Lutte contre la cybercriminalité et la cyberintelligence : Afripol fait appel à un leader de solutions de cybersécurité

21/02/2024 mis à jour: 08:12
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Un protocole d’accord de lutte contre la cybercriminalité a été paraphé par le directeur exécutif d’Afripol, Jalel Chelba, et le directeur général du Group-IB, Dmitry Volkov - Photo : D. R.

Afripol a signé, hier à Alger, un protocole d’accord avec le Group-IB, un des principaux fournisseurs de solutions de lutte contre la cybercriminalité et cyberintelligence, partenaire d’Interpol et d’Europol. L’objectif est d’apporter des réponses aux incidences cybernétiques et de permettre de prévenir ces menaces transfrontalières.

Aucun pays au monde n’est à l’abri des actes d’espionnage et de criminalité cybernétique, des armes redoutables utilisées aussi bien par les Etats que par d’autres acteurs privés pour atteindre des objectifs criminels. Ces nouvelles menaces sont prises en compte par les politiques de défense des Etats et de sécurité des institutions internationales, auxquelles des budgets colossaux sont consacrés à ce qu’ils qualifient désormais de «champs de bataille» numérique.

Cela n’est pas le cas pour de nombreux pays africains qui restent très vulnérables en raison du manque de moyens humains et financiers, d’expertise, de technologie, etc. Mais depuis la «cyberattaque massive» qui a mis hors service le data center de l’Union africaine (UA), le 3 mars 2023, l’organisation continentale a pris des mesures pour non seulement protéger sa banque de données mais aussi prévenir les menaces cybernétiques.

C’est dans ce cadre qu’un protocole d’accord en matière de lutte contre la criminalité cybernétique a été signé hier, à Alger, entre Afripol, mécanisme de coopération policière de l’UA, et le Group-IB, un des fournisseurs de solutions de détection et de prévention des cyberattaques, de la fraude en ligne, à la protection de la propriété intellectuelle et aux enquêtes criminelles de haute technologie.

Ce mémorandum a été paraphé par le directeur exécutif d’Afripol, Jalel Chelba, et le directeur général du Group-IB, Dmitry Volkov, lors d’une cérémonie tenue au siège d’Afripol, à Alger, en présence de cadres de cet organisme policier, de la Sûreté nationale et du représentant du Centre africain d’étude et de recherche sur le terrorisme (Caert), Idris Laalali.

Pour Jalel Chelba, cet accord est «un début d’une coopération et collaboration entre le Group-IB et Afripol. Il va donner une grande importance à la cybercriminalité dans le continent africain et permettre d’apporter des réponses aux incidences cybernétiques et de prévenir ces menaces qui transcendent les frontières».

Pour le responsable de Group-IB, Volkov, «nous sommes face à une crise globale de cybercriminalité qui appelle à des réponses globales, en matière de détection, d’expertise, d’investigation». Il avertit que ce phénomène «sera plus grave si nous ne neutralisons pas les réseaux qui sont derrière. Nous travaillons beaucoup sur des systèmes de neutralisation des sources de ces crimes».

Avec Afripol, dit-il, le Group-IB «axe son travail sur la coopération et les échanges d’expertise afin de les rendre effectifs et passer, par la suite, à d’autres niveaux. Il faut savoir qu’il y a plusieurs et différentes menaces. Nous développons des programmes pour y faire face».

Les menaces cybernétiques, ces nouveaux champs de bataille

Sur les systèmes d’espionnage, comme celui développé par NSO (société israélienne), et vendu au Maroc qui l’a utilisé pour espionner de nombreuses personnalités politiques et médiatiques européennes, le responsable affirme que son entreprise «alerte et fournit des informations à ses partenaires sur tous les programmes d’intrusion. Nos partageons nos données avec les Etats et les institutions qui veillent à l’application de la loi».

Revenant sur le partenariat entre Afripol et le Group-IB, Jalel Chelba souligne que ce dernier concerne «l’échange de renseignements et d’informations sur les cybercriminels et leurs réseaux, ainsi que les enquêtes et opérations collaboratives contre la cybercriminalité sur le continent africain (…). L’objectif étant le développement et l’exécution d’initiatives communes axées sur la surveillance des cybermenaces et la prévention des activités d’escroquerie».

Le Group-IB, faut-il le préciser, s’est illustré en avril 2023, par la participation à l’opération «Africa Cyber Surge II», dirigée par Interpol, et à laquelle ont pris part Afripol, des organismes internationaux et nationaux chargés de l’application des lois et les entreprises de cybersécurité du secteur privé. Son objectif était de prévenir, d’atténuer et de perturber les acteurs menaçants sur le continent africain.

Elle a couvert 25 pays africains et s’est soldée par l’arrestation de 14 cybercriminels présumés et à l’identification de plus de 20 000 cyberréseaux suspectés d’être liés à des pertes financières s’élevant à plus de 40 millions de dollars américains.

Selon les informations publiées par le Group-IB, quelque 150 rapports analytiques d’Interpol, fournissant des renseignements et des informations sur les cybermenaces ciblant des pays spécifiques, ont été distribués aux pays participants pour mener des actions d’enquête et de perturbation au cours de l’opération.

Le Group-IB a collecté et partagé, à la demande d’Interpol, dont il est partenaire, plus de 1000 indicateurs tirés des menaces de pointe de l’entreprise liés aux infrastructures malveillantes à travers l’Afrique. Les pays membres d’Interpol en Afrique ont exploité ces informations dans le cadre de plusieurs opérations de démantèlement.

Les experts du Group-IB, indique ce dernier, ont également assisté les forces de l’ordre nationales du continent africain via une série d’ateliers pratiques dédiés à l’analyse de cas réels de cybercriminalité. «Nous avons des opérations dans plus de 60 pays, dont Singapour, les Pays-Bas, les Emirats arabes unis, le Vietnam, l’Argentine, l’Australie, la Turquie, le Brésil, le Canada, le Liban, le Royaume-Uni, les Etats-Unis et bien d’autres.

Ces clients comprennent les 30 plus grandes banques et organisations financières du monde, des sociétés pétrolières et gazières, des fournisseurs de logiciels et de matériel informatique, des fournisseurs de services de télécommunications et des marques de produits de grande consommation.» 

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