La cybercriminalité s’impose aujourd’hui comme une menace croissante, alimentée par l’essor fulgurant des réseaux sociaux et le développement accéléré de l’intelligence artificielle (IA).
Ces plateformes numériques, saturées de publicités ciblées, constituent un terrain propice pour des activités illicites. L’IA, outil aux multiples facettes, est désormais exploitée pour automatiser des attaques, concevoir des arnaques personnalisées et générer massivement des contenus frauduleux. Face à cette évolution technologique, les internautes se retrouvent de plus en plus exposés à divers risques, allant des arnaques sophistiquées par hameçonnage aux deepfakes, en passant par le harcèlement en ligne, le chantage et les attaques par «rançongiciels».
Dans la wilaya de Constantine, ces menaces se traduisent par un bilan alarmant. Les services de sûreté ont traité pas moins de 80 affaires de cybercriminalité en seulement trois mois. Selon un communiqué des mêmes services, «ces efforts visent à protéger les citoyens contre les crimes liés au cyberespace. Ces affaires, principalement des escroqueries et des fraudes, révèlent également des cas d’extorsion et d’incitation via les réseaux sociaux».
Ce constat, bien qu’il souligne les efforts des forces de l’ordre, met en lumière une réalité troublante : le crime migre progressivement vers le monde virtuel. La question qui se pose est de savoir si les moyens disponibles – tant technologiques que juridiques – suffisent pour contrer cette criminalité numérique, particulièrement à l’ère de l’intelligence artificielle. Qu’est-ce qu’il faut faire pour protéger les données personnelles et anticiper les crimes émergents dans cet univers en constante évolution?
Le commerce électronique, un terrain fertile pour les fraudeurs
Le commerce électronique, bien qu’il ait transformé les habitudes de consommation en offrant un accès inédit à une multitude de produits, constitue également une cible privilégiée pour les cybercriminels. Ces derniers exploitent la crédulité des consommateurs en leur proposant des articles contrefaits ou de qualité inférieure à des prix attractifs.
Les risques encourus incluent la réception de produits ne correspondant pas à leur description, endommagés ou même inexistants. Dans la wilaya de Constantine, 166 opérateurs légaux disposent actuellement d’un registre de commerce dans ce secteur, contre 162 en 2023. Selon Sid Ali Merdas, directeur du commerce et de la promotion des exportations, «des contrôles menés sur 72 opérateurs ont révélé deux infractions liées à l’étiquetage des produits». Celui-ci rappelle que la commercialisation sur Internet est soumise aux mêmes exigences que le commerce classique, conformément à la loi 18-05 du 10 mai 2018.
Cette législation encadre divers aspects du commerce électronique, incluant le consommateur, le fournisseur, le mode de paiement et les publicités. Cependant, un déséquilibre persiste entre le nombre croissant de publicités sur les réseaux sociaux et la régulation des opérateurs légaux. Nombre de ces annonces émanent de sources douteuses, où des vendeurs informels sollicitent les clients pour négocier en privé. Ce flou permet aux fraudeurs de proliférer, inondant les plateformes numériques de produits de provenance suspecte. «Toute transaction effectuée sur les réseaux sociaux sans l’obtention préalable d’un registre de commerce est considérée comme illégale», a rappelé avec fermeté M. Merdas.
Mais comment le consommateur peut-il distinguer une activité de commerce électronique légale d’une pratique frauduleuse? Interrogé à ce sujet, notre interlocuteur a précisé que la transparence demeure un critère fondamental. Ainsi, un opérateur conforme aux normes dispose nécessairement d’un site d’hébergement officiel, souvent mentionné sur ses pages Facebook ou Instagram, ce qui garantit une certaine traçabilité de son activité.
Pour renforcer cette régulation, M. Merdas a souligné l’existence d’un dispositif spécifique. Il s’agit d’une brigade dédiée à la surveillance des activités liées au commerce électronique. Cette unité est chargée de vérifier l’origine des marchandises ainsi que leur circulation sur le marché numérique. Bien qu’il n’ait pas détaillé les affaires récemment traitées, il a confirmé que des pratiques frauduleuses ont été mises en lumière et traitées grâce à ce mécanisme.
Ainsi, face à l’ampleur croissante de la cybercriminalité et aux nouveaux défis imposés par le commerce électronique, les services de police de Constantine appellent à une prudence accrue lors des transactions sur Internet et via les réseaux sociaux, et «à ne pas se précipiter pour fournir les informations personnelles, l’identité et les numéros de comptes bancaires ou postaux avant de s’assurer de la source ou de l’entité avec laquelle les citoyens traitent afin d’éviter de tomber victimes d’escroqueries et de fraudes».
La sensibilisation des citoyens, couplée à un encadrement renforcé des activités numériques, apparaît comme une nécessité pour contenir cette criminalité qui s’adapte constamment aux avancées technologiques.