A Mascara, à l’approche de l’Aïd El Fitr, marquant la fin du mois de Ramadhan 1446 de l’Hégire, de nombreuses familles font face à une réalité difficile : des prix de vêtements qui atteignent des sommets, rendant les achats particulièrement compliqués.
Cette flambée des tarifs n’est pas un simple hasard : les commerçants profitent de la forte demande pour augmenter artificiellement les prix, transformant cette fête en une véritable épreuve financière pour les consommateurs.
Paradoxalement, alors que les prix ne cessent de grimper, la wilaya connaît une augmentation impressionnante du nombre de commerces de vêtements, en particulier dans les principales villes telles que Mascara, Mohammadia, Tighennif, Sig et Ghriss, où l’ouverture de nouveaux magasins attire l’attention.
Pourtant, cette multiplication des commerces n’a pas engendré une concurrence bénéfique pour les acheteurs. Bien au contraire, elle semble avoir favorisé une entente tacite entre les commerçants, qui maintiennent des prix élevés et uniformes, rendant l’accès aux vêtements de qualité difficile pour de nombreuses familles, en particulier celles aux revenus modestes.
Face à cette flambée des prix, de nombreux citoyens expriment leur désarroi. «Je ne pense pas pouvoir répondre à toutes les demandes de mes deux enfants. Les prix sont exorbitants ! Comment une tenue pour un enfant de moins de treize ans peut-elle coûter entre 8000 et 10 000 DA ?
Et celle d’un adolescent de 17 ans peut dépasser les 12 000 DA, sans compter les chaussures !», s’indigne Messaoud, employé dans une entreprise de propreté.
D’autres consommateurs ont adopté une stratégie différente pour éviter les prix excessifs. «Pour ne pas acheter à des tarifs exorbitants, j’ai dû acheter les vêtements de mes filles deux mois avant l’Aïd. Certes, les prix étaient déjà élevés, mais pas autant qu’aujourd’hui. Honnêtement, les commerçants ne laisseront jamais passer cette occasion de réaliser des profits considérables. Je pense que de nombreuses familles se retrouveront endettées jusqu’au cou après l’Aïd», témoigne une femme, mère de deux adolescentes de 16 et 18 ans.
Défaut d’affichage
En plus des prix élevés, un autre problème persiste : le non-respect de l’affichage des prix. De nombreux commerçants ne respectent pas cette obligation légale, plongeant les consommateurs dans l’incertitude et limitant leur pouvoir de négociation. Ce manque de transparence, combiné à une relative tolérance des autorités en matière de contrôle, permet à ces pratiques abusives de perdurer, au détriment des citoyens qui aspirent simplement à célébrer l'Aïd dignement.
Comme les années précédentes, aucune mesure efficace n’a été mise en place pour limiter la hausse des prix ou empêcher les abus commerciaux. Au contraire, les commerçants semblent exploiter pleinement la forte demande pour maximiser leurs profits, sans se soucier du pouvoir d’achat des citoyens.
Cette année, un autre phénomène a particulièrement attiré l’attention : l’occupation anarchique de l’espace public par les vendeurs de vêtements. Profitant de la tolérance des autorités locales durant le mois de Ramadhan, de nombreux commerçants ont envahi les trottoirs et les espaces publics, exposant leurs articles et mannequins directement sur la chaussée. Une situation qui a suscité de nombreuses interrogations parmi les citoyens, certains dénonçant un manque de régulation et un laisser-faire qui nuisent à l’organisation des villes et entravent la circulation.
Comme toujours, les commerçants savent tirer profit des grandes occasions, notamment des fêtes religieuses. Pendant le Ramadhan, les vendeurs de denrées alimentaires, de fruits, de légumes et de viandes ont saisi l’opportunité d’augmenter leurs marges.
Pour cet Aïd El Fitr, c’est au tour des commerçants de vêtements d’exploiter la forte demande et de gonfler les prix. Et déjà, du côté des éleveurs de moutons, les préparatifs s’accélèrent pour faire de l’Aïd El Adha une nouvelle manne commerciale.
Mascara/
De notre correspondant Souag Abdelouahab