L’Unicef et le HCR alertent sur un désastre humanitaire au Moyen-Orient : «400 000 enfants déplacés au Liban en trois semaines»

16/10/2024 mis à jour: 17:17
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L’organisation d’Antonio Guterres note avec inquiétude que le nombre de déplacés ne cesse de s’accroître comme à Ghaza - Photo : D. R.

Selon l’ONU, «les combats au Liban ont déplacé 1,2 million de personnes de leurs foyers dont 400 000 enfants». Le Directeur général adjoint de l’Unicef pour les actions humanitaires, Ted Chaiban, s’émeut : «Ce qui m’a frappé, c’est que cette guerre n’a que trois semaines et que tant d’enfants ont été touchés.»  

Depuis le 23 septembre, Israël s’est lancé dans une guerre ouverte contre le Liban. Cela fait donc trois semaines que Beyrouth et plusieurs régions du pays, particulièrement au Sud, croule sous un tapis de bombes. L’offensive israélienne a rapidement provoqué une crise humanitaire aiguë caractérisée, notamment, par un afflux massif de déplacés fuyant par centaines de milliers les villages frontaliers du Sud pour trouver refuge au nord du territoire étroit ou bien en Syrie.

Devant cette dégradation vertigineuse des conditions de vie au Liban, les agences onusiennes s’activent pour «répondre aux besoins urgents de la population à la suite de l’escalade du conflit» dans la région, indique Onu-Info. Ainsi, l’Unicef travaille à fournir de l’assistance aux enfants sous forme de «soins de santé primaires, eau et kits d’hygiène, matelas et couvertures», de même que «des services de soutien psychosocial pour répondre aux problèmes de santé mentale des enfants dans les abris».

Des représentants de l’Unicef et du Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies, viennent d’effectuer une visite de trois jours au Liban et ils ont «été témoins de la dévastation et ressenti la peur et le désarroi de la population», relatent-ils dans un communiqué commun. «Pour les Libanais, l’avenir reste incertain tant que leur pays est sous les tirs.

La guerre que le monde voulait éviter au Liban est en train de se produire et a déjà déclenché une catastrophe» relèvent les deux agences. Le document de l’ONU complète : «Les familles vivent dans des conditions périlleuses. Et à mesure que le conflit s’aggrave, le bilan psychologique de la population, en particulier des enfants et des jeunes, s’alourdit. Presque tous les enfants du Liban ont été touchés d’une manière ou d’une autre.» «Nombre d’entre eux ont été victimes de bombardements, ont perdu des êtres chers, leur maison, leur accès à l’éducation et sont confrontés à un avenir incertain dans une pauvreté peut-être encore plus grande», poursuit le document.

«283 000 personnes ont franchi les frontières libano-syriennes»

Selon Onu-Info, «près de 190 000 personnes déplacées (au Liban) sont actuellement hébergées dans plus de 1000 installations, tandis que des centaines de milliers d’autres recherchent la sécurité auprès de leur famille et de leurs amis». Pour l’ONU, «il est urgent d’assurer leur protection, comme le prévoit le droit international humanitaire.

Il s’agit notamment de protéger les écoles, les hôpitaux et les systèmes d’approvisionnement en eau, et de garantir un passage sûr aux civils qui fuient les zones de conflit». «Aucun enfant ne devrait être confronté à l’utilisation aveugle d’armes explosives dans des zones peuplées», insistent les deux organisations des Nations unies dans leur communiqué.

Le HCR fait remarquer de son côté que de plus en plus de Libanais fuient vers la Syrie. Selon le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés, la crise humanitaire est en train de s’aggraver des deux côtés de la frontière syro-libanaise. «Les réfugiés, qui avaient auparavant cherché la sécurité au Liban, sont à nouveau en fuite pour sauver leur vie», a déclaré, lors d’un point de presse régulier de l’ONU à Genève, Rema Jamous Imseis, directrice régionale du HCR pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.

