Le marché de l’automobile d’occasion continue de faire des siennes. En l’absence d’une dynamique dans le secteur de véhicules neufs, ayant pour objectif de soulever la chape de plomb qui pèse sur le secteur automobile en léthargie, le marché de voitures d’occasion s’impose actuellement comme seul maître des lieux.
Le constat est perceptible à travers tous les marchés du pays où le vieux «tacot» se fait pousser des ailes. Dans ces marchés «gris» qui sont seuls garants aujourd’hui pour l’acquisition immédiate de voitures, les transactions dépassent tout entendement, et rien ne semble arrêter ce cycle «infernal» qui s’est emparé d’un marché où la règle de l’offre et de la demande fait cruellement défaut.
Encore pire durant ces dernières semaines où l’annonce du nouveau quota de véhicules neufs pour 2025 n’est pas encore hypothéquée tant que la question du nombre de véhicules à importer et le budget alloué ne sont pas encore tranchés.
Il faut conjuguer cela aux nouvelles dispositions prises dans la loi de finances 2025 concernant l’importation de véhicules de moins de trois ans, les rendant officiellement incessibles (sous certaines réserves) et en filigrane inaccessibles.
Pas que, car l’industrie automobile du pays, censée venir au secours d’un marché caractérisé par une forte demande, n’est qu’à ses premiers balbutiements. Ces trois terrains «vierges» ont laissé place à un marché d’occasion qui plus est exempt de tout contrôle autoritaire, évoluant à des courbes ascendantes et à des équations à plusieurs inconnues.
La situation est exacerbée par le phénomène des revendeurs opportunistes qui profitent de la tension du marché pour réaliser des profits substantiels, sans aucun état d’âme. Ces courtiers ambulants achètent des véhicules à des prix de départ raisonnables pour les revendre ensuite à des prix exorbitants, notamment lorsqu’il s’agit d’un véhicule nouvellement acquis de chez l’un des concessionnaires agréés du pays.
Là encore, les marges bénéficiaires se font plus grosses. A titre illustratif, un utilitaire Doblo acheté chez Fiat Algérie au prix de 2 700 000 DA se négocie dès sa sortie au prix de 3 500 000 DA au marché de l’occasion. Les professionnels du secteur expriment leur inquiétude face à cette situation qui affecte non seulement le pouvoir d’achat des citoyens, mais aussi le secteur de l’automobile dans son ensemble.
Les autorités sont interpellées pour trouver des solutions urgentes, afin de rétablir l’équilibre sur ce marché crucial pour la mobilité et l’économie nationale. Cette crise des véhicules d’occasion en Algérie constitue un exemple criant des défis auxquels sont confrontés les ministères de l’Industrie et du Commerce. La tendance n’est donc pas durablement revenue à la normale. En conséquence des difficultés sur le marché de la voiture neuve, les stocks sont inexistants, et les prix ont de nouveau tendance à augmenter.
Phénomène inflationniste
Là encore, c’est donc l’incertitude sur le marché du véhicule neuf qui devrait impacter positivement celui de l’occasion. La demande est là, mais les automobilistes sont réticents à se tourner vers les voitures censées être importées et que ni les autorités du secteur ni les concessionnaires ne peuvent engager leur responsabilité quant aux délais de livraison.
La reprise de la production de plusieurs usines, l’arrivée de nouveaux constructeurs et le déblocage du processus d’importation de véhicules pourront-ils pousser le citoyen à se détacher brusquement du marché des voitures d’occasion ? Pas si sûr ! Car le marché de l’occasion évolue aux dépens de la disponibilité du neuf qui, disons-le, devra traverser quelques années pour reprendre son état normal.
Quand bien même ce phénomène a occupé le débat public et un battage médiatique à travers la presse nationale, les autorités du secteur n’ont pas encore trouvé de solutions pour réguler ce marché de l’occasion qui semble, à tout point de vue, échapper aux mailles de la réglementation.
Ce qui est sûr, une disponibilité en continu de véhicules neufs et le retour d’une dynamique dans le secteur changeront la donne. Avec un marché en berne depuis 2017, de nombreux intervenants appellent à revenir à l’importation de véhicules.
Par : Aziz Kharoum
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