Deux mois après la promulgation par la Banque d’Algérie du montant en devises autorisée à l’exportation durant une année civile, le ministre des Finances vient de lever un coin de voile sur les raisons qui entourent cette décision qui a alimenté toutes sortes de supputations et met en lumière la stratégie qui sous-tend la lutte contre le marché informel de la devise en Algérie.
La presse électronique a rapporté jeudi les réponses du ministre des Finances, il y a quelques jours, à une question écrite du député Ahmed Rebhi. La BA a en effet fixé à 7500 euros ou l’équivalent dans d’autres monnaies étrangères le montant en devises à exporter par les résidents et les non résidents d’Algérie par année civile. Auparavant, la même valeur était autorisée pour un voyage et non durant l’année comme il est stipulé depuis le dernier règlement.
Cette décision, faut-il le souligner, n’a pas été suivie d’explications afin de dissiper le doute qui s’est quelque peu installé dans les esprits. Le ministre des Finances a, selon la même source, présenté les motifs de cette décision. Au-delà de pouvoir exporter ce montant en une seule fois ou répartis en plusieurs voyages à l’étranger durant l’année, il est aussi question de l’obligation de présenter un débit bancaire.
Les Algériens qui voyagent connaissent déjà cette condition. Et le ministre a en effet rappelé que cette mesure était déjà en vigueur avant cette nouvelle mesure. Pour l’obligation de présenter un débit bancaire prouvant que la somme a été retirée d’une banque en Algérie, le ministère a précisé que cette mesure était en vigueur avant la détermination du plafond des devises à exporter par les résidents et non les résidents. Il a rappelé que l’ouverture des comptes devises en Algérie était toujours en vigueur. Ce que contiennent de nouveau les explications du ministre ?
C’est quant il affirme que «cette mesure vise à contrôler la masse monétaire en devises qui circule sur le marché pour l’intégrer dans le circuit bancaire officiel». Et d’ajouter que l’objectif était de «rétablir la confiance des citoyens dans leur système bancaire en leur offrant une alternative moderne qui est l’utilisation des cartes bancaires internationales».
«Tracer les opérations»
Selon lui toujours, «en réalité, les détenteurs de comptes en devises gardent une liberté totale dans l’utilisation de leur argent déposé dans les banques, soit avec des transferts à l’étranger ou le paiement avec les cartes bancaires».
La volonté est-elle ainsi de réduire la sphère informelle de la devise et les activités commerciales qu’elle alimente ? Le ministre affirme qu’avec l’utilisation des cartes bancaires internationales, il est possible de «tracer les opérations» pendant que cela «limite les risques liés au transport des devises en espèces et sécurise les opérations financières».
Pour Laaziz Faid, ce plafonnement vise donc à «moderniser les moyens de paiement et la sécurité des flux financiers, la lutte contre le marché noir des devises et la protection de l’économie nationale». L’objectif sera-t-il atteint et la lutte contre l’informel et la cherté de la devise portera-t-elle ses fruits ? Evoquant par ailleurs les Algériens de l’étranger, il soulignera que cela ne les affecte pas puisqu’ils peuvent importer le montant en devises qu’ils souhaitent.
Ces derniers peuvent en effet aussi ouvrir des comptes en devises en Algérie et peuvent exporter les devises qu’ils ont importées précédemment en présentant le document de déclaration aux Douanes algériennes, selon le ministre.
Ce plafonnement de cette devise à 7500 euros et la mesure qui l’a suivie et portant sur le montant de devises que les Algériens pour avoir en une année, à savoir 750 euros pour adulte et 300 euros pour enfant mineur une fois par an, auront-elles raison au final du marché informel de la devise qui était jusque-là incontournable pour les Algériens désirant voyager à l’étranger ?
La question reste entièrement posée. Il y a lieu de relever enfin que l’euro et le dollar sont repartis à la hausse après une certaine baisse de quelques jours constatée dans le sillage des dernières décisions y afférentes. Pour l’heure, l’impact des décisions citées plus haut se fait attendre.