D’après l’ONU, «plus de 283 000 personnes ont déjà franchi les frontières libano-syriennes, dont 70% de Syriens, le reste étant constitué de Libanais et de quelques autres ressortissants de pays tiers, selon un décompte effectué le 12 octobre dernier». La directrice régionale du HCR précise que «parmi les arrivants, plus de 5500 personnes ont été évaluées par nos équipes comme ayant des besoins spécifiques, dont 1300 personnes handicapées et d’autres souffrant de maladies chroniques».

Le HCR, apprend-on, est présent «à cinq points de passage frontaliers (entre le Liban et la Syrie) avec d’autres agences des Nations unies et des partenaires locaux, fournissant de l’eau, de la nourriture, des couvertures et des matelas ainsi que le transport vers les destinations prévues». «Depuis le 23 septembre, plus de 263 000 Libanais et réfugiés ont reçu une aide en espèces», signale Onu-Info.

Et de révéler : «Les Libanais sont principalement hébergés chez des proches ou des familles syriennes généreuses, et un petit nombre d’entre eux dans des centres d’accueil. Il existe actuellement plus de 25 centres d’accueil dans les gouvernorats de Damas, Damas rural, Homs, Hama, Idleb, Tartous et Lattaquié, avec une capacité collective de 10 000 personnes.» Par ailleurs, «de nombreux Syriens retournent dans des endroits qu’ils ont fuis il y a des années, incertains de ce qu’ils y trouveront et avec de maigres ressources.

Lorsque leurs maisons sont détruites, les Syriens sont hébergés par des parents ou des amis, qui sont eux-mêmes en difficulté», note le HCR. «Cet afflux en provenance du Liban intervient dans un contexte de crise humanitaire en Syrie où des millions de personnes sont toujours déplacées et 90% de la population a besoin d’une aide humanitaire», souligne le document de l’ONU.

«25% du territoire soumis à des déplacements forcés»

Devant l’intensification des raids israéliens, beaucoup de Libanais se sont également réfugiés en Irak. «Le HCR note que plus de 11 000 Libanais sont arrivés en Irak depuis l’escalade des hostilités au Liban par divers points, notamment le poste-frontière d’Al Qaim (6925 personnes) et les aéroports de Baghdad et de Najaf», affirme Onu-Info. 

L’organisation d’Antonio Guterres note avec inquiétude que le nombre de déplacés à l’intérieur du territoire libanais ne cesse de s’accroître comme à Ghaza. «Ce lundi 15 octobre, 20 villages du Sud ont reçu l’ordre d’évacuer», indique le même document. Selon l’ONU, «un quart du Liban est désormais sous le coup d’un ordre d’évacuation militaire israélien».

Du fait de ces expropriations forcées, «de nombreuses familles se réfugient dans des espaces publics ouverts, cherchant désespérément à échapper aux bombes, mais peinant à trouver un abri», dit Rema Jamous Imseis. Comme nous le disions, la région la plus touchée par ces déplacements massifs est le Sud-Liban. Dans cette région, «il y a actuellement plus d’un millier d’abris collectifs attribués par le gouvernement, qui accueillent plus de 190 000 personnes», précise le HCR. «Parmi ces sites, 876 ont déjà atteint leur capacité maximale.»

L’Unicef met en garde pour sa part contre le désarroi de ce qu’il appelle «une génération perdue» en parlant de ces enfants et adolescents qui vont être traumatisés par cette guerre dévastatrice qui est en train de ravager le Liban.  D’après des statistiques de l’ONU, «les combats au Liban ont déplacé 1,2 million de personnes de leurs foyers dont 400 000 enfants, la plupart fuyant vers Beyrouth et d’autres régions du nord au cours des trois dernières semaines».

Le Directeur général adjoint de l’Unicef pour les actions humanitaires, Ted Chaiban, a visité des écoles qui ont été transformées en abris. «Ce qui m’a frappé, dit-il, c’est que cette guerre n’a que trois semaines et que tant d’enfants ont été touchés.» «Alors que nous sommes assis ici, 1,2 million d’enfants sont privés d’éducation. Leurs écoles publiques ont été rendues inaccessibles, ont été endommagées par la guerre ou sont utilisées comme refuge.» Et de lancer : «Cette folie doit cesser !»
 

 

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