L’orientation écologiste de l’UE compromise ?

11/06/2024 mis à jour: 09:37
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La percée réalisée par les courants nationalistes et d’extrême droite aux élections européennes fait craindre un recul sur l’orientation écologiste de l’Europe. Des analystes interrogés par l’agence Reuters font état d’inquiétudes sur la difficulté «d’adopter de nouvelles lois vertes, même si celles existantes ne seront pas compromises». 

Le nouveau Parlement européen pourrait, selon ces analystes, bloquer certaines mesures futures avec un accent plus prononcé en faveur de la sécurité et de l’industrie. Même si la majorité a été remportée par les partis centristes, les gains pour les partis de droite et d’extrême droite représentent un frein au programme de politiques environnementales du «Green Deal» de l’UE. Les mesures climatiques de l’UE au cours des cinq prochaines années dépendront de la nouvelle Commission européenne, devant proposer les lois, mais l’aval du Parlement européen nouvellement élu aura son mot à dire. 

 «Je ne pense pas que nous allons revenir sur les politiques climatiques. Mais je pense qu’il sera plus compliqué de mettre en place de nouvelles politiques», déclare, à Reuters, Bas Eickhout, président du groupe des députés Verts au Parlement européen. Des conséquences sont ainsi à attendre sur le prochain objectif climatique de l’UE à l’horizon 2040 pour une ambitieuse réduction à 90% des émissions, devant mener le Vieux Continent vers l’objectif de zéro émission nette d’ici 2050. L’aval du nouveau Parlement de l’UE est nécessaire pour passer cette loi, et la Commission européenne aura probablement du mal à introduire de nouvelles politiques pour pousser les industries vers cet objectif. Le secteur agricole est directement concerné par les anciennes orientations de ladite commission, mais la montée des contestations des agriculteurs et la hausse des prix alimentaires, avec la nouvelle composante du Parlement européen vont très certainement annuler toute initiative de réduction des émissions de ce secteur. 

Pour rappel, l’UE a adopté depuis ces cinq dernières années une batterie de mesures visant à favoriser les énergies renouvelables avec un régime renforcé de tarification du carbone dans les secteurs de l’électricité et de l’industrie. L’UE est, pour rappel, l’un des continents les plus pollueurs en raison de son grand essor industriel. Les mesures climatiques ont eu pour effet de réduire les émissions de l’UE de près d’un tiers avec des installations d’énergies éolienne et solaire de plus en plus nombreuses. Tout récemment, l’UE a adopté la loi visant la limitation des importations de gaz à forte émission de méthane. Une mesure qui visait à faire pression sur les industries gazières et les pays fournisseurs de gaz. 

Le Green Deal européen visait même d’interdire l’utilisation de véhicules à essence et diesel à l’horizon 2035. Les partis de droite européens ont basé leur campagne électorale sur l’abandon de certaines mesures du Green Deal. Une clause de révision du Green Deal est prévue d’ici 2026, et le nouveau Parlement pourrait imposer une nouvelle orientation. La Première ministre italienne, Georgia Meloni, avait qualifié d’ailleurs ce virage écologique de «folie idéologique, qui doit absolument être corrigée». 

La droite européenne a basé son discours électoral sur les questions de l’immigration, les difficultés économiques et les industries européennes en difficulté. Pas moins de 1000 milliards d’euros doivent être investis chaque année afin de réaliser l’objectif climatique à l’horizon 2030, estime la Banque européenne d’investissement.
 

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