Le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, plaide pour un traitement global et cohérent des défis sécuritaires en Afrique et plus particulièrement dans la région du Sahel.
Le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ahmed Attaf, a appelé à adopter au niveau africain une nouvelle approche dans la lutte contre le terrorisme, dont la recrudescence constitue une sérieuse menace pour le continent. S’exprimant hier à New York, lors d’une réunion de l’Union africaine (UA) pour la préparation du prochain sommet sur le terrorisme qui se tiendra au début de 2024 au Nigeria, le chef de la diplomatie a estimé qu’aucune stratégie de lutte ne pourrait être efficace si elle ne tient pas compte des aspects socioéconomiques.
La nouvelle approche que propose l’Algérie, a précisé M. Attaf, repose sur ces «deux principes fondamentaux, à savoir le développement et la sécurité». Deux éléments indissociables pour une paix et une stabilité durables.
Tout en rappelant que l’Algérie a déjà appelé à la tenue d’une conférence internationale sur le développement dans la région du Sahel, le ministre des Affaires étrangères a souligné l’importance de revoir l’architecture des missions de paix afin qu’elles puissent contribuer aux efforts de lutte contre le terrorisme. Pour lui, il est nécessaire de concevoir «un nouveau modèle d’opérations de maintien de la paix plus apte à relever les défis imposés par le phénomène du terrorisme».
Lors de son intervention, M. Attaf a également fait état de l’inquiétante résurgence du terrorisme dans la région sahélo-saharienne. «Le terrorisme est devenu la principale menace pour la paix et la sécurité en Afrique, en particulier dans la région du Sahel. Les récents développements ont clairement démontré que même si cette menace a considérablement diminué dans d’autres régions du monde, elle connaît une hausse exponentielle sur notre continent, particulièrement dans la région du Sahel, qui a enregistré le plus grand nombre de victimes l’année dernière et est devenue un foyer mondial du terrorisme», a-t-il affirmé, tout en précisant qu’«en 2022, 43% des morts à cause du terrorisme ont été enregistrés dans cette région».
Défis multiples
Poursuivant son allocution sur la situation sécuritaire préoccupante au Sahel, M. Attaf a relevé le fait que les groupes agissant dans cette région font partie des organisations
terroristes les plus meurtrières au monde. Ces groupes terroristes disposent, a-t-il détaillé, d’armes lourdes, d’équipements sophistiqués et de stratèges très habiles. Tout cela leur a permis de contrôler rapidement de vastes territoires, où ils agissent en tant que détenteurs du pouvoir local.
Le chef de la diplomatie a enchaîné en soulignant le rôle de l’Algérie sur la scène africaine en matière de lutte contre ce fléau transnational. Il a estimé que ce rôle est encore plus important maintenant que «le président Abdelmadjid Tebboune assume la haute mission de coordinateur des efforts continentaux dans la lutte contre le terrorisme, l’extrémisme violent et la prévention de ces fléaux».
Ainsi, le ministre des Affaires étrangères a informé ses homologues des pays africains ayant participé à cette réunion des derniers développements au Sahel. «Le Sahel, confronté à des défis de développement complexes, étant l’une des régions les plus pauvres du monde, est récemment devenu un ‘‘arc de feu’’ qui s’étend de la mer Rouge à l’océan Atlantique.
Une zone qui abrite actuellement le plus grand nombre de foyers de crises, de tensions et de conflits, qui continuent de causer d’insupportables souffrances aux populations civiles», a-t-il relevé, estimant que «face à la situation alarmante, nous pensons que la priorité doit être donnée au traitement de la situation précaire dans la région, qui constitue un terrain fertile à l’expansion de cette menace terroriste».
L’Algérie, qui a une expérience certes douloureuse mais réussie dans la lutte contre le terrorisme, a toujours plaidé pour le traitement de ce fléau de manière globale et cohérente. Outre le terrorisme, le Sahel est confronté à de complexes et multiples défis, comme l’instabilité économique persistante, le chômage, la pauvreté extrême, les changements climatiques, la sécheresse, la désertification et la croissance démographique parmi les plus élevées au monde.