Jusqu’au 1er décembre prochain, la maison Nahla située à la rue Mokrane Zouaoui, accueille une exposition plastique de l’artiste Mizo, intitulée Mutation dont les compositions argentiques renvoient à une profonde réflexion.
Le public est convié à découvrir le talent de l’artiste, à travers une synthèse de son travail, dont les œuvres puisées d’une réalité socioculturelle algérienne présentent des allures de dualité. Amateur de cet art visuel, Mizo s’est lancé dès son adolescence dans ce segment artistique et fort interrogateur. Il pratique cette passion plastique avec le souci du détail où le signe et le symbole interpellent le regard et font ressortir tant de messages. Alliant photographie et peinture avec un zeste d’intelligence artificielle, le plasticien laisse émerger sa réflexion qui ne laisse pas insensible le visiteur, tant les signes et codes révélateurs qu’il «couche» sur ses œuvres composent parfois avec l’image antinomique.
L’artiste titille l’esprit, secoue le réel, bouscule le conventionnel, rompt avec la perception du figé... Témoin l’œuvre L’Occidentale, cette femme d’ailleurs qui «s’orientalise», en couvrant son corps d’un voile et se tatouant le visage, ce qui nous rappelle quelque peu la femme chaouie ou encore cette femme autochtone ou locale qui, en 1962, s’affranchit de son voile, une idée davantage véhiculée par les militaires français du 5e bureau qui, en 1958 à Alger, «exhortaient la femme algérienne à s’en défaire».
Cette mutation signifierait-t-elle chez l’artiste ce désir irrésistible de changer et d’aller vers le progrès ou serait-elle synonyme d’égarement d’identité, voire de la mémoire ? Résumerait-elle cette contre-interrogation où s’opposent l’universel au particulier, la modernité à la tradition, la simplicité à la complexité, l’enfermement à la liberté, le possible à l’impossible, la résistance à la soumission... ?
Ce à quoi s’attelle en clair l’artiste qui tient à mettre en avant ce paradigme ; ce jeu d’opposition qui, quelque part, met en évidence aussi «cette structure ontologique qui fait de l’être un mutant», selon l’œil avisé de Mazia Djab.