Mohamed Laagab à propos de la situation des médias en Algérie : «Rares sont les journaux qui s’acquittent de leurs dettes auprès des imprimeries»

09/11/2023 mis à jour: 00:13
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Le ministre de la Communication Mohamed Laaga lors de son intervention, mardi soir, à l'APN / photo : H. Lyès

Le débat autour du projet de loi relatif à la presse écrite et électronique a pris fin mardi en fin d’après-midi avec les réponses du ministre de la Communication, Mohamed Lagaab, aux préoccupations et interrogations des députés. 

Lors des débats, plusieurs parlementaires de différentes obédiences ont insisté sur l’importance d’élaborer une loi sur la publicité, qualifiant cette dernière de «nerf de la guerre». Zehouf Azzedine, député du MSP, et Mohamed Menouar Ben Cherif, du parti El Moustakbal, pensent que les supports médiatiques doivent se soumettre à une concurrence loyale dans le cadre d’une loi équitable sur la publicité, d’où l’urgence de mettre sur pied ce texte. 

Ces élus ont évoqué l’importance de consacrer la liberté d’expression, qui ne peut être dissociée des autres libertés, et ce, loin de toutes les pressions, «publicitaire ou autres», comme ils ont plaidé pour une prise en charge concrète des problèmes socioprofessionnels des journalistes. Ces députés ont salué la volonté d’assainir le secteur, affirmant que le nombre de 160 publications quotidiennes ne saurait constituer à lui seul un «paramètre de la bonne santé» de la sphère médiatique dans le pays. 
 

Dans ses réponses aux questions des députés, le ministre de la Communication s’est attardé sur le dossier publicitaire, reconnaissant l’existence de dysfonctionnements dans le processus de distribution, compte tenu de l’absence, dit-il, de normes spécifiques. Le ministre a reconnu également l’incapacité de l’Agence nationale d’édition et de publicité (ANEP) à distribuer la manne publicitaire de manière équitable aux 160 journaux accrédités en Algérie, en raison de la complexité de la démarche. Pour M. Laagab, la promotion et la stabilité du secteur publicitaire implique l’existence de 5 millions de petites et moyennes entreprises. Ainsi l’intervention de l’Etat est indispensable pour renforcer le secteur de la communication. 
 

«L’état supporte 50% du prix du papier»
 

Le ministre a fait remarquer que l’Algérie apporte son soutien au secteur à travers des aides indirectes, notamment concernant le papier, dont les prix ont explosé sur le marché mondial. «L’Etat supporte 50% du prix du papier. L’imprimerie en Algérie a enregistré des pertes de 50% parallèlement à la crise que connaît le marché du papier dans le monde. En sus des journaux qui ne payent pas leurs cotisations à l’imprimerie. Rares sont les journaux qui s’acquittent de leurs dettes auprès des imprimeries. D’où la décision du chef de l’Etat de revoir la structuration de ces imprimeries», déplore-t-il. 

Par ailleurs, M. Laagab rejette les accusations des députés concernant la «restriction de la liberté de la presse», attribuant cela «au manque de moyens financiers» qui, selon lui, a impacté la qualité du contenu. «Ni le Président, ni le gouvernement, ni le ministre de la Communication ne pensent à museler la presse. La faiblesse de la presse résulte du manque de moyens.» Néanmoins, plus loin, il précise que la liberté d’expression existe, mais elle doit être «accompagnée de règles précises définissant son orientation comme cela se fait de par le monde». 
 

Au sujet de la situation vulnérable des journalistes, le ministre a expliqué qu’une réflexion sur une initiative permettant la mise en place d’un fonds national d’aide aux journalistes est envisagée en vue d’améliorer «leurs conditions socioprofessionnelles». La gestion de ce fonds, dira-t-il, n’implique pas nécessairement le recours au budget de l’Etat, mais il peut, d’après M. Laagab, fonctionner avec des donations externes ou des contributions qui émaneront des rentrées publicitaires des titres de presse. 

Enfin, le ministre a indiqué que les textes relatifs au journaliste professionnel, à la carte professionnelle et à l’autorité de régulation «sont désormais prêts». 

 

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