Maladies cardiovasculaires : Le registre des syndromes coronariens aigus lancé

18/03/2024 mis à jour: 04:56
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Photo : D. R.

Le registre des syndromes coronariens aigus «ST+» de la wilaya d’Alger vient d’être lancé par l’Institut national de santé publique. L’objectif de ce dernier est d’identifier les malades nécessitant une prise en charge urgente, et cela, dans les meilleurs délais.

Cette démarche est d’autant plus importante étant donné que les syndromes coronaires aigus, qui résultent de l’obstruction soudaine d’une artère coronaire qui provoque un angor instable ou une crise cardiaque, sont l’une des premières causes de mortalité dans le monde, ainsi qu’en Algérie. En effet, selon les données de l’INSP, 30% des décès par année sont liés à des maladies cardiovasculaires.

Selon le Pr Djamel-Eddine Nibouche, chef du service de cardiologie à l’hôpital Nafissa Hamoud (ex-Parnet), il est important de connaître les indicateurs d’une maladie pour pouvoir la soigner. «On ne peut pas soigner une maladie sans savoir quelle est son incidence en Algérie, sa gravité, ses causes et comment elle a évolué.

Et dans ce type de maladie, il n’y a que les registres qui peuvent fournir ces réponses. Et en matière d’infarctus, il est important de le faire très rapidement si on souhaite avancer», a-t-il assuré.

De son côté, le Pr Mohamed Chettibi, chef du service cardiologie au CHU de Beni Messous, a affirmé que le problème avec les syndromes coronaires aigus, notamment le ST+, est la fenêtre thérapeutique. «Nous n’avons que quelques heures pour agir.

Plus on agit vite, plus on va gagner des cellules myocardiques et plus on améliorera le pronostic de nos patients à court, moyen et long termes.

Malheureusement, nous avons constaté que le délai de prise en charge des patients était supérieur à 5 heures, alors que théoriquement, il devrait être inférieur à 2 heures après le début des symptômes», a-t-il affirmé.

A cet effet, le Pr Djamel-Eddine Nibouche explique que si le patient n’est pas pris en charge rapidement, les dégâts peuvent être importants. «C’est finalement une course contre la montre», a-t-il assuré. En ce qui concerne ce délai supérieur à 5 heures, celui-ci peut avoir deux facteurs.

Le premier est lié aux patients. Toutefois, il a été constaté que les délais liés aux patients sont quasiment équivalents à ceux des patients européens.

La raison : la douleur est tellement importante et angoissante que le patient est rapidement alerté et va alerter le système de soins. Le second paramètre qui entre en compte est lié au système de soins.

«Le souci se passe donc après l’alerte au système de soins, car on fait face à deux problématiques. Etant donné que le patient va consulter le centre d’urgence le plus proche, il y a parfois un problème de diagnostic, mais il y a surtout un souci de prise en charge thérapeutique», affirme le Pr Chettibi.

Selon lui, il est vrai que notre système de santé est basé sur un réseau de soins unique dans le monde puisque l’on peut accéder à un médecin généraliste assez rapidement et facilement.

«On peut d’ailleurs le constater dans toutes les cartes des villes et wilayas du pays.» Le souci, selon le Pr Chettibi, est que les EPSP et les EPH ne sont pas reliés par un réseau ou une continuité de soins, le tout relié avec les services de cardiologie.

«C’est pourquoi, nous avons surtout décidé, grâce au Professeur Bouamra, de réaliser un registre algérois pour savoir quelle est l’incidence des syndromes coronaires aigus ST+ à Alger», affirme-t-il.

On dénombre à peu près 2,7 millions d’habitants à Alger. Et ce registre va permettre de savoir quelle est l’incidence de ces syndromes coronaires aigus, mais également comment ces patients sont pris en charge.

A noter que ce registre a été élaboré selon des standards internationaux. «Autrement dit, nous n’allons plus faire appel à des fiches volantes remplies par les investigateurs mais plutôt à un système informatisé qui va nous permettre d’avoir des données beaucoup plus fiables et d’auditer les services concernés», explique le Pr Chettibi, sachant que tous les services de cardiologie dans l’Algérois seront impliqués mais également les principaux centres d’urgence. «Je suis heureux que ce registre renaisse de ses cendres.

Il est vrai que cela ne demande pas un savoir-faire important mais plutôt une volonté farouche. Il est important qu’on s’unisse tous ensemble pour qu’on puisse réussir ce registre et permettre à l’Institut national de santé publique de publier, pour la première fois, des chiffres concordants, valables et fiables au sujet de cette maladie et nous informer quant à l’évolution de celle-ci à court, moyen et long termes», a-t-il conclut.
 

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