La vague des prix élevés que connaît l'Algérie ces derniers mois s'est propagée au marché des climatiseurs et des ventilateurs. Les commerçants argumentent les hausses par la forte demande et la baisse de l'offre en raison d’une importation au compte-gouttes et de l'incapacité des usines en Algérie à couvrir l’ensemble de la demande.
La recrudescence de la canicule est en train de transformer la climatisation en produit de première nécessité. Avec la démocratisation de ces équipements, les ventes et nouvelles installations explosent. Au vu des conditions climatiques marquées par une recrudescence des vagues de chaleur, la tendance de généralisation de la climatisation au niveau national ne peut que continuer. Entre le premier achat ou le renouvellement, la note est toujours salée, sans compter les frais d’installation.
Actuellement, il y a une grande spéculation qui se fait autour des climatiseurs. Plusieurs marques sont introuvables dans les showrooms car les commerçants ont acheté tous les stocks auprès des opérateurs pour pouvoir ensuite spéculer sur les prix en toute impunité.
La tension s’est installée, et ils ont commencé à sortir peu à peu leurs stocks et augmenter les prix. Dans ce contexte, l’Association algérienne pour la protection et l’orientation du consommateur et son environnement (Apoce) a dénoncé les prix élevés des climatiseurs, coïncidant avec la canicule qui a touché la plupart des régions du pays.
Dans un post sur sa page Facebook officielle, elle s'est étonnée des prix élevés des climatiseurs sur le marché, alors que «du côté des fabricants, aucune hausse n’a été signalée ni annoncée». Les citoyens, pieds et poings liés, pris à la gorge, attendent l'intervention des services de contrôle pour protéger le consommateur.
Le ministère du commerce directement interpellé
«Les prix élevés déraisonnables et inacceptables des climatiseurs ne sont soumis à aucune loi commerciale. Les prix au niveau de l'usine n'ont pas connu d'augmentation. Il est vrai qu'il y a un manque, mais seulement temporairement. La raison de la pénurie est due au maintien du système de quotas», a souligné le responsable du bureau de Bordj Bou Arréridj de l’Apoce. Selon le même interlocuteur, les prix reviendront à la normale à partir de la semaine prochaine (prix qui restent actuellement inaccessibles au consommateur par rapport au pouvoir d'achat). Il faut «agir avec fermeté car la pratique est qualifiée de spéculation et la loi est claire».
La situation ne peut être expliquée encore moins justifiée par le manque de disponibilité de ce produit sur le marché, ni par l’augmentation des frais du transport au niveau mondial. Profitant de ce déséquilibre dans le réseau de distribution, les grossistes d’El Eulma, El Hamiz et Bordj Bou Arréridj, des régions connues pour les grandes surfaces consacrées spécialement à la vente de ces articles, ont vite fait de faire grimper la facture.
Ainsi, il a été constaté une hausse allant jusqu’à 18 000 DA en l’espace d’une semaine ! Les spéculateurs cherchent à tirer parti des écarts de prix en achetant un actif à un prix inférieur et en le vendant à un prix plus élevé. Une situation qui a des incidences négatives sur l'image de marque des entreprises de cette filière, qui doivent réagir et expliquer aux consommateurs les raisons de cette hausse.
Les clients peuvent percevoir une entreprise qui ne communique pas dans ce genre de situation comme peu fiable, peu transparente ou indifférente à leurs préoccupations. Cela peut nuire à la crédibilité de l'entreprise, à sa notoriété et à sa position concurrentielle.
Les fabricants ont promis de doubler les capacités de production pour faire face à cette situation. L’Etat doit se montrer intransigeant, ferme et déterminé face à ce phénomène sinon à l’approche de l’hiver, on verra la même situation se reproduire avec les chauffages.
Le climatiseur Midea 12 000 BTU est vendu actuellement à 82 000 DA. Le prix du climatiseur de la marque Brandt 12 000 BTU a atteint les 84 000 DA. Le climatiseur 12 000 BTU de Condor est cédé à 85 000 DA. Les détaillants revoient la balle dans le camp des vendeurs de gros, ce sont eux, disent-ils, «qui contrôlent le marché».
Outre ce phénomène, l’Apoce a mis en garde il y a quelques mois sur les arnaques. Elle a dévoilé en mai dernier les résultats d’une étude comparative de 9 marques les plus répandues sur le marché, qui a montré que seulement trois des marques soumises au test sont conformes aux normes mentionnées réellement sur la carte d’efficacité énergétique (Condor, Iris et Kiowa). Elle a averti contre les autres marques dont la «carte d’efficacité énergétique» n’est pas conforme aux spécificités du climatiseur. Il s’agit, selon l’Apoce, d’une situation de nature à porter préjudice aussi bien à la poche du consommateur qu’au Trésor public.