas de mort subite enregistrés chez les jeunes. Des décès qui sont assez souvent étroitement liés à la consommation des drogues.

«Nous voyons de plus en plus de morts subites causées par les drogues consommées à fortes doses», affirme le professeur Djamel Eddine Nibouche, chef de service de cardiologie à l’hôpital Nafissa Hamoud d’Alger ex-Parnet, lors de son passage sur les ondes de la Chaîne III de la radio algérienne. S’appuyant sur des statistiques, il constate de plus en plus de «complications» liées à la consommation de drogues d’origine médicamenteuse, entre autres.

Ce professeur fait état de nombreux cas d’intoxications liées au surdosage de drogues mélangées à des subsistances toxiques. «Les cocktails nocifs et les associations de drogues hautement toxiques consommés constituent la cause principale de la mort subite chez des sujets de plus en plus jeunes», prévient-il, tout en préconisant que les statistiques des morts subites dues à la consommation de drogues soient impérativement déclarées et rendues publiques, une manière d’alerter l’opinion nationale. Autre signal d’alerte donné par ce professeur, les cas d’accidents de la route provoqués par la consommation de psychotropes ou tout autre type de stupéfiants. Le Pr Nibouche plaide ainsi pour «une étude sérieuse et approfondie» de ce phénomène afin de mettre les moyens nécessaires pour le juguler.

Observatoire de vigilance

Soulignant l’ampleur de la consommation de la drogue en milieu scolaire, y compris au cycle primaire, l’invité de la Chaîne III évoque, non sans inquiétude, l’origine inconnue de ces drogues et leur composition, puisqu’ «elles sont fabriquées par des laboratoires clandestins et introduites illégalement à travers les frontières». Face à cette situation préoccupante, le spécialiste recommande une prise en charge dans les pavillons des urgences pour les patients présentant des signes de consommation de stupéfiants.

«Nous recevons des jeunes en situation de manque, avec des troubles cardio-vasculaires. La gestion devient extrêmement difficile et une réflexion sur une stratégie sanitaire de prise en charge médicale, comme par exemple des unités spéciales pour traiter les effets nocifs de la drogue dans chaque hôpital qui s’avèrent aujourd’hui nécessaires», dit-il. Il appelle les autorités à engager la réflexion sur la prise en charge adéquate des toxicomanes. Selon le Pr Nibouche, l’introduction des drogues suit «une stratégie planifiée et bien étudiée visant à détruire le pays».

Il appelle à l’implication des parents et de la société civile dans la lutte contre ce fléau qui menace l’Algérie, notamment par la création de comités de quartier dont la mission sera de sensibiliser les jeunes et de dénoncer les dealers. Il suggère la création d’un «observatoire de vigilance» qu’il estime nécessaire notamment pour une surveillance accrue dans les écoles afin de protéger les enfants, qui deviennent une cible de choix des réseaux de trafics de drogue qui œuvrent par tous les moyens à élargir leur «marché». «Le processus doit être arrêté», insiste le Pr Nibouche. 

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