Marché mondial du travail : Des perspectives fragiles jusqu’en 2023, selon l’OIT

18/01/2022 mis à jour: 06:49
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Dans son dernier rapport publié hier et intitulé : «Emploi et questions sociales dans le monde : tendances 2022», l’Organisation internationale du travail (OIT) estime que dans le monde, le chômage devrait rester au-dessus des niveaux enregistrés avant la Covid-19 jusqu’en 2023 au moins.

Le nombre de chômeurs pour 2022 est estimé à 207 millions, contre 186 millions en 2019. En 2022, le taux d’activité global devrait rester 1,2% inférieur à celui de 2019. Et ce d’autant qu’en 2021, la pandémie de Covid-19 a dominé l’économie mondiale pour la deuxième année consécutive, empêchant un redressement complet et équilibré des marchés du travail.

Pour l’OIT, cette révision à la baisse des prévisions pour l’année qui commence n’est que la conséquence que font peser sur le monde du travail les récents variants de la Covid-19. «Ce qui révèle aussi une grande incertitude quant à la suite de la pandémie», souligne le rapport qui met en garde dans ce sillage contre les différences notables d’impact que la crise de la Covid continue d’avoir sur les différentes catégories de travailleurs et entre les pays.

Dans l’ensemble, les principaux indicateurs du marché du travail dans toutes les régions – Afrique, Amériques, Asie et Pacifique, Etats arabes, ainsi qu’Europe et Asie centrale – n’ont pas encore retrouvé leur niveau d’avant la pandémie.

Ce qui fait que les effets se font sentir sur les marchés du travail de l’ensemble de ces régions, même si des différences importantes dans le rythme de la reprise sont observées. C’est en Amérique du Nord et en Europe que les signes de reprise sont les plus encourageants, alors que les perspectives les plus négatives sont en Asie du Sud-Est, en Amérique latine et dans les Caraïbes.

Sur le plan national, la reprise du marché du travail est la plus forte dans les pays à revenu élevé, alors qu’elle est la plus faible dans les économies à revenu intermédiaire inférieur.

«Ces différences aggravent les inégalités existantes au sein des pays et entre pays et provoquent l’affaiblissement du tissus social et financier de pratiquement tous les pays, quel que soit leur niveau de développement», ajoute l’OIT dans sa publication, estimant qu’il faudra des années pour réparer les dégâts occasionnés. Des craintes sont même affichées quant aux conséquences potentielles à long terme sur le taux d’activité, le revenu des ménages et également sur la cohésion sociale et politique.

C’est dire que deux ans après le début de la crise, les perspectives demeurent fragiles et le chemin de la reprise s’avère lent et incertain. «Nous constatons déjà des dégâts potentiellement durables sur le marché du travail, et nous assistons à une augmentation préoccupante de la pauvreté et des inégalités.

De nombreux travailleurs se voient contraints de passer à de nouveaux types d’emplois, par exemple en raison de la baisse d’activité prolongée dans le secteur des voyages internationaux et du tourisme», fera d’ailleurs remarquer à ce sujet Guy Ryder, directeur général de l’OIT, qui plaidera pour une reprise basée sur les principes du travail décent, «y compris en matière de santé et de sécurité, d’égalité, de protection sociale et de dialogue social».

En attendant cette reprise qui s’annonce de longue haleine avec des incertitudes sur le plan pandémique et avec des marchés de travail loin d’être rétablis, le risque inflationniste s’amplifie, selon l’OIT. «La hausse des prix des produits de base et des biens essentiels réduit nettement le revenu disponible et ajoute ainsi au coût de la crise», indique le rapport.

«A l’avenir, les responsables de la politique macroéconomique devront faire des choix difficiles, avec d’importantes retombées internationales. Des signes de hausse attendue de l’inflation pourraient multiplier les appels à un resserrement plus rapide des politiques monétaire et budgétaire. Dans le même temps, étant donné la nature asymétrique de la reprise, un tel resserrement toucherait particulièrement les ménages à faibles revenus, ce qui signifie qu’il faudra veiller à maintenir des niveaux de protection sociale adéquats», avisent encore les experts de l’OIT. 

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