Malgré la mort, vendredi, de son chef Hassan Nasrallah, dans une frappe israélienne : Le Hezbollah s’engage à poursuivre la résistance

29/09/2024 mis à jour: 04:50
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Le mouvement libanais Hezbollah a confirmé hier la mort de son leader Hassan Nasrallah, tué vendredi dans une frappe israélienne près de Beyrouth. «Sayed Hassan Nasrallah a rejoint ses compagnons martyrs (…) dont il a conduit la marche pendant près de 30 ans», a annoncé un communiqué de la formation pro-iranienne. 

Il a été tué avec d’autres membres du groupe «dans un raid sioniste perfide sur la banlieue sud de Beyrouth», a indiqué un communiqué du Hezbollah, dont la direction «(…) s’engage à poursuivre son djihad (résistance, ndlr) face à l’ennemi, en soutien à Ghaza et à la Palestine, en défense du Liban». 

Un peu plus tard, une source proche du mouvement a annoncé la mort du commandant du front avec Israël dans le sud du Liban, Ali Karaké, dans la frappe israélienne qui a également coûté la vie la veille au chef du Hezbollah. Ali Karaké avait survécu à une frappe le visant plus tôt cette semaine. Selon l’agence officielle iranienne Irna, Abbas Nilforoushan, l’un des adjoints du chef des Gardiens de la révolution iraniens, a aussi été tué dans la frappe.  

A la tête du Hezbollah depuis l’assassinat par Israël en 1992 de son prédécesseur Abbas Moussaoui, Hassan Nasrallah, 64 ans, vit depuis 2006 dans la clandestinité et est apparu rarement en public. Lundi dernier, l’armée israélienne a lancé une campagne de bombardements contre le Hezbollah au Liban, après un an d’échanges de tirs transfrontaliers avec la formation libanaise. Le Hezbollah a ouvert un front contre Tel-Aviv depuis que l’armée d’occupation israélienne a commencé à perpétrer des massacres à Ghaza et en Cisjordanie. 

En tuant Hassan Nasrallah, Israël a «franchi toutes les lignes rouges», a déclaré le Premier ministre irakien, Mohamed Chia Al Soudani. Le mouvement palestinien Hamas, a dénoncé «un acte terroriste lâche». Son assassinat «renforcera notre détermination», ont affirmé les rebelles houthis du Yémen. Pour le premier vice-président iranien, Mohammad Reza Aref, l’élimination du leader du Hezbollah entraînera «la destruction» d’Israël. 

Depuis lundi, les bombardements israéliens au Liban ont fait plus de 700 morts, en majorité des civils, selon le ministère libanais de la Santé. En un an, le nombre de personnes tuées s’élève à plus de 1500, un bilan plus lourd que celui des 33 jours de guerre entre Israël et le Hezbollah en 2006.

Acteur important de «l’axe de résistance» 

Ainsi, dans la foulée de l’invasion israélienne du Liban en 1982, est créé le mouvement Hezbollah. Sa naissance intervient après la révolution iranienne de 1979, en Iran. En parallèle, la gauche décline sur les plans militaire et politique et le Mouvement Amal de Nabih Berri voit sa participation à la résistance affaiblie, car il est un des protagonistes de la guerre civile au Liban. Depuis le milieu des années 1980, le Hezbollah est devenu la principale force de résistance à l’occupation israélienne. A cette époque, la zone occupée par Israël est estimée à 1100 km2, soit la moitié du sud du pays (lire Walid Charara et Marina Da Siva : Le Liban du Sud résiste. In Atlas des conflits. Manière de Voir. Janvier-février 2000. P.P. 58 à 61). La fin de la guerre civile au Liban (1975-1990) et l’entame des négociations de Madrid marquent une nouvelle étape dans le mouvement du Hezbollah. Il s’intègre en effet dans le champ politique du pays et s’ouvre vers d’autres forces politiques.

 Le mot d’ordre «République islamique» a disparu de son programme politique, mais devient la seule faction libanaise à maintenir ses armes, prétextant son rôle de «résistance» armée face à Israël. En 1992, il intègre le Parlement (il a 12 députés en 1992 et 9 députés en 1996 sur 128). Les agressions israéliennes en juillet 1993 et avril 1996 n’ont pas retourné les populations et l’Etat libanais contre le mouvement, objectif visé par Tel-Aviv. En 2006, après l’enlèvement de deux soldats israéliens à la frontière entre les deux pays, Israël lance une vaste offensive dévastatrice. Cette guerre de 33 jours cause la mort de 1200 Libanais, notamment des civils. 

Acteur important de «l’axe de la résistance», regroupant le Hamas palestinien, les Houthis au Yémen et des groupes irakiens, le Hezbollah est devenu au fil du temps un protagoniste incontournable au Moyen-Orient. Il a ainsi suscité l’ire de l’Arabie Saoudite, engagée dans un bras de fer avec l’Iran pour le leadership régional. 

En 2013, deux ans après le déclenchement du conflit syrien, le mouvement a reconnu officiellement son engagent militaire aux côtés de Damas. Au Yémen, il est accusé de soutenir les Houthis, cible d’une offensive d’une coalition menée par Riyad. Il a également reconnu avoir formé les milices du Hachd Al Chaabi en Irak. 

Au Liban, où ses armes continuent de diviser la classe politique, il s’est imposé comme une des forces politiques incontournables, siégeant pour la première fois en 2005 au gouvernement. En 2016, un allié du Hezbollah, le général chrétien Michel Aoun, accède à la présidence. 

En mai 2018, le parti et ses alliés sont sortis politiquement renforcés des premières législatives organisées au Liban depuis près d’une décennie. 

Les Etats-Unis ont placé en 1997 le parti sur leur liste d’organisation «terroriste» et lui imposent, ainsi qu’à ses cadres, des sanctions économiques et bancaires. Depuis 2013, l’Union européenne considère aussi la branche armée du mouvement comme une organisation «terroriste». 

En 2017, plusieurs pays arabes, notamment ceux du Golfe, ont qualifié le parti de «terroriste». L’administration de Donald Trump a renforcé ses sanctions à l’encontre du Hezbollah, ciblant entre autres le fils de Hassan Nasrallah, Jawad, parmi d’autres partisans et proches visés par ces nouvelles mesures punitives. 

Le parti est accusé d’implication dans l’assassinat de l’ancien Premier ministre libanais, Rafiq Hariri, plusieurs membres du parti faisant l’objet d’un mandat d’arrêt du Tribunal spécial pour le Liban (TSL). Accusation rejetée en bloc par le Hezbollah.

 

 

 

Le Liban décrète trois jours de deuil national

Le gouvernement libanais a décrété hier trois jours de deuil national après l'assassinat du chef du Hezbollah dans une frappe israélienne sur la banlieue sud de Beyrouth, fief du mouvement. «Suite au martyre du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui rejoint la liste des personnes tuées par l'agression israélienne perfide contre le Liban, un deuil officiel est décrété», du 30 septembre au 2 octobre inclus, a annoncé le gouvernement dans un communiqué.

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