Une nouvelle espèce de chauve-souris vient d’être découverte en Algérie, plus précisément au niveau du massif forestier de l’Akfadou. Il s’agit de la Barbastelle, dont le nom scientifique est Barbastella barbastellus. Sa particularité : «La Barbastelle est une espèce plutôt européenne et non nord-africaine. Elle est aussi phytophile. C’est-à-dire qui vit dans les fissures des arbres.
A l’inverse des autres espèces algériennes, pour la majorité troglophiles, c’est-à-dire qui vivent dans les grottes», explique Mourad Ahmim, enseignant chercheur en écologie et environnement à l’université de Béjaïa à l’origine de la découverte.
En ce qui concerne les circonstances de sa découverte, M. Ahmim raconte : «Je suspectais sa présence en Algérie. Etant difficile à voir et à capturer, nous avons eu recours à la technique de détection des ultrasons de l’echolocation. Grâce à cela, nous avons pu avoir plusieurs séquences de ses cris, qui sont très particuliers, ce qui confirmé sa présence».
Ainsi, sa nouvelle découverte porte le nombre de notre patrimoine chiropterologique à 27 espèces. Si cette découverte est si importante, c’est car «cette espèce de chauve-souris est insectivore et a des préférences forestières en termes d’habitat», affirme M. Ahmim.
«Cela est d’autant bénéfique pour nos forêts qui font l’objet d’épisodes de prévalence d’insectes forestiers parasites des essences forestières, donc elle joue le rôle de régulatrice des effectifs de ces insectes», assure-t-il. Par ailleurs, le spécialiste assure que l’espèce a été déclarée «vulnérable» par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) en 1996. Et en 2008, son statut a été réévalué en «quasi-menacée». Aujourd’hui, la Barbastelle est considérée en danger.
D’ailleurs, le chercheur assure qu’en Europe, les populations de Barbastelle subissent un déclin général depuis le milieu du 20e siècle. En Belgique par exemple, il assure qu’elle a été observée dans 145 sites entre 1930 et 1960. «En Angleterre, elle est très rare et aucune colonie n’est connue.
En Allemagne, Italie, Suisse, Espagne, Hongrie, Yougoslavie elle est rare et en France elle est menacée d’extinction dans beaucoup de départements», précise M. Ahmim. C’est pourquoi, il estime important de la protéger car elle fait partie des rares espèces forestières en Algérie. «Sa protection passe par la protection de son habitat.
Malheureusement, l’Akfadou où elle a été découverte, et le Lac noir, qui est sa zone de chasse, subissent beaucoup de désagréments de la part des visiteurs et touristes qui ont perturbé le site et sa faune». Le chercheur appelle donc à intensifier la protection de cette zone afin de protéger la chauve-souris ainsi que toute la faune du site.