Manœuvres militaires franco-marocaines prévues en septembre prochain : Alger dénonce une «provocation»

08/03/2025 mis à jour: 01:33
4013
Le président français, Emmanuel Macron et le roi du Maroc, Mohammed VI

L’Algérie hausse le ton ! L’annonce, par certains médias marocains, des manœuvres militaires conjointes entre la France et le Maroc à Er-Rachidia fait immédiatement réagir les autorités algériennes qui dénoncent une «provocation» de plus à l’égard de notre pays. 

En effet, l’ambassadeur de France à Alger, Stéphane Romatet, a été reçu au ministère des Affaires étrangères pour lui demander de transmettre sa protestation à sa hiérarchie. 

Le diplomate français a été reçu, jeudi, par le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, Lounès Magramane, qui a expliqué la position de l’Algérie par rapport à cette opération. «Cette audience a eu pour objectif d’appeler l’attention du diplomate français sur la gravité du projet de manœuvres militaires franco-marocaines, ‘’CHERGUI 2025’’ dont le nom est très évocateur, prévues en septembre prochain, à Er-Rachidia, non loin de la frontière algérienne», lit-on dans un communiqué du ministère. 

Selon la même source, le secrétaire général du ministère «a précisé à son interlocuteur que cet exercice est appréhendé par la partie algérienne comme un acte de provocation à l’égard de l’Algérie». «Il a ajouté qu’un tel acte ne manquera pas d’alimenter la crise qui caractérise à présent les relations algéro-françaises et de porter le climat des tensions entre les deux pays à un seuil supérieur de gravité», prévient Lounès Magramane. 

Dans ce sens, le SG du ministère «a demandé à l’ambassadeur de France d’obtenir les clarifications nécessaires à ce sujet, et a invité ce dernier à transmettre, à sa hiérarchie, la position de l’Algérie telle qu’elle lui a été exprimée». 

Multiplication des facteurs de tension

Selon certains sites marocains, ces manœuvres franco-marocaines «s’inscrivent dans le cadre de la lutte contre le terrorisme au Sahel». Selon les mêmes sources, «des représentants des armées marocaine et française ont déjà tenu plusieurs réunions pour préparer cet exercice militaire qui se déroulera le 22 septembre 2025». «Les deux parties ont convenu de mener ces manœuvres dans les zones d’entraînement à Er-Rachidia. 

Des unités de l’armée de terre et de l’air des deux pays participeront à cet exercice qui vise à promouvoir la coordination opérationnelle et l’échange d’expérience entre les armées française et marocaine», ont rapporté les mêmes sources. Ces exercices, ajoute-t-on, «se dérouleront en deux phases». «La première (CPX – Exercice de leadership et de simulation) sera menée au niveau du centre de commandement. A cette étape, les participants auront droit à des simulations afin d’améliorer leurs capacités de planification et à prendre des décisions. 

Lors de la seconde phase, (LIVEX – Exercices pratiques), ils seront soumis à des cas pratiques dans un environnement réel, ce qui permettra de jauger leur niveau de préparation au combat et de renforcer leur coordination», indique-t-on. Cet exercice militaire en préparation est un nouveau facteur de tension entre Alger et Paris. Les deux pays traversent, depuis l’été 2024, l’une des plus graves crises depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962. 

Cette nouvelle crise est provoquée, particulièrement, par la reconnaissance par le président français, Emmanuel Macron, de «la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental» et l’alignement total de la France sur les thèses marocaines concernant ce dossier de décolonisation, comme le reconnaît l’ONU. 

Les tensions se sont ravivées avec les interventions des différents acteurs de l’extrême droite en France, mais aussi des ministres français de l’Intérieur et des Affaires étrangères, notamment suite à l’arrestation à Alger de l’écrivain, Boualem Sansal. 

La crise s’est aggravée aussi avec l’annonce par les responsables français «des restrictions sur le séjour et la circulation des responsables algériens en France», tout en affichant leur volonté d’aller vers la dénonciation unilatérale de l’accord franco-algérien de 1968 sur l’immigration. 

En réaction, le ministère algérien des Affaires étrangères avait dénoncé «une longue liste des provocations, des intimidations et des menaces dirigées contre l’Algérie». «Celles-ci sont de nul effet sur notre pays qui n’y cédera pas. Toute mesure attentatoire à ses intérêts fera l’objet de mesures réciproques, strictes et immédiates», avait mis en garde l’Algérie. Madjid Makedhi
 

Copyright 2025 . All Rights Reserved.