Longtemps abandonné au sort de la spéculation, le marché des lubrifiants moteur retombe sous le monopole de l’Etat, qui devra assurer une partie de la production locale et la distribution de certains labels internationaux d’huiles, tout en veillant sur leur disponibilité.
Le marché national connaît depuis des mois des pénuries de certains labels de lubrifiants fabriqués à l’étranger. Une pénurie qui s’est répercutée sur les prix, lesquels enregistrent des flambées vertigineuses. C’est dans ce sillage que les autorités du pays ont décidé, en mai 2024, de confier l’importation et la commercialisation des lubrifiants à la compagnie publique Naftal.
Cette dernière assure aujourd’hui une partie de la production, tout en se chargeant de la commercialisation et de l’importation de ces produits qui ne sont pas fabriqués localement. Cette décision écarte le privé national et étranger des opérations d’importation des lubrifiants.
Seule la compagnie nationale Naftal est autorisée aujourd’hui à alimenter le marché national en lubrifiants. Ainsi, la compagnie publique a annoncé dimanche dernier le lancement de la commercialisation des lubrifiants de la marque «Castrol» sur notre marché, à travers ses stations-service et points de vente à travers le pays.
La société a expliqué que les huiles disponibles à travers son réseau comprennent les deux types les plus demandés sur le marché, à savoir le Castrol GTX 10W-40 au prix de 5700 DA et le Castrol EDGE Turbo Diesel 5W-40 tarifé à 8300 DA. Naftal devient ainsi le distributeur officiel de Castrol et impose ses droits sur un marché informel qui a longtemps dominé la scène, jouant sur la disponibilité et les prix sur les produits.
Car, faut-il le souligner, Castrol a connu durant les deux dernières années une forte pénurie de ses produits sur le marché et une hausse exorbitante sur les prix pratiqués. A titre illustratif, un bidon d’huile de 5 litres de cette marque se négociait sur le marché autour de 20 000 da.
Marché en forte croissance
Il faut toutefois mentionner que l’Algérie enregistre une évolution particulièrement positive dans le secteur des lubrifiants moteur, tant sur le segment automobile qu’industriel. Une évolution expliquée par la réduction significative de sa dépendance vis-à-vis des importations. Fruit d’une dynamique de croissance locale, cette percée est fortement stimulée par l’engagement croissant du secteur privé, où plusieurs opérateurs se disputent le marché, à l’image de Total Energie et Petro Baraka.
Ce dernier apporte une plus-value au marché, avec à la clé une manufacture à Biskra qui produit aujourd’hui, avec Naftal, la plus grande partie de la production nationale de lubrifiants. Selon le président de l’Autorité de régulation des hydrocarbures (ARH), Rachid Nadil, de nombreux opérateurs privés se sont positionnés aujourd’hui sur le marché avec des produits compétitifs.
Ces derniers contribuent à répondre à une part importante de la demande nationale, réduisant de manière substantielle la facture d’importation de lubrifiants dans l’objectif d’atteindre l’autosuffisance. Les chiffres disponibles témoignent clairement de cette dynamique positive sur ce segment.
En 2024, la consommation de lubrifiants moteur à atteint 148 000 tonnes, marquant une augmentation de 14% par rapport aux 130 000 tonnes enregistrées en 2023. Une tendance traduite par la hausse du nombre de véhicules en circulation à travers le pays. Il convient de rappeler que les opérateurs intervenant dans ce domaine sont des importateurs spécialisés, convertis en producteurs à la faveur des avantages décidés par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune.
En sus de Petro Baraka et Total Energie, dix autres usines d’huiles de moteur et lubrifiants entreront en production durant l’année 2025. Ces usines, qui se trouvent notamment dans les wilayas de Skikda, Batna, Alger et Oran, sont en cours de réalisation. Elles contribueront, une fois lancées, à satisfaire une demande croissante sur le marché et se départir d’une facture d’importation élevée.