- Vous avez participé récemment à un éductour (caravane d’Algérie) organisé par les agences Med Voyage à Marseille et Alger et Gourari Events à Ghardaia et Timimoun. Quelle a été votre appréciation concernant cette caravane ?
L’organisation de cette caravane de tourisme solidaire à travers Ghardaïa et Timimoun a constitué un moment enrichissant. Ayant déjà visité ces régions à plusieurs reprises, ce voyage m’a permis de revisiter ces lieux avec une perspective nouvelle, en collaboration avec un groupe d’experts. Notre objectif est de réfléchir aux moyens de valoriser ce patrimoine exceptionnel pour les générations futures, tout en assurant sa préservation.
L’engagement de l’Etat à promouvoir le tourisme dans le sud de l’Algérie est une initiative importante, notamment en intégrant les principes du tourisme solidaire. Ce dernier peut jouer un rôle-clé dans l’amélioration des conditions de vie des populations locales tout en faisant découvrir aux visiteurs, nationaux et internationaux, la richesse et la diversité de notre patrimoine.
Enfin, inscrire le tourisme dans la culture de la paix, comme l’a préconisé l’Organisation mondiale du tourisme cette année, est un enjeu essentiel. Les populations du Sud, par leur résilience face aux défis climatiques et environnementaux, sont un modèle inspirant à valoriser.
- Pensez-vous que le tourisme solidaire a un avenir en Algérie ?
Le tourisme solidaire a un immense potentiel en Algérie, en particulier lorsqu’il est envisagé sous l’angle de l’équité et de la responsabilité. L’hospitalité algérienne, inscrite dans nos traditions depuis des générations, est un socle solide pour bâtir un modèle de tourisme où les visiteurs et les hôtes tirent profit d’une relation mutuellement bénéfique.
Anciennement, chaque maison réservait une «chambre de l’invité», témoignant de l’importance accordée à l’accueil de l’étranger. Cette tradition pourrait être réinterprétée pour inclure des formes modernes d’accueil, comme l’hébergement chez l’habitant ou les auberges communautaires.
Ces options offrent aux visiteurs une immersion culturelle authentique, tout en générant des revenus directs pour les familles locales. Pour que le tourisme solidaire devienne un pilier du développement durable, il est également important de promouvoir des initiatives comme la touiza, cette tradition de solidarité collective.
En adaptant ces pratiques aux besoins actuels, elles peuvent contribuer à un partage équitable des ressources et des bénéfices entre les parties prenantes. Enfin, une approche responsable implique de sensibiliser les visiteurs aux réalités locales et de les encourager à soutenir des projets qui respectent l’environnement et les communautés.
- Ce genre de tourisme, notamment dans les milieux oasiens, peut-il être une tendance lourde pour l’avenir ?
Le tourisme équitable et responsable dans les milieux oasiens peut effectivement devenir une tendance majeure, à condition d’être encadré avec soin. Ces environnements sont d’une richesse exceptionnelle, mais aussi très fragiles, tant sur le plan écologique que culturel. Il est donc impératif de concevoir des projets qui respectent les écosystèmes tout en préservant le mode de vie des habitants.
Un tourisme responsable dans les oasis pourrait, par exemple, privilégier de petits groupes de visiteurs pour minimiser l’impact environnemental et favoriser des interactions authentiques avec les communautés locales. Ces groupes devraient être sensibilisés à l’importance de préserver les ressources locales, comme l’eau, qui est précieuse dans ces régions.
Pour les habitants, le tourisme solidaire est une chance de partager leurs traditions et savoir-faire, tout en diversifiant leurs revenus. Cela peut inclure le développement de circuits culturels, la mise en valeur de l’artisanat local ou encore l’organisation d’ateliers participatifs où les visiteurs apprennent des techniques artisanales traditionnelles.
En parallèle, des partenariats entre pouvoirs publics, associations locales et entreprises privées sont nécessaires pour garantir un modèle de tourisme équitable. Ces collaborations doivent viser à structurer des offres touristiques de qualité, tout en redistribuant les bénéfices de manière juste et en soutenant les initiatives communautaires.
- Quels sont les facteurs qui favorisent son développement en Algérie et dans le monde ?
L’Algérie dispose de nombreux atouts pour le développement du tourisme solidaire. Sa population, connue pour son hospitalité, constitue une ressource humaine précieuse.
La diversité de ses paysages, allant des montagnes aux déserts en passant par les oasis, offre une richesse visuelle et culturelle incomparable. Son patrimoine, qu’il soit matériel (artisanat, monuments historiques) ou immatériel (traditions, savoir-faire), renforce l’attractivité du pays. Pour soutenir ce développement, il est crucial d’instaurer des dynamiques locales au sein des wilayas et des communes.
Ces initiatives doivent inclure la mise en place de dispositifs encourageant un développement durable, intégrant pleinement le tourisme solidaire comme levier économique et social. Par ailleurs, l’élaboration d’une charte nationale du tourisme solidaire pourrait orienter les acteurs vers des pratiques responsables et innovantes, tout en valorisant les talents locaux.