Matières premières : Tensions sur le marché du blé et du riz

01/08/2023 mis à jour: 08:38
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Après la fermeture du corridor maritime  céréalier avec tous les risques qui pèsent  sur le marché international de blé, la décision de l’Inde le 20 juillet dernier de suspendre les exportations de riz non basmati est venue perturber davantage le marché des matières premières alimentaires. 

Ce sont en effet deux denrées de base  fortement consommées  dans de nombreux pays dépendant des importations qui sont aujourd’hui objet de tensions. Des tensions qui ne sont pas sans conséquences sur les prix. Et ce d’autant que les conditions  climatiques ne sont pas favorables à l’amélioration de la production  avec le stress hydrique, les inondations et les vagues de chaleur dans les régions où sont concentrées ces cultures. Aussi, si la  production de riz a été supérieure à la moyenne l’année dernière, les prix se sont maintenus à un niveau relativement élevé.  

C’est le cas, selon la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), pour les prix du blé et des céréales secondaires (dont le riz) qui  ont atteint en 2021/22 leur niveau le plus élevé depuis vingt ans, avant de commencer  à baisser fin juillet 2022 à la faveur de l’accord sur l’Initiative céréalière de la mer Noire. Mais la tendance risque de s’inverser après les derniers développements. La décision de l’Inde (un pays qui alimente principalement l’Afrique subsaharienne où les importations devraient s’accroître fortement durant la décennie à venir avec une  population  qui augmente plus vite que la production)  a considérablement réduit l’approvisionnement en riz durant la  dernière semaine de juillet alors que  les stocks indiens de riz non basmati sont abondants. Ils s’élevaient, selon la FAO, début juillet, à environ 41 millions de tonnes. 

Cependant, les restrictions à l’exportation ont réduit la confiance dans la fiabilité du commerce international appelé pourtant à croître durant la prochaine décennie toujours selon la FAO. Comme conséquences, les cours du riz ont commencé à flamber. Ils étaient déjà sur une tendance haussière avec l'estimation d’une augmentation de 20 à 25% sur l’année 2023. C'est-à-dire  avant même la décision de New Delhi. Ce sont donc autant d’éléments qui jouent en faveur d’une reprise de l’inflation alimentaire. Les experts ont déjà averti à ce sujet au lendemain de la fermeture du corridor céréalier en mer Noire. «Une fermeture durable du corridor aura un impact sur l'inflation alimentaire, qui jouera sur la sécurité alimentaire», avaient-ils prévenu.  

Maintenant que les restrictions ont touché le riz,  la situation s’annonce difficile à gérer pour les organisations internationales, du moins dans les pays où la famine sévit particulièrement en Asie et en Afrique. Le riz est à titre indicatif l'aliment de base de plus de la moitié de la population mondiale, les régions d'Asie, d'Afrique subsaharienne et d'Amérique du Sud étant les plus gros consommateurs. 

Au cours des dernières années, le marché du riz a connu une croissance considérable en raison de la demande croissante de riz dans les pays émergents et en développement du monde entier. Une demande  accompagnée  paradoxalement par  un fort niveau de gaspillage, comme c’est le cas aussi pour le blé. Ces deux céréales contribuent, selon la FAO, de manière substantielle au total des gaspillages liés à la distribution (22% au cours de la période de référence), qui devrait passer de 180 millions de tonnes au cours de la période de référence à 234 millions de tonnes. 

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