Après ceux de Haute-Corse (France) et de Sardaigne (Italie), où ils sont respectivement produits dans les régions de Balagne, sur la côte nord-ouest de l'île corse, et de Gallura au nord-est de l’île sarde, le miel d’arbousier de l’Edough à Annaba (Algérie) sera le troisième à bénéficier d’un label à l’échelle de la Méditerranée.
L’annonce a été faite par Hichem Senhadji, SG de l’Association protection et valorisation du miel de l’Edough, en marge du marché du miel, tenu il y a quelques jours au consulat de France à Annaba.
Organisé à l’initiative de François Pugeaut, le consul général, et Sonia Kadri, présidente de l’Association femmes et développement rural (bureau de Souk Ahras), il a rassemblé des exposants issus de différentes régions du pays. «Lancé en 2018, le processus de labellisation du miel d’arbousier de la région de l’Edough est en bonne voie.
Outre notre Association, y sont à pied d’œuvre les universités d’Annaba, d’El Tarf ainsi que le Centre de recherche en environnement (CRE), et ce, sous la supervision des ministères concernés. Les labels les plus connus sont l’Appellation d’origine protégée (AOP), l’Indication géographique protégée (IGP), BIO... Actuellement, nous sommes au stade de l’Appellation d’Origine (AO)», indique M. Senhadji.
Et de se réjouir : «La filière apicole algérienne se distingue par la qualité connue et reconnue du miel provenant de nombre de régions, Chachar (Khenchela) et Messaad (Djelfa), en particulier. Il existe plusieurs variétés de miel, dont jujubier, d’arbousier, d’eucalyptus, d’euphorbe et de moutarde sauvage, entre autres.»
C'est un miel médicinal par excellence
«Le miel d’arbousier de l’Edough est, toutefois, le seul et unique à être retenu pour porter le premier label en Algérie», tient à souligner notre interlocuteur. «Deglet Nour de Tolga, les figues de Beni Maouche, en Kabylie, et le fromage de Bouhaza (Oum El Bouaghi) sont tous labélisés Indication géographique (IG).
Notre miel sera ainsi le premier produit algérien à se voir homologué AO.» Quels sont les critères ayant valu au miel d’arbousier, également appelé «arbre aux fraises», cette «distinction» exclusive ? «Il faut d’abord souligner que la particularité de la région de l’Edough est qu’on y trouve des plantes endémiques qui n’existent nulle part ailleurs.
L’arbousier qui en fait partie est une plante indigène à la floraison spontanée. Très rare, son miel est monofloral, extrait du nectar de la fleur de l’arbousier. Les abeilles s’en servent aussi pour assurer leurs réserves d’hivernage. Ce miel se singularise par son amertume marquée, son odeur assez forte et sa saveur particulière, quelque peu épicée.
C’est justement ce goût marqué, très différent de tout autre miel, qui fait qu’il soit très prisé par de grands noms de la haute gastronomie mondiale pour les besoins de leurs préparations, salées ou sucrées soient-elles», explique Abdenour Benlameri, apiculteur et spécialiste des produits de ruche. Riche en vitamines et en oligoéléments, cette variété n’a, semble-t-il, pas que des vertus nutritionnelles. Ses propriétés thérapeutiques seraient bien plus nombreuses. «C’est un miel médicinal par excellence, un antiseptique, un diurétique, un anti-inflammatoire.
Il est de plus en plus recommandé dans certaines maladies chroniques telles que le diabète, type2 surtout, l’hypertension artérielle, l’insuffisance cardiaque, etc. Il aide aussi à traiter certains types d’infections rénales et à soulager le rhumatisme, l’arthrite...», abonde M. Senhadji. En somme, une typicité marquée ayant permis au miel d’arbousier de l’Edough de s’adjuger le troisième label en Méditerranée, laissera entendre M. Senhadji.
Son Association, forte de près d’une centaine d’apiculteurs ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. L’homologation du miel de Bruyère (Erica Arborea), autre variété issue des «colonies» de ruchers essaimant autour des maquis de l’Edough, est en cours de floraison.