Lyes Salem. Comédien, scénariste et réalisateur : «Les haines et les colères se sont accumulées depuis les années 70»

05/11/2023 mis à jour: 06:01
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Né à Alger à peine 3 mois avant la guerre du Kippour de 1973, il débute dans le théâtre, puis passe rapidement au cinéma, réalisant plusieurs courts métrages et participant à de nombreux films, entre autres Mascarades et L’Oranais qu’il a écrits et réalisés lui-même, Rock the Casbah ou Abou Leïla de Amine Sidi Boumediene, ou des séries comme Highlander et Oussekine. Il a même joué un petit rôle de garde arabe dans le film de Steven Spielberg, Munich, en 2005. 
 

Propos recueillis par Chawki Amari

 

 

-Des souvenirs de Munich, le film de Spielberg, où vous avez interprété un petit rôle ? 
 

Ce dont je me souviens, c’est que nous tournions à Malte et que Spielberg logeait sur un yacht à 25 km de la côte. Je n’ai plus le film en tête, mais je me souviens qu'il avait reçu des menaces de la partie israélienne qui lui reprochait une critique sur la manière dont les opérations de vengeance ont été menées. De là à voir un lien avec cette insoutenable actualité, peut-être, je ne sais pas. Je ne suis pas sûr. Le film parle de terrorisme, de contre-terrorisme, mais ne s’attarde pas sur les conditions des Palestiniens dépossédés. 
 

-Pourquoi à votre avis ? 

Le film traite d’une époque où l’OLP ciblait ses actions. Avions, athlètes... Bien sûr, c’était considéré comme du terrorisme par la partie adverse (comme tout mouvement de résistance depuis toujours), mais, objectivement, il en ressortait une certaine logique de résistance. L’OPL ne tapait pas aveuglément civils, femmes, enfants. Ils attaquaient pour porter la question palestinienne sur le-devant de la scène. Derrière, le Mossad ne s’attaquait qu’à des figures précises (si mon souvenir est bon) du mouvement palestinien. Avec brutalité parce qu’ils ont toujours tenu à bien affirmer que la force militaire était de leur côté.
 

-Qu’est-ce qui a changé depuis Munich 1972 ?

Aujourd’hui, les bourreaux de chaque côté ont changé de modus operandi, de méthodes. Les islamistes sont prêts à s’attaquer à des populations civiles et des enfants (on a connu ça en Algérie, on sait de quoi ces gens sont capables) et en face, le Likoud et les ultranationalistes détruisent, déplacent et tuent davantage encore et eux aussi sans distinction, pendant que les pays occidentaux sont pétrifiés et n’appellent qu’à de la retenue. Je parle des chancelleries, évidemment, pas des peuples. Mais les époques ne sont pas les mêmes. Les haines et les colères se sont accumulées depuis les années 70. Elles s’expriment de notre temps.

 

Propos recueillis par Chawki Amari


 

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