Migration clandestine : Le nombre de harraga morts en Méditerranée en hausse

09/03/2024 mis à jour: 06:25
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Photo : D. R.

En janvier dernier, l’ONG espagnole Caminando Fronteras a annoncé, dans un rapport, que «6618 migrants ont perdu la vie en tentant de rejoindre l’Espagne depuis les côtes nord-africaines en 2023».

L’année 2023 est la plus meurtrière de la décennie pour les migrants clandestins. Selon les derniers chiffres de l’Organisation mondiale pour les migrations (OIM), au moins 8565 personnes sont mortes sur les routes de la migration dans le monde, l’année dernière, principalement en Méditerranée.

«Le nombre de morts en 2023 représente une augmentation tragique de 20% par rapport à celui de 2022, ce qui souligne le besoin urgent d’agir pour éviter de nouvelles pertes en vies humaines», alerte cette agence de l’ONU dans un communiqué.

L’Afrique du Nord est fortement concernée par ce bilan dramatique. A commencer par l’Algérie. Selon le sociologue et spécialiste des mouvements migratoires, Mohamed Saïb Musette, le pays compte le plus de harraga en provenance d’Afrique du Nord (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye et Egypte) qui ont trouvé la mort durant la traversée.

Dans une note d’analyse des chiffres de l’OIM, le chercheur algérien fait, en effet, remarquer que la plupart des décès liés à la «harga» (migration clandestine) ont lieu en Méditerranée. «D’une manière globale, les ressortissants du Maroc tiennent la première position pour le dernier trimestre 2023, en nombre de tentatives de migration.

Les tentatives en provenance de l’Algérie donnent une moyenne mensuelle, assez faible par rapport à d’autres pays de l’Afrique du Nord, avec 596 reversées pour l’année 2023. Mais l’Algérie compte plus de décès, soit 36% des 671 observées par l’OIM dans les pays de l’Afrique du Nord», écrit le sociologue dans une note publiée sur sa page Linkedin.

Soulignant que la destination des candidats à la migration est, comme le confirment les données de  l’agence Frontex, les 27 pays de l’Union européenne, le chercheur souligne une hausse du nombre de harraga d’Afrique du Nord durant l’année écoulée. «Ces données font état de 379 929 tentatives d’immigration irrégulière, à travers l’ensemble des voies (terrestre, maritime) vers les 27 pays de l’UE pour l’année 2023.

La part de tentatives en provenance de l’Afrique s’élève à 178 796, soit près de la moitié (47%), dont le tiers (34%) venant des pays de l’Afrique du Nord avec 61 726 candidats», explique le chercheur.

Par voie maritime, la proportion des traversées en provenance de l’Afrique du Nord est encore plus élevée. «Les tentatives par voie maritime (toutes les routes) montrent que les pays de l’Afrique du Nord (Algérie, Egypte, Libye Maroc, Tunisie, Soudan) cumulent 84% de traversées vers les rives des pays du Nord», explique-t-il.

Par période de l’année, Mohamed Saïb Musette affirme «que l’observation de l’évolution des traversées maritimes mensuelles en 2023 confirme une poussée exceptionnelle des Tunisiens durant la période estivale, mais durant le premier semestre de la même année, ce sont les Egyptiens qui enregistrent le plus d'interceptions.

Les traversées en provenance de la Libye semblent très faibles». «Cette faiblesse est à relativiser sachant les victimes du naufrage de l’Ariana au large de la Grèce proviennent de la Libye», fait-il remarquer.

En janvier dernier, rappelons-le, l’ONG espagnole Caminando Fronteras a annoncé dans un rapport que «6618 migrants ont perdu la vie en tentant de rejoindre l’Espagne depuis les côtes nord-africaines en 2023».

Ce document, qui a traité l’afflux de migrants irréguliers vers l’Espagne durant l’année écoulée, souligne que le nombre de morts ou de disparus en mer a augmenté de 117% par rapport à 2022.

Selon l’ONG, «l’année 2023 a été l’année la plus meurtrière avec en moyenne un mort toutes les 18 minutes dans les eaux entre l’Afrique du Nord et l’Espagne». 
 

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