Inaugurée avant-hier par le président de la République, la nouvelle station de dessalement de l'eau de mer (SDEM) de Cap Djinet, dans la wilaya de Boumerdès, va améliorer l’approvisionnement en eau potable de trois millions d’habitants.
Après avoir suivi un exposé détaillé sur les étapes de réalisation et le fonctionnement de l’usine, le chef de l’Etat a affirmé que «la satisfaction des besoins des citoyens à travers l'ensemble du territoire national est sa principale préoccupation». «Comme je l'ai dit lors de l'inauguration des trois usines de dessalement de l'eau de mer ayant précédé l'usine Cap Djinet 2, c'est une immense fierté de remplir un devoir pour lequel nos valeureux chouhada se sont sacrifiés durant la Révolution.
Aujourd'hui, nous concrétisons leurs rêves, particulièrement en ce mois de mars, mois des chouhada durant lequel la plupart des chefs de la glorieuse Révolution de libération sont tombés en martyrs», a-t-il déclaré, soulignant que la réalisation d’usines de dessalement de l’eau de mer visait à pallier les conséquences du manque de précipitations et à préserver la nappe phréatique.
D’une capacité de 300 000 m3/jour, la SDEM de Cap Djinet permettra de tourner la page du stress hydrique dans plusieurs communes de Boumerdès et des wilayas limitrophes. Elle va réduire considérablement la dépendance aux eaux superficielles et souterraines encore très sollicitées malgré le manque de pluviométrie.
Dans la wilaya de Boumerdès, près de 60% (130 000 m3/j) des eaux mobilisées pour alimenter les populations proviennent des barrages (120 000 m3/j de Taksebt et 10 000 m3/j de Keddara), a précisé la semaine passée Youcef Hadhoum, directeur de l’unité locale de l’ADE.
Le même responsable a souligné que la wilaya a bénéficié depuis le début du mois de Ramadhan d’un quota supplémentaire de 20 000 m3 à partir de Taksebt, ce qui a permis d’améliorer l’approvisionnement dans plusieurs localités de la région, à l’instar de Khemis El Khechna, Ouled Moussa, Hammadi, Boudouaou, Ouled Heddadj, etc. M. Hadhoum a souligné que 22% des foyers de la wilaya reçoivent l’eau chaque jour, 29% sont approvisionnés 1 j/2, 21% 1 j/3 et 28% une fois chaque 4 jours ou plus. La mise en service de la 2e station de Cap Djinet intervient au bon moment et augure des jours meilleurs pour des milliers d’habitants.
Pour améliorer la distribution, de nombreux projets ont été lancés, afin de rénover les réseaux et améliorer les capacités de stockage.
C’est le cas à Khemis El Khechna, Afir, Chabet El Ameur, Timezrit où l’arrivée des eaux dessalées pourrait sceller la fin des pénuries avant l’été. Idem à Légata, Issers et les villages du versant est de Cap Djinet qui ont bénéficié d’une enveloppe globale de plus de 450 millions de dinars pour la rénovation des conduites d’AEP, afin de réduire les fuites et le gaspillage. La nouvelle usine de dessalement de Cap Djinet devra profiter aussi aux localités de l’extrême ouest de Tizi Ouzou, notamment Tizi Gheniff et M’kira, durement affectées par le manque du précieux liquide.
Des projets en perspective
Alimentés à partir du barrage de Koudiet Asserdoun, certains foyers reçoivent l’eau potable une fois par semaine ou plus. «C’est la principale préoccupation de la population, mais nous sommes convaincus que les choses vont changer avec la réception de la station de Cap Djinet», souhaite le P/APC de M’kira, Kamel Khelifi, précisant que les réseaux de distribution ont dépassé 80% d’avancement. «Un réservoir de 5000 m3 a déjà été réalisé à Timezrit et il y aura d’autres à l’avenir dans les villages de Taka, Vouhadj, Aït Messaoud et Maânden», a-t-il indiqué.
La situation va s’améliorer encore davantage avec la réception du barrage de Tizi n’Tlata, dont les travaux ont connu hélas beaucoup de retard. S’agissant des localités du versant nord de Tizi Ouzou, elles seront approvisionnées à partir des stations en cours de réalisation à Tamda Ouguemoun (60 000 m3/j) et à Aït Chafaâ (300 000 m3/j).
La première devra couvrir les besoins de 11 communes, mais le chantier bute sur plusieurs contraintes, a déclaré récemment un responsable à la direction de l’hydraulique. Le président de la République a rappelé, avant-hier, que «le recours au dessalement d’eau de mer vise à épargner aux citoyens les conséquences de la rareté des précipitations et des eaux souterraines».
A moyen terme, une partie des eaux de la station de Cap Djinet peuvent être pompées vers le barrage de Koudiet Asserdoune (Bouira), afin d’être acheminées vers les localités de M’sila et Médéa, indique un haut responsable de l’ADE. «Koudiet Asserdoune est à 10% de ses capacités. Le dessalement est le seul moyen de garantir la sécurité hydrique des populations de ces régions», estime-t-il.
A Djebahia, commune sise à 40 km de ce barrage, l’eau arrive dans certains foyers une fois chaque six jours. «Nous avons passé un été très difficile. La baisse du niveau du barrage nous a contraints à lancer deux nouveaux barrages, dont un sera mis en service incessamment», a indiqué le P/APC, B. Belkacem.
En janvier dernier, le taux de remplissage des barrages était estimé à 34,96% au niveau national et à 16% au niveau des barrages du centre du pays.
Le ministre de l’Hydraulique assure que le plan d’approvisionnement des citoyens en eau potable est basé sur un scénario prévoyant l’absence totale de pluie au cours de l’année, soit le pire scénario. D’où la décision de multiplier les stations de dessalement dont la réalisation a été assurée avec succès en un temps record par des entreprises et une main-d’œuvre 100% algériennes.
Boumerdès
De notre bureau Ramdane Kebbabi